
La mer Noire comme espace littéraire et culturel (3). Ruines (anciennes et modernes) et mobilités (Constanţa, Roumanie)
Contenu / Contents: Aspects pratiques / Practicalities - Argumentaire / Conceptual outline - Frais de participation & Options de publication / Participation fees & Publication options - Comités / Committees
Les intervenant·e·s sont invité·e·s à soumettre des propositions en lien avec les axes proposés en anglais ou en français. Chaque présentation disposera de 20 minutes, suivies de 10 minutes de discussion. Les propositions de communication devront comporter environ 2 500 caractères et être accompagnées d’une bibliographie de 5 à 7 références sélectionnées, en lien avec le contenu du texte. Les propositions en français doivent être envoyées à l’adresse lamernoire25@gmail.com, avec copie (cc) à : monicavlad@yahoo.fr et ligia.tudurachi@gmail.com. Les propositions en anglais doivent être envoyées à l’adresse lamernoire25@gmail.com, avec copie (cc) à : alina.p.buzatu@gmail.com, yljuckanov@ilit.bas.bg et bela_tsipuria@iliauni.edu.ge.
Date limite pour l’envoi des propositions : 10 juillet 2025. Notification d’acceptation ou de refus : 1er septembre 2025
Les intervenant·e·s accepté·e·s seront invité·e·s à soumettre une version longue de leur intervention (5 000 à 7 000 caractères) dans l’autre langue (les interventions en anglais devront être accompagnées d’un résumé étendu en français, et inversement) avant le 15 novembre, afin de faciliter la communication et de renforcer la cohésion pendant la conférence.
Prospective speakers are invited to submit proposals addressing the conference concept (see below) in English or French. Each speaker will be assigned 20 minutes, and extra 10 minutes for discussion. Paper proposals should be approximately 2500 characters long and should be accompanied by a list of 5 to 7 selected references relevant to the content of the proposal. Paper proposals in French have to be sent to lamernoire25@gmail.com and as open copy (cc) to: monicavlad@yahoo.fr and ligia.tudurachi@gmail.com . Paper proposals in English have to be sent to lamernoire25@gmail.com and as open copy (cc) to: alina.p.buzatu@gmail.com, yljuckanov@ilit.bas.bg and bela_tsipuria@iliauni.edu.ge .
Deadline for paper proposals: 10 July 2025. Notification of acceptance/non-acceptance: 1 September 2025
Accepted speakers will be invited to submit a longer version of their presentation (5,000 to 7,000 characters) in the other language (presentations in English must be accompanied by an extended summary in French, and vice versa) by November 15, in order to facilitate communication and strengthen cohesion during the conference.
Argumentaire
Les ruines sont indissociables des habitats, qui le sont à leur tour des (types d’) expériences d’un territoire (et d’un territoire maritime). Les ruines marquent les extrémités et les points médians d’habitats créés par les rivières, les puits, les étangs, les limans, les péninsules et les chaînes de montagnes côtières (d’une part) et la nature sauvage au-delà, sur terre comme en mer (d’autre part). Pourraient-elles ancrer des discours qui ne sont ni élégiaques ni apocalyptiques mais redomesticants ? Ou bien la redomestication n’est-elle qu’une activité tacite (extra-littéraire) ? Où se situe la frontière entre redomestication et oubli ?
L’auto-exaltation ovidienne (cf. McGowan 2009 : 86, 166) à un point final imaginé (cf. Knox, éd., 2009 : 179, 459-461 ; « Une profonde tradition poétique reliait les passages de la mer Noire au monde au-delà et à la limite ultime tracée par Okeanos. » (Gagné 2021 : 243, notre trad.)), l’éloignement, à la manière de l’Ecclésiaste, de tout point (comme l’implique l’exo-pictogramme de la région comme un arc scythe, cf. Dan 2013), et la migration/oscillation mithridatique entre des points médians relativement modestes (« L’autorité royale n’était pas concentrée en un seul endroit mais distribuée entre un certain nombre de résidences royales […] », Mitchel 2002 : 59, notre trad.) semblent être trois archétypes culturels puissants dans la région.
