
Les arts croisés autour de l’eau – entre l’Orient et l’Occident
English version below
L’eau, élément omniprésent et fondamental, traverse l’histoire de la pensée, de la science et de l’art, nourrissant l’imaginaire humain depuis des millénaires. Elle est la matière première du vivant, le symbole du temps qui s’écoule, le reflet du désir et de la mémoire, l’incarnation de la pureté autant que de la menace. À travers ce projet, nous vous invitons à explorer les mille facettes de l’eau en rédigeant un court texte littéraire sous forme d’essai ou poème d’une demi-page maximum. L’objectif est de créer une œuvre brève mais évocatrice, s’inscrivant dans une longue tradition où l’eau, sous toutes ses formes, devient le prétexte à une réflexion poétique ou narrative.
En Orient, et particulièrement dans la pensée chinoise, l’eau est l’un des cinq éléments fondamentaux (Wu Xing) et symbolise la souplesse, l’adaptabilité et la profondeur intuitive. Dans le Tao Tö King de Lao Tseu, l’eau est un modèle de sagesse : elle suit son cours sans résistance, épouse la forme des choses et triomphe par la douceur plutôt que par la force. En Orient, l’eau est souvent utilisée comme une métaphore de la vertu. D’après Lao Tseu : la bonté suprême est comme l’eau ; une grande vertu porte toutes choses. Cette vision s’oppose à celle, plus occidentale, d’une nature à dominer et à transformer. L’eau, en Occident, a longtemps été perçue comme un élément à canaliser, à maîtriser à travers des ouvrages hydrauliques et des digues, là où l’Orient la célèbre souvent dans son état brut, comme une leçon de patience et d’harmonie.
Dans les traditions hindoues et bouddhistes, l’eau est un purificateur essentiel. Les ablutions dans le Gange, fleuve sacré de l’Inde, témoignent d’un rapport intime entre l’eau et le sacré : se baigner dans ses eaux, c’est laver ses péchés et renouer avec le divin. En Islam aussi, l’eau est au cœur des rites de purification (wudu, ablutions avant la prière), rappelant son rôle fondamental dans l’équilibre du corps et de l’âme. Le christianisme, quant à lui, fait de l’eau le symbole du baptême, une renaissance spirituelle qui marque l’entrée dans la foi. De la même manière, dans la tradition gréco-romaine, l’eau des sources et des fontaines était consacrée aux dieux, utilisée pour les rites et les prophéties.
L’Occident a souvent cherché à maîtriser l’eau, à la plier aux besoins humains. Dès l’Antiquité, les Romains construisent d’immenses aqueducs pour alimenter leurs villes, tandis que la Révolution industrielle voit la multiplication des barrages et des réseaux d’irrigation sophistiqués. L’eau devient un moteur du progrès, un enjeu économique et énergétique central.
En Orient, la relation avec l’eau repose davantage sur l’adaptation. En Asie du Sud-Est, les rizières en terrasses témoignent d’une agriculture qui épouse les reliefs au lieu de les contraindre. De même, les maisons sur pilotis au Vietnam ou en Indonésie traduisent une cohabitation avec l’eau, où l’humain s’intègre au cycle naturel plutôt que de l’altérer.
Que vous soyez poète dans l’âme, amateur d’écriture ou simplement inspiré par les mystères de l’eau, ce projet est pour vous ! Nous vous invitons à créer un texte bref — poème, essai poétique ou forme libre — qui explore les multiples visages de l’eau : sa beauté, sa force, sa symbolique ou ses métamorphoses. Votre texte ne devra pas dépasser une demi-page (maximum 1600 caractères, espaces compris).
Toutes les formes sont les bienvenues, y compris les créations graphiques comme les calligrammes ou les textes calligraphiés.
Le projet est ouvert à toutes et tous, partout dans le monde. Les étudiants seront mis à l’honneur. Vous pouvez écrire dans la langue de votre choix, à condition d’y joindre une traduction française que vous aurez réalisée vous-même.
Laissez l’eau vous inspirer, laissez-la couler entre vos mots. À vos plumes !
Les contributions sélectionnées inspireront des participants à des ateliers artistiques qui les mettront en peinture et seront affichées avec elles (contributions littéraires et sa peinture associée) lors d’une exposition qui aura lieu à Clermont-Ferrand pendant le colloque international « Vie Aquatique » (23-25 septembre 2025) ayant lieu à l’Université Clermont Auvergne.
L’appel à contribution est ouvert dès maintenant jusqu’au 15 juillet 2025.
