
Si les tragédies latines de Sénèque sont aujourd’hui une composante (relativement) familière de notre paysage théâtral et culturel, tel ne fut pas toujours le cas. Référence majeure des humanistes de la Renaissance, elles font les frais, à partir du XVIIIe siècle, d’une profonde mutation du canon antique et du philhellénisme triomphant. Éclipsées par la tragédie grecque et frappées de discrédit, elles sombrent progressivement dans l’oubli. Il faut attendre l’entre-deux guerres pour que ce théâtre réintègre le panthéon des classiques, et la fin des années 1960 pour le voir à nouveau mis en scène, célébré dès lors pour sa puissance de transgression éthique et dramaturgique. Dans Le monstre apprivoisé. Les tragédies de Sénèque en Europe (1730-1969), Sylvie Humbert-Mougin retrace à l’échelle européenne le long et complexe processus d’acclimatation d’un corpus durablement disqualifié, en l'envisagean dans ses différentes modalités concrètes : traductions, mises en scène, discours critique. L’analyse des implications esthétiques et politiques de la mise au ban comme de la réhabilitation de Sénèque le tragique éclaire d’un nouveau jour l’histoire de la fabrique de l’antique. Fabula donne à lire l'introduction de l'ouvrage…
Rappelons le compte rendu donné dans Acta fabula de l'essai d'Alessandra Zanobi, Seneca’s Tragedies and the Aesthetics of Pantomime par Maxime Pierre : "Sénèque et la pantomime : le spectaculaire retrouvé ?" et la nouvelle traduction de Phèdre par Frédéric Boyer (Actes Sud), qu'on peut aborder par une vidéo de présentation…
Paraissent dans le même temps deux nouvelles éditions d'essais du dramaturge philosophe : De la clémence, suivi de Vie de Néron de Suétone aux éditions Rivages, et L'art d'apaiser la colère (Mille & Une nuits).