L’archétype de l’auto-exaltation à un seuil quelconque a été repris dans de nombreuses œuvres littéraires, dont certaines, voire beaucoup, reflétaient, c’est-à-dire répétaient à l’envers, le devenir de l’habitus ovidiaque : des écrivains de l’arrière-pays « barbare » s’approchaient de l’immense « fenêtre »/« porte » du littoral. La distance semble avoir été très rarement évoquée ; des œuvres phares de la littérature moderniste bulgare et de la littérature postmoderniste géorgienne, Sur l’île des Bienheureux de Pentcho Slaveikov et Santa Esperansa d’Aka Mortchiladzé, qui commençaient déjà à retenir l’attention des chercheurs anglophones, semblent la raviver. Pouvons-nous accorder plus d’attention au troisième archétype ?
Les déplacements saisonniers entre une ville (non située sur le littoral), une station balnéaire, une station de montagne ou de loisirs non situées sur le littoral et un village de l'arrière-pays liant aux ancêtres et à une parcelle d’activité agricole (mi-loisirs, mi-nécessité économique), peuvent être considérés comme une variante de la fin du XXe siècle de l’oscillation « mithridatique » mentionnée. Malgré cela, leur logique interne semble résider dans le changement de type de(d’) (micro-)habitat (selon deux axes : urbanisé-rural, et montagne-plaine-mer), et non dans la surveillance ou la réaffirmation d’une souveraineté sur un territoire ou un macro-habitat. Ils caractérisaient la vie de nombreux citoyens anonymes de pays en modernisation accélérée comme la Bulgarie, la Roumanie et la Géorgie soviétique, mais aussi la vie d’écrivains célèbres – comme Andreï Belyi dans ses années tardives, par exemple (voir Magarotto 1985 : 388-391 ; Frison 2021).
Les ruines pourraient-elles avoir été un point de convergence pour des individus des deux groupes (destinés à rester anonymes et destinés à devenir célèbres, « consommateurs » et « (re)créateurs ») au-delà du tourisme et au-delà des mythologies individuelles/individualistes des artistes ? Pouvons-nous aller au-delà du couplage apparemment improvisé de la mobilité royale dans le royaume du Pont, et ce, avec l’élite et les non-élites de la fin de l’époque moderne ? La transhumance (déplacement saisonnier des éleveurs avec leur bétail) est-elle la seule forme de mobilité observée dans la région à représenter le point de « départ » et le point d’« arrivée » de la typologie potentielle ?
Pour commencer, les voyages des écrivains célèbres ont été plus proches de l’archétype royal plutôt que de ceux des « gens ordinaires » de la fin de l’époque moderne. Belyi, mentionné plus haut, se trouvant hors de ses lieux de résidence particulièrement russes, peut être considéré, rétrospectivement, comme visitant les territoires de ses conquêtes ou domaines symboliques en tant qu’écrivain, rencontrant des écrivains locaux, imitant (apparemment ou effectivement) son style et louant ses œuvres. Une recherche récente sur le déplacement symbolique et physique (Finnin 2022) a démontré le pouvoir de la littérature artistique à dédomestiquer et redomestiquer, à revendiquer et à reconquérir les ruines, et notamment les « ruines en devenir » – des sites désolés qui ne sont pas nécessairement destinés à être démolis, mais à être inhabités après avoir été transformées en musées. Il est à noter que la (re)revendication peut venir d’un tiers, ni de celui qui déplace, ni de celui qui est déplacé, mais au nom de ce dernier. Pouvons-nous dépasser le cas de la Crimée (avec son point focal, la Fontaine des Larmes à Bakhtchissaraï) et discerner d’autres drames de (dé-, re-)domestication de ruines, potentielles ou rénovées, dans la région ?
Une option moins dramatique est présentée par l’ancienne citadelle de Sinope, dont le donjon s’est transformé en prison permanente proprement dite au fil des siècles. Intra-muros mais en dehors de la prison, elle a été temporairement complétée par un hôtel (démoli pour ouvrir un espace public en bord de mer), puis évacuée définitivement pour entrer dans un long processus de restauration avec l’intention d’être transformée en site touristique (Özveren 2022). Au cours de l’été 2024, avant que le lieu ne soit officiellement inauguré, il a accueilli l’« International Ancient Sinop Symposium : le monde de Mithridate le Grand » pour les archéologues et les historiens de l’Antiquité, accompagné d’une exposition intitulée « Mithridate à travers les âges ». Les participants ont été les premiers à l’utiliser, alors qu’il sentait encore la peinture fraîche, et ont bénéficié d’une visite guidée des installations (communication privée). Peut-être devrions-nous ici nous interroger sur ce qui transforme un bâtiment en ruine : un délabrement et une désintégration visibles ou un changement de fonction qui ne masque pas la fonction précédente, ni ne l’admet, ni ne la reconnaît, ni ne la respecte.
