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Les savoirs précaires dans la littérature, le cinéma et les arts du spectacle québécois et subsaharien : traumatismes, guérison et renaissance (Univ. polytechnique de San Pédro, Côte d’Ivoire)

Les savoirs précaires dans la littérature, le cinéma et les arts du spectacle québécois et subsaharien : traumatismes, guérison et renaissance (Univ. polytechnique de San Pédro, Côte d’Ivoire)

Publié le par Marc Escola (Source : Lydia Bauer)

« Les savoirs précaires dans la littérature, le cinéma et les arts du spectacle québécois et subsaharien : traumatismes, guérison et renaissance »

Colloque international et pluridisciplinaire

Du 10 au 14 février 2026 à l’Université polytechnique de San Pédro (Côte d’Ivoire)

Le colloque porte sur tous les savoirs ignorés, remis en question, refoulés et souvent dévalorisés comme traditionnels, que nous dénommons, en reprenant le terme de Martin Mulsow (2018), « les savoirs précaires ». Sous cette désignation, l’historien réunit les savoirs refoulés de la nomenclature des savoirs établis dans l’Europe moderne et qui étaient propagés en secret et il constate que « l’histoire des savoirs précaires n’est pas encore finie » (Mulsow 2018 : 403). Ce colloque répond à ce desideratum, notamment en interrogeant le rôle de la littérature et des arts dans la circulation de ces savoirs à travers le Québec et les pays africains francophones subsahariens. Ces savoirs étaient la plupart du temps des solutions durables visant le bien-être et l’équilibre des personnes notamment du point de vue de la santé physique et psychologique mais aussi de l’harmonie et de l’ordre au sein des sociétés.

La colonisation a laissé de nombreuses sociétés démunies de leurs cultures, leurs histoires, leurs langues, leurs religions et leurs systèmes et formes de savoirs (Fanon 1952, Césaire 2004). Ce hiatus dans leurs histoires constitue une blessure, un point de rupture, une disharmonie que les savoirs précaires peuvent aider à guérir, à harmoniser. Ainsi, la confrontation avec les savoirs traditionnels pourrait contribuer, que ce soit en Afrique ou en Occident, au processus de guérison des communautés détachées de leurs origines et de leurs traditions, dans un contexte postcolonial ou migratoire (Grinberg 1986 ; Clément, Nathan 2005). Cette confrontation peut également manifester la richesse que les savoirs précaires apportent à la société mondiale en proposant des solutions alternatives aux problèmes actuels. 

L’objectif de ce colloque international et pluridisciplinaire est d’analyser à quel point les littératures et les arts peuvent fonctionner en tant qu’archives pour conserver, transmettre et même revitaliser ces formes de savoirs. Les communications s’appliqueront à analyser, interpréter la représentation des savoirs précaires dans la littérature, le cinéma et les arts du spectacle québécois et subsaharien. Que ce soit la mise en œuvre d’un retour à des pratiques ancestrales délaissées, comme dans le roman Manikanetish : Petite Marguerite (Fontaine 2017) ou que ce soit la transcription de contes initiatiques, comme c’est le cas pour les Contes initiatiques peuls (Bâ 1994) ou encore pour la mise en scène de la compréhension du monde informel qui interpénètre le monde formel dans Les anneaux du serpent(Touré Aboubacar 1986), la littérature des savoirs précaires exerce toujours une certaine fascination sur le public dû certainement au fait qu’elle nourrit son imagination en même temps qu’elle concerne sa vie de tous les jours, en donnant des réponses à des questions existentielles ; ces réponses que l’on ne trouve pas dans les manuels. Dans les œuvres de Claude Balogoun, d’Ahmadou Kourouma, de Ken Bugul, de Ignace Yèchénou : les savoirs précaires affolent l’imaginaire littéraire québécois et subsaharien. Pensons au rituel performé par la sorcière du Journal d'un hobo (Richard 1965) qui tente de réintégrer le personnage intersexué au sein de la famille ou à l’intégration de la fonction thérapeutique du djingo dans la pièce Les mains veulent dire (Liking 1987) ou encore à la complainte traditionnelle, rituel funèbre et véritable thérapie de groupe qui inspire la pièce Le bal de Ndinga (U'Tamsi 1987). 

Si les savoirs précaires sont bien présents dans la littérature et le théâtre, pour le cinéma il s’agira d’explorer les savoirs liés aux coutumes et pratiques culturelles transmises, par exemple, dans les films Wend Kuni (Buud Yam, 1983), Finyè(Cissé, 1982), Tilai et La Colère des dieux (Ouédraogo, 1990, 2003), Moolaadé (Sembène, 2004), Djeli (Kramo-Lanciné, 1981), Astres (Roussel, 2019). Notre analyse s’intéressera aussi aux travaux des cinéastes de la nouvelle génération tels que le Franco-sénégalais Alain Gomis, la Burkinabé Appoline Traoré, et le Québécois Luc Picard sur la problématique de la transmission des savoirs précaires dans un monde dominé et balloté entre tradition et modernité, raisons et légendes.

Littéraires, spécialistes du cinéma, du théâtre et de la recherche-créative, médecins, artistes, philosophes, psychologues, sociologues sont invités à soumettre des propositions en relation avec les savoirs précaires dans la littérature, le cinéma et les arts du spectacle québécois et subsaharien (titre provisoire, résumé de 230 mots, l’institution de rattachement, brève notice biblio-biographique de 150 mots) d’ici le 4 août 2025.

Contact :

adelaidekiss2007@gmail.com

lydbauer@uni-potsdam.de

La langue utilisée durant cette rencontre est le français.

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Ouvrages de référence

Césaire, Aimé (2004), Discours sur le colonialisme. Discours sur la négritude, Paris, Présence africaine.

Clément, Catherine et Nathan, Tobie (2005), Le divan et le grigri, Paris, Odile Jacob.

Fanon, Frantz (1952), Peau noire, masques blancs, Paris, Éditions du Seuil.

Grinberg, Léon et Rebecca (1986), Psychanalyse du migrant et de l’exilé, traduit par Mireille Ndaye Ba, Yvette et Claude Legrand, Lyon, Césura Lyon.          

Mulsow, Martin (2018), Savoirs précaires : Pour une autre histoire des idées à l’époque moderne, Paris, MSH.

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Membres du comité scientifique

Prof. Dr. Simon Harel, Université de Montréal

PD Dr. Lydia Bauer, Université de Potsdam

Prof. Dr. Méké Méïté, Université polytechnique de San Pédro

Prof. Dr. Alain Joseph Sissao, Université de Ouagadougou, Burkina Faso 

Dr. Adélaïde Bakissia Sérifou, Université Félix Houphouët-Boigny 

Dr. Romain Dédjinnaki Hounzandji, Université d’Abomey-Calavi

Samuele Ellena, Université de Montréal

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Nous remercions le Fonds de Recherche du Québec et l’Agence Universitaire de la Francophonie de rendre ce colloque possible.