Nous attendons vos propositions avec joie. Elles sont à transmettre à l’adresse : vieaquatique1506@gmail.com
Comité d’organisation : Léa Contamine (GEOLAB), Ruike Han (CELIS), Anais Tahri (GEOLAB) & Alexandre Mora (CELIS/University of St Andrews).
Nous proposons plusieurs axes de réflexion pour orienter vos inspirations et sont loin d’être exhaustifs :
1. L’eau, entre vie, technologie et chaos
L’eau, omniprésente et plurielle, est à la fois source de vie, objet de fascination, puissance destructrice et enjeu technologique. Elle abrite un monde subaquatique foisonnant, peuplé d’organismes visibles et invisibles, et de formes de vie microscopiques. La littérature peut-elle rendre compte de cette complexité, donner voix à une méduse, un poisson ou un corail, et traduire les interactions silencieuses de ces écosystèmes fragiles ? Ressource précieuse, l’eau est aussi au cœur des défis techniques : depuis les aqueducs antiques jusqu’aux projets de dessalement et d’exploration spatiale, elle incarne la tension entre nature et artifice. Peut-on imaginer un futur où elle manque cruellement, ou bien une ère nouvelle alimentée par son abondance maîtrisée ? Pourtant, cette force vitale peut se muer en fléau : crues, tsunamis, tempêtes, fonte des glaces… L’eau détruit autant qu’elle nourrit. Elle dépasse l’humain, le confronte à sa propre vulnérabilité. Comment écrire cette ambivalence, exprimer à la fois la beauté et la violence de l’eau, ressource essentielle, force créatrice et destructrice, mystère profond et enjeu crucial pour l’avenir ?
2. L’eau, entre errance et silence : géographie d’un lien universel
L’eau, dans sa dualité mouvante et stagnante, incarne à la fois le voyage et l’immobilité, le changement et la contemplation. Elle coule, s’évapore, ruisselle ou reste figée dans les eaux dormantes, symbolisant tour à tour la fuite du temps, l’élan du renouveau ou le poids du silence. Les rivières tracent des chemins à travers les paysages, sculptent la terre, transportent souvenirs, rêves et secrets, tandis que les marécages, les fontaines immobiles ou les douves figent le regard et éveillent des imaginaires teintés de mystère ou de mélancolie. L’eau relie autant qu’elle sépare : elle trace des frontières géographiques – entre continents, entre cultures – mais elle est aussi vectrice de rencontres, comme en témoignent les grandes routes maritimes qui ont relié l’Orient et l’Occident, portant avec elles des flux de biens, d’idées, de croyances. L’eau est un bien commun, un espace partagé par-delà les appartenances, révélant dans ses mouvements comme dans ses silences la diversité des rapports humains au monde, entre maîtrise, abandon et rêverie.
3. L’eau, la philosophie et les sciences humaines et sociales : réflexions sur un élément insaisissable
L’eau inspire depuis toujours les penseurs : Héraclite et son célèbre aphorisme « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve », Lao Tseu et la souplesse du Tao comparable à l’eau… Elle est paradoxale : douce et violente, vitale et destructrice, pure et souillée. Elle interroge le rapport entre l’humain et le cosmos, entre la matière et l’esprit. Peut-on faire de l’eau un support de méditation poétique, un espace où se cristallise une pensée existentielle ? Comment traduire cette dualité en écriture ? Quel regard poétique ou philosophique poser sur cet élément insaisissable ?
4. L’eau et la mémoire : portes d’un passé englouti
L’eau conserve et transporte les souvenirs. Les larmes portent le poids des émotions, les fleuves charriant des histoires anciennes, la mer renfermant des vestiges de civilisations disparues et gardent les épaves des bateaux, la pluie évoque parfois le souvenir d’un amour perdu… L’eau est un miroir du passé, un véhicule de la mémoire individuelle et collective. Comment retranscrire, à travers elle, les échos d’un temps disparu, les souvenirs qui affleurent à la surface ? Comment peut-on écrire la mémoire de l’eau, cet élément qui efface autant qu’il préserve ?
5. L’eau sacrée : mythes, mystères et renaissances
Des sirènes envoûtantes aux fleuves des enfers, l’eau traverse les légendes et les croyances comme un fil sacré et mystérieux. Divinisée par les civilisations anciennes, investie de vertus magiques, elle incarne à la fois la vie et la destruction, la renaissance et le chaos. Bénédictions, ablutions, baptêmes : dans de nombreuses traditions, l’eau est purificatrice, elle relie les humains au divin, elle ouvre des passages entre les mondes. Source de récits mythiques et spirituels, elle invite à la contemplation autant qu’à la narration : peut-on aujourd’hui encore réinventer ces mythes, écrire l’eau comme révélation ou comme seuil vers un ailleurs, un renouveau ?