Pour relier les sous-thèmes des ruines et les types d’expérience d’un territoire : se pourrait-il que le troisième type implique, face aux ruines, une attitude moins pathétique que le premier et plus engagée que le second ?
L’objectif général du colloque « La mer Noire comme espace littéraire et culturel (3). Ruines (anciennes et modernes) et mobilités » est de réunir la problématique des vestiges (ruines) et celle des types d’expérience d’un territoire donné par les mobilités corporelles, symboliques et imaginaires.
Dans ce contexte, nous proposons de nous concentrer sur un sous-type particulier du troisième type de mobilité décrit ci-dessus (oscillation entre des points médians relativement modestes), à savoir le tourisme (et, plus particulièrement encore, le tourisme balnéaire).
S’il y a toute une bibliographie qui a comme objet la ruine, exploitant ses valences littéraires, esthétiques, historiques ou archéologiques, il manque jusqu’à présent une réflexion systématique sur la ruine dans les contextes de loisir : une discussion appliquée sur les modes dans lesquels les pratiques historiques de loisir ont produit une ruine et sur la manière dont on exploite, dans l’organisation des vacances, une ruine existante.
L’objectif particulier du colloque est de réunir la problématique des vestiges et celle des plages dans une démarche qui se propose, de manière complémentaire, une connaissance spécifique de la mer Noire comme espace d’un tourisme qui a (ou pourrait avoir) comme objet (secondaire) la ruine : un tourisme qui ne cherche pas uniquement le divertissement et le repos. La forme ancienne de nomadisme, spécifique à ces endroits (populations multiples, mélangées, superposées tout au long de l’histoire) se voit remplacer à l’époque moderne, grâce à la démocratisation des vacances, par un nomadisme différent, justifié par le loisir. Les populations installées sur ces territoires depuis l’Antiquité avaient bâti un monde matériel et culturel que les « nomades » modernes consomment comme vestiges. Si l’on ne va pas à la Mer Noire afin de voir les ruines qu’elle offre, on les y découvre, une fois qu’on y est, et on est obligé de définir une manière de s’y rapporter : des ruines sur la plage, des ruines sous-aquatiques, des villes antiques englouties par les eaux ou « banalisées » architecturalement (Histria, Tomis, Callatis, Dioscurias, Apollonia/Sozopolis, Messembria) ; des îles disparues (Ada-Kaleh) ou mystérieuses (Insula Șerpilor [Île des Serpents]/St Achilles/Leuke), ou revandiquant des reliques sacrées (comme celle de Saint Ivan depuis 2010) ; des épaves, des navires fantômes (en 2017, un grand projet archéologique, l’expédition Black Sea Maritime Archaeology Project, avait découvert, à 1800 mètres de profondeur, un spectaculaire cimetière d’une soixantaine d’épaves datant des époques byzantine et ottomane).
Le tourisme des ruines est, en quelque sorte, un tourisme adjacent, qui inclut la ruine dans un programme de vacances déjà existant, de plage et de bain, de plongées et de musées. Le paradoxe des ruines, toujours désertes, sur lesquelles il n’y a jamais ni vivants, ni morts, c’est que « le rapport auquel leur pauvreté et leur superbe nous condamne est celui d’une extériorité définitive » (Scott, 2019 : 21). On les regarde, dans ce cas, comme des paysages, dans un encadrement « paysagiste », car c’est effectivement une absorption dans le paysage qu’elles avaient subie, et c’est un retour de la culture à la nature qu’elles nous proposent (Simmel, 1958).
