Lorsque nous pensons à Phèdre, d’emblée s’impose à notre esprit l’image d’une fureur tragique, qui dévaste tout sur son passage. C’est oublier deux éléments : d’une part, la liberté dont use Phèdre quand elle s’oppose à l’autorité masculine, faisant d’elle une héroïne contemporaine capable de questionner les rapports de désir et de domination actuels ; et d’autre part, la puissance des passions qui aveuglent aussi bien Thésée qu’Hippolyte, conduisant tous les personnages dans le cercle infernal d’une violence indomptable.
En adaptant la version de Sénèque avec audace et poésie, Frédéric Boyer parvient à rendre dans une langue française contemporaine la vigueur de ce texte, qui résonne alors étrangement avec nos propres tourments. Comme si l’histoire de cette tragédie était d’abord celle de notre parole, celle que nous taisons, que nous refusons d’entendre, et qui soudain fait irruption sur la scène.