6. L’eau et le désir
L’eau est aussi un élément de sensualité et de transformation. Elle rafraîchit les corps, invite aux caresses des vagues, se mêle au souffle de l’amant. On pense aux bains antiques, aux fontaines des jardins où se chuchotent des serments, aux vapeurs qui s’élèvent dans l’intimité d’une alcôve ou aux romans libertins où se célèbre le plaisir des sens au bord des rivières. Comment traduire littérairement cette association entre l’eau et le désir, entre la fluidité et l’élan passionnel ?
7. L’eau et l’alcool
L’eau est la source de toute boisson, y compris de celles qui troublent les esprits et délient les langues. L’eau se change en vin, l’alcool enivre et ouvre des portes sur d’autres réalités. Peut-on écrire un texte où l’élément liquide devient ivresse, où le vin, la bière, l’absinthe, la verveine convoquent des visions, des rêves ou des regrets ? Sous la dynastie des Tang, Li Bai écrit : « Trancher l’eau avec une épée, elle coule encore plus ; Lever son verre pour dissiper le chagrin, il devient plus profond » ( 抽刀断水水更流,举杯消愁愁更愁 --李白《宣州谢朓楼饯别校书叔云》)
8. Prendre les eaux
On dit "prendre les eaux" comme on dit partir — partir en soi. C’est un geste ancien, un rite doux : s’immerger dans l’oubli, se confier à la tiédeur minérale, laisser le corps redevenir source. Là, dans le silence fumant des thermes ou le miroitement d’un ruisseau secret, l’eau délasse ce que le monde a trop tendu. Elle lave sans froisser, elle console sans parler. Prendre les eaux, c’est s’arracher au tumulte, retrouver un battement plus lent — le sien. Le sel, le soufre, la brume : autant d’éléments qui enveloppent l’être et le rendent à lui-même. Peut-être que l’on ne guérit pas, mais on apprend à écouter. Et dans cette écoute, l’eau parle : elle dit l’usure, le passage, la patience. Elle murmure qu’il faut apprendre à couler, à plier sans rompre, à renaître par dissolution.
Dans Mont Oriol, Maupassant fait des sources thermales un théâtre de passions, de renouveau et d’illusions. On y vient chercher la santé, on y trouve souvent autre chose : l’amour, la solitude, la vérité. Prendre les eaux, chez lui, c’est entrer dans un monde à la fois médical et métaphysique, où l’élément aquatique révèle les corps et les âmes.
Ainsi, prendre les eaux, c’est choisir l’oubli fécond plutôt que l’effort crispé. C’est, l’espace d’un instant, se souvenir que l’on vient de là — et qu’on y retournera.
9. L’eau : la musique et la danse
L’eau, par son mouvement et sa fluidité, inspire des rythmes et des harmonies qui résonnent dans toutes les cultures. Du clapotis d’une source aux grondements de l’océan, elle compose une symphonie naturelle où chaque goutte devient une note. Les compositeurs ont souvent cherché à imiter ou évoquer son chant : les ondulations des préludes et de La Mer de Debussy, le fracas des tempêtes dans Vivaldi, la douceur mélancolique la barcarolle d’Offenbach, la pièce musicale traditionnelle chinoise symbolisant l’amitié Hautes montagnes et eaux qui coulent ( 高山流水 ). La voix de l’eau est tour à tour apaisante et menaçante, reflétant les émotions humaines et les paysages sonores de notre monde intérieur. Comment capturer cette musicalité dans l’écriture ? Peut-on imaginer un texte où l’eau devient partition, où ses flux dictent un rythme secret au récit ou au poème ?
L’eau et la danse partagent une essence commune : le mouvement. Qu’elle coule, tourbillonne ou s’évapore, l’eau évoque le geste dans sa forme la plus pure, une continuité sans heurt, une énergie fluide.
Dans la danse contemporaine, l’eau devient partenaire de scène. Les chorégraphes explorent sa résistance, sa légèreté et son imprévisibilité. Des spectacles comme Water Dance de Carolyn Carlson ou les performances aquatiques de Damien Jalet transforment la scène en un espace liquide, où les corps flottent, s’abandonnent et renaissent. La danse, baignée ou immergée, se fait métaphore de la métamorphose, du passage d’un état à un autre.