Mais ce tourisme marin « de ruine » se découvre également et toujours une dimension politique. Il se présente aussi comme un tourisme de mémoire, car il y a, dans ces cas, une volonté de se souvenir, qui coexiste avec les forces de l’oubli. La dimension politique des ruines se niche justement dans cette tension entre mémoire et oubli (Ricoeur, 2000). S’il existe depuis au moins les Renaissances médiévales, une catégorie de personnes qui, face aux ruines, adoptent une attitude de pure volonté de savoir (Momigliano, 1983), et si la patrimonialisation des ruines classiques peut laisser aujourd’hui l’impression d’une dépolitisation de cette compréhension, il y a un autre type de ruine dont la visite/contemplation ne peut pas se dispenser de l’affirmation d’une identité politique ou de l’opposition à une autre. Ce sont les ruines qui mémorisent les horreurs de la guerre et des régimes politiques : celles qui deviennent des monuments de malheurs. À part la Turquie, tous les autres pays bordant la mer Noire -, l’Ukraine, la Roumanie, la Bulgarie, la Géorgie, la Moldavie, la Russie – ont connu un régime totalitaire. Si ces régimes n’ont pas fonctionné tout à fait selon une « loi des ruines » (comme le projet utopique qu’Albert Speer avait proposé à Hitler, en élaborant les plans architecturaux de Berlin avec des monuments destinés à devenir des ruines millénaires (voir Stead 2003 : 51)), on retrouve, dans tous ces pays, de grandes structures architecturales, du même type, aujourd’hui toutes abandonnées : des camps d’adolescents et d’enfants, surtout (en Roumanie : Năvodari, 2 Mai, Costinești), mais aussi des réseaux hôteliers et de restauration, reflétant d’une manière unique le programme vacancier de l’époque. Il y a une « administration » qui gère ces ruines dans tous ces pays, et qui les gère comme objets politiques aussi (elle peut décider de les conserver/restaurer ou de les détruire) ; mais il y a aussi une imagination qui les investit en tant que telles (car, comme le disait Ricoeur, la mémoire a besoin de l’imagination pour former le souvenir).
Les bords de la mer Noire se présentent, en effet, comme un tableau complexe, qui superpose les ruines les plus diverses : ruines antiques, ruines médiévales, ruines de guerres, ruines communistes, ruines industrielles, ruines contemporaines. Parler, dans ce cas, de « régimes de ruines », liés à un espace unique, nous permettrait de problématiser d’une manière complexe cet objet, et de lui apporter, par sa connexion avec les pratiques de loisir, de nouvelles significations.
Notre appel s’adresse aussi bien aux spécialistes de littérature qu’aux historiens, historiens de l’art, sociologues, linguistes, anthropologues culturels, géographes humains et archéologues. Une discussion qui engage les représentations picturales/les archives photographiques serait également vivement encouragée.
Axes de recherche proposés :
- ruines contemporaines (bâtiments abandonnés avant leur finalisation)
- ruines industrielles (portuaires et autres)
- ruines communistes (camps d’enfants et d’adolescents)
- ruines médiévales
- ruines antiques (routes, théâtres, tombes, vestiges)
- ruines de l’entre-deux guerres (casinos, villas, industrie spécifique de divertissement)
- ruines sous-marines (épaves, navires fantômes, villes englouties, îles disparues)
- ruines invisibles (on sait qu’elles existent, elles son attestées, mais elles ne sont pas visibles)
Questionnements transversaux :
- problématique de l’exil (auto-exil dans son modèle « fondateur » ovidien) : comment contribue-t-il à la configuration contemporaine d’une ruine ?
- le problème de l’auto-éloignement d’un territoire au nom de la construction de son image généralisée : comment cette posture et cette quête ont-elles affecté les monuments construits par l’homme le long des côtes de la mer Noire et dans leur arrière-pays proche ?
- comment les migrations saisonnières ont-elles façonné la perception et le traitement des monuments construits par l’homme, leur ruine et leur rénovation ?
- qu’est-ce qu’habiter les ruines de la mer Noire ?
- comment les ruines traversent-elles les différents types de discours ?
- comment les différents types d’expérience d’un territoire (et d’un territoire maritime) vivent-ils les ruines ?
Références et bibliographie préliminaire :
Athane Adrahane, Des lucioles et des ruines. Quatre récits pour un réveil écologique (Paris : Le Pommier/ Humensis, 2024).
Albrecht Burkardt, Jérôme Grévy (dir.), Ruines politiques (Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2024), https://books.openedition.org/pur/194258?lang=fr.
Anca Dan, “The Black Sea as a Scythian bow”, in Exploring the Hospitable Sea: Proceedings of the International Workshop on the Black Sea in Antiquity held in Thessaloniki, 21–23 September 2012, ed. by Manolis Manoledakis (Oxford: Archaeopress, 2013), pp. 39-58.
Rorry Finnin, Stalin’s Crimean Atrocity and the Poetics of Solidarity (Toronto–Buffalo–London: University of Toronto Press, 2022).
