
Primo Basso (1926-2010)
Journée d’études du centenaire
(Nancy / Pont-à-Mousson : 19 mars 2026)
Date de tombée : 31 octobre 2025
A : Université de Lorraine
A l’occasion du centenaire de la naissance de Primo Basso (1926-2010), l’université de Lorraine (LIS) et l’association Primo Basso, une vie en écriture, organisent une journée d’études en partenariat avec la ville de Pont-à-Mousson, qui se tiendra le 19 mars 2026 à l’Université de Lorraine (Nancy) et aux Prémontrés (Pont-à-Mousson).
Comité d’organisation :
Marcelle Basso, comédienne et metteuse en scène
Gilles Losseroy, enseignant chercheur et metteur en scène
Primo Basso est né à Pont-à-Mousson de parents immigrés italiens fuyant le régime fasciste. Pendant la guerre, il côtoie les soldats américains auprès de qui il fait ses premières armes de traducteur. Après des études de philosophie et d’anglais, il enseigne en classes préparatoires au lycée Poincaré à Nancy, tout en développant une œuvre littéraire protéiforme. Grand voyageur, il arpente le bassin méditerranéen et le monde anglo-saxon (Angleterre, Etats-Unis et surtout Irlande).
Romancier, dramaturge, traducteur, conteur et auteur de nouvelles, il laisse derrière lui une œuvre qui se nourrit autant de ses origines italiennes que de son goût pour les voyages, et qui se charge des grandes convulsions du XXè siècle : guerres (P. Basso est signataire de l’appel de Stockholm), immigration, colonialisme, ségrégation et s’interroge sur le récit à travers différentes expériences formelles, du roman au conte.
La prise en compte du réel chez Basso se fait l’écho de la crise du récit des années 1950-1970 et passe par l’exploration de formes nouvelles qui multiplient les points de vue et repoussent les limites de la narration au profit d’un véritable chant polyphonique (L’O di Giotto, Robert Morel, 1972) d’une grande vivacité qui fait songer au réalisme magique sud-américain. Il interroge également la frontière entre les genres comme dans Shamrock Blues (Robert Laffont, 1983) qui concourut pour le prix Goncourt et dont l’écriture baroque met en abyme le théâtre dans le roman pour évoquer la rencontre d’un jeune auteur irlandais et d’une troupe de théâtre, alors que l’embrasement de l’Irlande du Nord est imminent.
La guerre sous toutes ses formes est une préoccupation centrale de l’œuvre de Basso, et le conflit algérien n’y échappe pas, vu sous un angle distancié dans La fontaine rouge (inédit, à paraître aux éditions Gérard Louis) qui s’inspire d’un fait divers de 1970. Basso transpose les faits en roman d’apprentissage montrant la guerre d’Algérie vue par un lycéen mussipontain.
Son dernier récit publié date de 1991 et relate un épisode douloureux de sa vie : la perte d’une fille de 26 ans, qui se suicide en 1982 dans des circonstances particulièrement violentes dont il tirera un récit dépouillé porté par une écriture clinique : La découvaison (Mare Nostrum, 1991).
D’une sensibilité proche de Dario Fo, nourri de Commedia dell’Arte, Basso est aussi un dramaturge fécond, auteur d’une vingtaine de pièces éditées. Plusieurs ont été radiodiffusées dans les années 1960-1970 comme Le roi des morts, Il est venu dîner, La corrida publiées en 1977 par le très engagé Pierre-Jean Oswald. Mais c’est un ton claudélien qui domine l’une de ses plus belles réussites théâtrales : Les doigts de la ville (Impregraph, Nancy, 1969), inspirée de travaux d’historien, qui dénonce, à travers la lèpre médiévale, le sort fait aux victimes de la vindicte religieuse. « Les ghettos, les pogroms, et les recours à la violence concertée ou aveugle qu’ils entrainent sont de tous les temps, et si particulièrement du nôtre que nous courons le terrible risque de nous y accoutumer et de les accepter » précise la « note de l’auteur ». Portée par la mise en scène de Michel Dufour, la pièce connaîtra une tournée nationale avec la Comédie de Lorraine en 1969.
Conteur, Basso le fut dans ses écrits avec entre autres le très voltairien Du Frioul en Sicile avec l’ange Serafino. C’est aussi au jeune public qu’il destina ses contes dont certains furent publiés en recueils (Le caillou d’Anatole, éditions Serpenoise, 1981) puis adaptés en pièces de théâtre pour la jeunesse. Il alla souvent à la rencontre des enfants, dans les classes et à la télévision avec Primo Basso Raconte sur FR3 Nancy, de 1984 à 1986.
Passionné de littérature américaine, il présente au public français Richard Nelson : Entre l’Est et l’Ouest (Between East and West, Presses Universitaires de Lorraine, 1989), l’histoire d’un couple d’immigrés tchèques à New-York, et Sam Shepard de qui il a traduit plusieurs pièces, dont L’enfant enfoui (Buried Child, Presses Universitaires de Lorraine, 1982), créé en 1986 par la Comédie de Lorraine sous la direction de Daniel Romand.
La journée d’études qui lui sera consacrée se propose d’explorer les différentes facettes d’une œuvre fraternelle et engagée qui reste encore à découvrir pour sa partie romanesque. L’immigration, l’injustice sociale, la violence, le colonialisme, l’exclusion, le bouleversement de l’amour, le merveilleux, l’humour et la tendresse constante, traversent cette écriture qui aime à multiplier les registres. C’est cette force vitale sans cesse en mouvement que souhaite remettre en lumière cette journée, selon les axes suivants :
-Pacifisme et rébellion
-Immigration réussie / immigration ratée
-Satire sociale
-Traduction
-Réception
-Roman d’apprentissage
-Autofiction
-Guerres et récit
-Théâtre et récit
-Genres littéraires (Théâtre, roman, contes, nouvelles)
-Crise du récit
-Lettres françaises : Existe-t-il une « Ecole de Nancy » du roman ? (P. Basso, P. Claudel, M. Jung, N. Mathieu, V. Despentes…).
Les propositions de contribution, rédigées en français et ne dépassant pas les 5000 signes, sont à adresser avant le 31 octobre 2025 à