Dans les traditions classiques, l’eau inspire également le mouvement. Le ballet La Bayadère, avec son Royaume des Ombres, évoque une fluidité éthérée, tandis que les danses rituelles asiatiques, comme celles de Bali, imitent le clapotis des rivières et le va-et-vient des vagues.
L’eau, à travers la danse, devient langage : elle exprime la souplesse du corps, la puissance du flux, l’éphémère du geste. Elle transforme la scène en un espace organique, où le mouvement est à la fois élan et abandon, immersion et renaissance.
10. L’eau et le rêve
Miroir trouble de l’inconscient, espace onirique et mouvant où la logique s’efface…
En psychanalyse, l’eau est une image récurrente, souvent associée à l’inconscient, aux émotions profondes et aux désirs enfouis. Elle est liquide amniotique, retour à l’origine, mais aussi miroir trouble où se reflètent nos peurs et nos fantasmes. Rêver d’eau, c’est plonger dans l’inconnu, affronter ce qui sommeille en nous. Lac paisible ou mer déchaînée, l’eau traduit nos états d’âme, elle dissimule des secrets sous sa surface lisse ou tourmentée. Comment écrire un texte où l’eau devient le véhicule d’un voyage intérieur, un espace de révélation ou de métamorphose psychique ?
11. L’eau et l’architecture : les jardins et les villes d’eau
Les cultures orientales et occidentales ont chacune façonné des espaces où l’eau devient un élément esthétique et philosophique. En Orient, les jardins chinois et japonais intègrent l’eau dans une approche contemplative : les rivières sinueuses, les bassins calmes et les ponts de pierre ne sont pas seulement décoratifs, ils sont une invitation à la méditation et à l’harmonie avec la nature. L’eau y est perçue comme un miroir de l’âme et du monde, où la beauté réside dans l’éphémère et la simplicité.
À l’inverse, en Occident, notamment dans la tradition française des jardins à là Le Nôtre (Versailles, par exemple), l’eau est mise en scène de façon grandiose : bassins symétriques, fontaines spectaculaires, jets d’eau domptés par la main de l’homme. Ici, l’eau devient un signe de puissance, un symbole du contrôle absolu sur la nature, comme en témoignent les aqueducs romains ou les canaux de Venise et d’Amsterdam, véritables prouesses d’ingénierie.
12. L’eau et les arts contemporains
L’eau, fluide insaisissable, a toujours fasciné les artistes. Dans les arts contemporains, elle devient plus qu’un simple sujet : elle est une matière plastique, un symbole puissant et un outil de réflexion sur les enjeux écologiques et sociopolitiques.
Certains artistes utilisent l’eau comme médium principal. Olafur Eliasson, par exemple, joue avec les reflets et la lumière pour transformer l’espace à travers des installations immersives où l’eau est omniprésente (The Weather Project, Waterfall). D’autres, comme Anish Kapoor, l’intègrent sous forme de miroirs liquides ou de surfaces mouvantes, créant des œuvres où la perception du spectateur est en constante évolution.
L’eau est aussi un motif récurrent dans la photographie et la vidéo. L’artiste japonaise Rinko Kawauchi capture dans ses clichés l’éphémère et la fragilité de l’eau, tandis que Bill Viola l’utilise pour explorer les thèmes de la transformation et de la renaissance à travers des vidéos lentes et contemplatives.
Dans l’art urbain et les performances, l’eau devient un outil de dénonciation et de réflexion politique. L’artiste Ai Weiwei a utilisé des gilets de sauvetage et des embarcations pour alerter sur la crise des migrants, soulignant comment l’eau peut être à la fois une voie de passage et un tombeau. De même, des installations comme celles de Ned Kahn exploitent la dynamique de l’eau pour sensibiliser à l’environnement et au changement climatique.
L’eau, dans l’art contemporain, est donc bien plus qu’un élément naturel : elle est mouvante, poétique, politique. Elle invite à réfléchir sur la condition humaine, notre rapport au monde et les défis du XXIe siècle.
13. L’eau et la Chine
À l’occasion des 60 ans de relations diplomatiques entre la France et la Chine, nous proposons un axe spécial dédié aux essais et poèmes explorant l’image de l’eau en Chine, ainsi que son rôle dans les relations franco-chinoises.