Anita Frison, “Depicting the Landscape. Andrej Belyj’s A Wind from the Caucasus and Armenia”, Studi Slavistici, vol. 16 (2019), no. 2, pp. 55-75.
László Földényi, Les espaces de la mort vivante. Kafka, De Chirico et les autres, traduit du hongrois par Natalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zarumba (Belval : Circé, 2023).
Renaud Gagné, Cosmography and the idea of Hyperborea in Ancient Greece: a philology of worlds (Cambridge: Cambridge UP).
Peter E. Knox, ed., A Companion to Ovid (Chichester: Blackwell, 2009).
Luigi Magarotto, “Andrey Bely in Georgia: Seven Letters from A. Bely to T. Tabidze” The Slavonic and East European Review, vol. 63 (1985), no. 3, pp. 388-416.
William Marx, Poétique des ruines, épisode 5/10, 23 decembrie 2023, https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-cours-du-college-de-france/poetique-des-ruines-6752044.
Matthew McGowan, Ovid in Exile: Power and Poetic Redress in the Tristia and Epistulae ex Ponto (Leiden–Boston: Brill, 2009).
Stephen Mitchel, “In search of the Pontic community in antiquity”, in Representations of empire: Rome and the Mediterranean world, ed. by Alan K. Bowman, Hannah M. Cotton, Martin Goodman & Simon Price (Oxford; New York: Oxford UP; British Academy), 2002, pp. 35-64.
Arnaldo Momigliano, « L’histoire ancienne et l’Antiquaire », in id., Problèmes d’historiographie ancienne et moderne (Paris, Gallimard : 1983), p. 244-293.
Eyüp Özveren, “Unearthing the native town of Diogenes in Nazlı Eray’s fiction: Sinop as gateway of a different kind to the Black Sea world?”, Transponticae, vol. 1 (2022)[, no. 4], pp. 507-576.
Harsha Ram, “Andrej Belyj and Georgia: Georgian Modernism and the ‘Peripheral’ Reception of the Petersburg Text”, Russian Literature, vol. 58 (2005), pp. 243-276.
Paul Ricoeur, La mémoire, l’histoire, l’oubli, Paris, Seuil, 2000.
Georg Simmel, « The Ruin », in The Hudson Review, vol. 11 (1958), no. 3 (Autumn), pp. 371-385, https://www.lma.lv/uploads/news/3653/files/simmel-the-ruin.pdf.
Diane Scott, Ruine. Invention d’un objet critique, Paris, Les Prairies Ordinaires, 2019.
Naomi Stead, “The Value of Ruins: Allegories of Destruction in Benjamin and Speer”, Form/Work: An Interdisciplinary Journal of the Built Environment, no. 6 (October 2003), pp. 51-64.
Conceptual outline
Ruins are inseparable from habitats from (types of) experiencing a territory (and aquatory). Ruins mark the outer edges and midpoints of habitats brought about by rivers, wells, ponds, limans, peninsulas and coastal mountain ranges (on the one hand) and a wilderness beyond, on land and at sea alike (on the other hand). May they anchor discourses that are neither elegiac nor apocalyptic but re-domesticating? Or re-domestication takes place as a tacit (extra-literary) activity only? Where is the boundary between re-domestication and oblivion?
Ovidiac self-extolment (cf. McGowan 2009: 86, 166) at a conceived endpoint (cf. Knox, ed., 2009: 179, 459-461; “A deep poetic tradition linked the Black Sea passages to the world beyond and the ultimate limit traced by Okeanos.” (Gagné 2021: 243)), Ecclesiast-like aloofness from any point (as implied by the exo-pictogramme of the region as a Scythian bow, cf. Dan 2013), and Mithridatic migration/oscillation between relatively modest mid-points (“Regal authority was not focused in one place but distributed between a number of royal residences […]”, Mitchel 2002: 59) seem to be three powerful cultural archetypes in the area.
The archetype of self-extolment at a threshold has been replayed in numerous literary works, some or even many of which mirrored, that is, repeated-on-the-reverse, the becoming of the Ovidiac habitus: writers from the ‘barbaric’ hinterland came up to the enormous ‘window’/‘door’ of the seashore. Aloofness seems to have been recalled very rarely; landmark pieces of Bulgarian modernist and of Georgian postmodernist literature, On the Isle of the Blessed by Pencho Slaveikov and Santa Esperansa by Aka Morchiladze, which already started receiving attention from Anglophone scholarship, seem to revive it. May we pay more attention to the third one?
