
Le quatre-vingtième anniversaire de la "Série noire", la collection criminelle des éditions Gallimard, offre à la revue Critique l’occasion de revenir sur l’emprise d’un genre littéraire populaire qui a essaimé bien au-delà de ses frontières états-uniennes d’origine, très vite conquis le cinéma – avant les séries télévisées et la bande dessinée – et gagné des lettres de noblesse institutionnelles. Supervisé par Marc Cerisuelo et Benoît Tadié, et d'ores et déjà accessible en ligne via Cairn, Frontières du noir, titre choisi en hommage à Eric Ambler, se propose d’explorer en priorité les domaines français, américain et britannique (et une excursion japonaise) en privilégiant tout d’abord le pas de côté : vers Charles Dickens ou Francis Carco, Michael Curtiz ou François Truffaut. Le noir s’étend dès lors sans se diluer, et permet de penser à nouveaux frais les enjeux d’une permanence d’un genre pensé comme un recours, plus inquiétant qu’apaisant, aux angoisses du temps.