Seasonal movements between a(n inland) city, a maritime resort, a mountain or recreational inland resort, and a hinterland village linking to ancestors and to a plot for agricultural activity (half-leisure, half-out-of-economic-necessity) may be considered a late twentieth-century variant of the mentioned ‘Mithridatic’ oscillation. Despite that their internal logic seems to be the change of type of (micro)habitat (along two axes: urbanised – rural, and mountain – plain – sea), and not the monitoring of, or re-asserting a sovereignty over, a territory or macro-habitat. They characterised the life of many anonymous citizens of countries under accelerated modernisation like Bulgaria, Romania and Soviet Georgia, but also of famous writers – like Andrei Belyi of his late years, for example (see Magarotto 1985: 388-391; Frison 2021).
May ruins have been a focal point for individuals from both groups (destined-to-remain-anonymous and destined-to-become-famous, ‘consumers’ and ‘(re)creators’) beyond sightseeing and beyond individual(ist) mythologies of artists? May we go beyond the seemingly improvised pairing of royal mobility in the Kingdom of Pontos with the elites and non-elites of the late modern period? Is transhumance (seasonal movement of pastoralists with their livestock) the only form of mobility observed in the region that can serve as both the ‘starting point’ and the ‘end point’ of the proposed typology?
To begin with, the travels of famous writers were closer to the royal archetype than to those of the “ordinary people” of the late modern period. The aforementioned Belyi, when outside his particularly Russian places of residence, can be seen, in retrospect, as visiting the territories of his symbolical conquests or domains as a writer, meeting local writers (apparently or indeed) emulating his style and praising his works. A recent research on symbolic and physical displacement (Finnin 2022) has demonstrated the power of artistic literature to de-domesticate and re-domesticate, claim and re-claim ruins and especially ‘ruins-in-the-making’ – desolate sites not necessarily to be demolished but be un-inhabited through turning them to museums. It is noteworthy that (re)claiming might come from a third party, neither from the displacing nor from the displaced one, yet on the behalf of the latter. May we move beyond the Crimean case (with its focal point, the Fountain of Tears in Bakhchysarai) and discern other dramas of (un-, re-)domestication of ruins – actual, potential or renovated – in the region?
A less dramatic option displays the old citadel of Sinope, the dungeon of which developed into a permanent prison proper over the centuries. Intramuros but outside the prison, it was temporarily complemented by a hotel (demolished to open a public space by the sea) and later evacuated for good to enter a long process of restoration with the intention of being transformed into a touristic site (Özveren 2022). In the summer of 2024, before the place was officially inaugurated, it hosted the “International Ancient Sinop Symposium: The World of Mithridates the Great” for archaeologists and ancient historians, accompanied by an exhibition titled “Mithridates through the ages”. The participants were the first to use it while it was still smelling fresh paint and given a tour of the facility (private communication). Maybe here we should question ourselves what turns a building into a ruin – visible dilapidation and disintegration or a change of function that neither hides the previous function nor admits/recognises/respects it.
To relink the subtopics of ruins and types of experiencing a territory: may it be that the third type implies an attitude to ruins that is less pathetic than the first type and more engaged than the second type?
The general objective of the conference "The Black Sea as a Literary and Cultural Space (3): Ruins (Ancient and Modern) and Mobilities" is to bring together the issue of remnants (ruins) with that of the different types of experiences of a territory through bodily, symbolic, and imaginary mobilities.
Against this context, we suggest focussing on one particular kind of the third type of mobility charted above (oscillation between relatively modest mid-points) - namely, tourism (and, even more particularly, seaside tourism).
While there is a whole bibliography on the subject of ruins, exploring its literary, aesthetic, historical or archaeological valences, what has been lacking until now is a systematic reflection on ruins in leisure contexts: an applied discussion on the ways in which historical leisure practices have produced ruin and on the way in which existing ruins are exploited in the organisation of holidays.
The specific aim of the conference is to bring together the issue of ruins and that of beaches in an approach that seeks, in a complementary way, a specific understanding of the Black Sea as a space of tourism that has (or could have) the ruin as a (secondary) object: a tourism that is not just about entertainment and rest. The ancient form of nomadism, specific to these places (multiple, mixed, superimposed populations throughout history), has been replaced in modern times, once holidays have been democratised, by a different kind of nomadism, justified by leisure. The populations that had settled in these territories since Antiquity had built up a material and cultural world, which modern ‘nomads’ consume as relics. If you don’t go to the Black Sea to see the ruins it has to offer, you discover them once you are there, and you are obliged to define a way of relating to them. These are ruins on the beach, underwater ruins, sunken or architecturally ‘commoditised’ ancient cities (Histria, Tomis, Callatis, Dioscurias, Apollonia/Sozopolis, Messembria); islands that have disappeared (Ada-Kaleh), are mysterious (Insula Șerpilor [Snake Island]/St Achilles/Leuke) or claim holy relics (as the one of St. Ivan since 2010); shipwrecks, ghost ships (in 2017, a major archaeological project, the Black Sea Maritime Archaeology Project expedition, discovered, at a depth of 1,800 metres, a spectacular cemetery of some sixty shipwrecks dating from Byzantine and Ottoman times).
The tourism of ruins is a kind of adjacent tourism, one that includes the ruin in an already existing holiday programme of beaches and baths, diving and museums. The paradox of ruins, which are always deserted and on which there are never any living or dead people, is that “the relationship to which their poverty and superbness condemn us is that of a definitive exteriority” (Scott 2019: 21). In this case, we look at them as landscapes, in a ‘landscape’ framework, because it is effectively an absorption into the landscape that they had undergone, and thus a return of culture to nature (Simmel, 1958).
But this ‘ruin’ marine tourism also – and always – has a political dimension. It is also a tourism of memory, because in these cases there is a desire to remember that coexists with the forces of forgetting. The political dimension of ruins lies precisely in this tension between remembering and forgetting (Ricoeur 2000). If, at least since the medieval Renaissances, there has been a category of people who, when confronted with ruins, adopt an attitude of pure desire to know (Momigliano 1983), and if the patrimonialisation of classical ruins may today give the impression of a depoliticisedness of this attitude, there is another type of ruin whose visit/contemplation cannot dispense with the affirmation of a political identity or opposition to another. It is the ruins that memorialise the horrors of war and political regimes: those that become monuments to misfortune. Apart from Turkey, all the other countries bordering the Black Sea – Ukraine, Romania, Bulgaria, Georgia, Moldavia, Russia– have experienced totalitarian regimes. While these regimes did not operate entirely according to a “law of ruins” (like the utopian project that Albert Speer proposed to Hitler, when he drew up the architectural plans for Berlin with monuments destined to become ruins for thousands of years (see Stead 2003: 51)), there are large architectural structures of the same type in all these countries, all of which have now been abandoned. Such are camps for teenagers and children, above all (in Romania: Năvodari, 2 Mai, Costinești), but also hotel and restaurant networks, reflecting in a unique way the holiday programme of the time. There is an ‘administration’ that manages these ruins in all these countries, and manages them as a political object too (it can decide to conserve/restore them or destroy them); but there is also an imagination that invests them as such (because, as Ricoeur said, memory needs imagination to form remembrance).
The shores of the Black Sea present a complex picture, superimposing the most diverse ruins: ancient ruins, medieval ruins, war ruins, communist ruins, industrial ruins and contemporary ruins. To speak in this case of “regimes of ruins”, linked to the same place, would allow us to problematise this object in a complex way, and to give it new meanings through its connection with leisure practices.
Our call is equally open to literary scholars, historians, art historians, sociologists, linguists, cultural anthropologists, human geographers and archaeologists. A discussion that involves pictorial representations/photographic archives would be warmly encouraged.
Proposed axes of inquiry:
- contemporary ruins (buildings abandoned before completion)
- industrial ruins (ports and other)
- communist ruins (children’s and teenagers’ camps)
- medieval ruins
- ancient ruins (roads, theatres, tombs, remains)
- interwar ruins (casinos, villas, specific entertainment industry)
- underwater ruins (shipwrecks, ghost ships, sunken cities, vanished islands)
- invisible groins (we know they exist, they are documented, but they are not visible)
Cross-cutting issues:
- The problem of exile (self-exile in its Ovidian “founding” model): how does it contribute to the contemporary configuration of a ruin?
- The problem of self-estrangement from a territory for the sake of constructing its generalised image: how have such stance and pursuit affected manmade landmarks along the Black Sea coasts and their near hinterlands?
- How has seasonal migration shaped perception and handling of manmade landmarks, their ruinisation and their renovation?
- What does it mean to inhabit the ruins of the Black Sea?
- How do ruins intersect with different types of discourse?
- How do different types of experience of a territory (and of a maritime territory) engage with ruins?
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Frais de participation :
40 euros pour les doctorants
80 euros pour les chercheurs confirmés
Les frais couvrent les pauses café, les matériaux de la conférence ainsi que le dîner convivial du 21 novembre.
Les participant·e·s sont invité·e·s à prendre en charge leurs frais de séjour et de déplacement.
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Options de publication :
Les articles issus des communications pourront être publiés dans Transponticae (https://sites.google.com/view/transponticae/home), revue et collection consacrée aux études sur la mer Noire, ou bien dans Analele Universității Ovidius, seria Filologie :
https://litere.univ-ovidius.ro/Anale/annals_english.php
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Participation fees:
40 euros for PhD students
80 euros for established researchers
The fees cover coffee breaks, conference materials, and the convivial dinner on November 21.
Participants are kindly asked to cover their own accommodation and travel expenses.
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Publication options:
Articles based on the presentations may be published in Transponticae (https://sites.google.com/view/transponticae/home), a journal and series dedicated to Black Sea studies, or in Analele Universității Ovidius, seria Filologie: https://litere.univ-ovidius.ro/Anale/annals_english.php
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Comités :
Comité d’organisation : Monica Vlad, Alina Buzatu, Ioana Șandru, Ligia Tudurachi, Liliana Burlacu, Yordan Lyutskanov, Bela Tsipuria, Mădălina Stoica, Cristina Rogojină, Malinka Velinova
Comité scientifique : Nino ABAKELIA, Université d’État Ilia, Tbilissi, Géorgie ; Gerardo ACERENZA, Université de Trente, Italie ; Cyril ASLANOV, Université Aix-Marseille / CNRS / Institut universitaire de France ; Khatuna BERIDZE, Université d’État Chota Roustaveli de Batoumi, Géorgie ; Alina BUZATU, Université Ovidius de Constanța, Roumanie ; S. Peter COWE, UCLA (Université de Californie à Los Angeles), États-Unis ; Anca DAN, CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), France ; Gérard DEDEYAN, Université Paul-Valéry de Montpellier, France ; Mzago DOKHTURISHVILI, Université d’État Ilia, Tbilissi, Géorgie ; Ileana Neli EIBEN, Université de l’Ouest de Timișoara, Roumanie ; Marine GIORGADZE, Université d’État Chota Roustaveli de Batoumi, Géorgie ; Adrian LĂCĂTUȘ, Université Transilvania, Brasov ; Luca LO BASSO, Université de Gênes, Italie ; Yordan LYUTSKANOV, Institut de la Littérature, Académie Bulgare des Sciences ; Ramona MALITA, Université de l’Ouest de Timișoara, Roumanie ; Atinati MAMATSASHVILI, Institut de Littérature Comparée, Université d’État Ilia, Tbilissi, Géorgie ; Ioana MANEA, Université Ovidius de Constanța, Roumanie ; Ioana MARCU, Université de l’Ouest de Timișoara, Roumanie ; Angelo MITCHIEVICI, Université Ovidius de Constanța, Roumanie ; Alexis NUSELOVICI, Université Aix-Marseille, France ; Eyüp ÖZVEREN, Université Technique d’Ankara, Turquie ; Nino PIRTSKHALAVA, Université d’État Ilia, Tbilissi, Géorgie ; Alex G PAPADOPOULOS, Université DePaul, Chicago, États-Unis ; Irma RATIANI, Institut Chota Roustaveli de Littérature géorgienne de Géorgie ; Rustam SHUKUROV, Institut D’études Byzantines, Académie autrichienne des sciences, Vienne ; Eleni SIDERI, Université de Macédoine, Thessalonique, Grèce ; Bela TSIPURIA, Université d’État Ilia, Tbilissi, Géorgie ; Ligia TUDURACHI, Institut Sextil Pușcariu de l’Académie Roumaine (Cluj-Napoca) ; Monica VLAD, Université Ovidius de Constanța, Roumanie ; Ludmila ZBANT, Université d’État de Moldavie, République de Moldavie.
Sources des images: Ivan Aïvazovski, Tempête en mer, 1850 (Galerie nationale d'Arménie, https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Буря_на_море_Айвазовский.jpg) ; Graffito en Constanța (photo de Roxana Doncu, archives personnelles)