Les interactions littéraires entre la Chine, l’Asie et la France s’inscrivent dans une longue tradition. Judith Gautier, à travers Le Livre de Jade, a traduit des poèmes classiques chinois en français, les faisant ainsi découvrir au lectorat francophone. Théophile Gautier, quant à lui, a publié en 1846 Le Pavillon sur l’eau, un roman inspiré par l’Orient et dont l’intrigue se déroule en Chine. Plus tard, en 1965, Raymond Queneau s’est nourri de la pensée taoïste de Tchouang-Tseu pour écrire Les Fleurs bleues. En Chine, de grands écrivains ont également été influencés par la littérature française. Par exemple, Lu Xun s’est inspiré de Maupassant, tandis que les écrits de Zhang Ailing rappellent l’influence de Simone de Beauvoir. Yu Hua, quant à lui, a été marqué par le courant du Nouveau Roman et des auteurs comme Alain Robbe-Grillet.
Aujourd’hui, des écrivains francophones d’origine chinoise mêlent la langue française et la culture chinoise, à l’instar de François Cheng, Gao Xingjian, Shan Sa ou Dai Sijie. Leurs œuvres incarnent un courant majeur de la mondialisation littéraire et témoignent du dialogue fécond entre ces deux traditions culturelles.
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English version:
Crossed Arts around Water – Between East and West
Water, an omnipresent and fundamental element, flows through the history of thought, science, and art, nourishing human imagination for millennia. It is the raw material of life, the symbol of time passing, the reflection of desire and memory, the embodiment of both purity and threat. Through this project, we invite you to explore the myriad faces of water by writing a short literary text in the form of an essay or poem, no longer than half a page. The goal is to create a brief yet evocative work, part of a long tradition where water—in all its forms—becomes a pretext for poetic or narrative reflection.
In Eastern thought, particularly Chinese philosophy, water is one of the five fundamental elements (Wu Xing), symbolizing flexibility, adaptability, and intuitive depth. In Laozi’s Tao Te Ching, water is a model of wisdom: it flows without resistance, takes the shape of what it touches, and triumphs through gentleness rather than force. In the East, water is often a metaphor for virtue. According to Laozi: “The highest good is like water; great virtue supports all things.” This contrasts with a more Western vision of nature as something to dominate and transform. In the West, water has long been seen as something to channel and control—through hydraulic works and dikes—while in the East, it is often celebrated in its raw state as a lesson in patience and harmony. In Hindu and Buddhist traditions, water is a vital purifier. Ablutions in the Ganges, India’s sacred river, reveal an intimate relationship between water and the sacred: bathing in its waters means washing away sins and reconnecting with the divine. In Islam, too, water is central to purification rituals (wudu, ablutions before prayer), emphasizing its essential role in the balance of body and soul. Christianity regards water as the symbol of baptism, a spiritual rebirth marking entry into faith. Likewise, in Greco-Roman tradition, spring and fountain water was consecrated to the gods, used for rituals and prophecy.
The West has often sought to master water, bending it to human needs. Since antiquity, the Romans built vast aqueducts to supply their cities, and the Industrial Revolution saw the rise of dams and advanced irrigation networks. Water became a driver of progress and a major economic and energy issue. In the East, the relationship with water is more about adaptation. In Southeast Asia, terraced rice fields demonstrate an agriculture that follows the land rather than altering it. Similarly, stilt houses in Vietnam or Indonesia reflect a way of living with water, where humans integrate into the natural cycle instead of disrupting it.
Whether you're a poet at heart, a writing enthusiast, or simply inspired by the mysteries of water, this project is for you! We invite you to create a short text—poem, poetic essay, or free form—that explores the many faces of water: its beauty, strength, symbolism, or transformations. Your text should not exceed half a page (maximum 1,600 characters including spaces). All forms are welcome, including graphic creations such as calligrams or calligraphy.
This project is open to everyone, everywhere in the world. Students will be highlighted. You may write in the language of your choice, provided you include a French translation you have created yourself.
Let water inspire you—let it flow between your words. To your pens!
The selected contributions will inspire participants in artistic workshops who will paint them, and they will be displayed together (contribution and associated painting) during an exhibition held in Clermont-Ferrand as part of the international symposium “Aquatic Life” (September 23-25, 2025) at Université Clermont Auvergne.
The call for contributions is open now through July 15, 2025. We eagerly await your submissions! Please send them to: vieaquatique1506@gmail.com
Organizing Committee: Léa Contamine (GEOLAB), Ruike Han (CELIS), Anais Tahri (GEOLAB), and Alexandre Mora (CELIS/University of St Andrews)
We propose several avenues of reflection to guide your inspiration, which are far from exhaustive:
1. Water: between life, technology, and chaos
Water, omnipresent and multifaceted, is at once a source of life, an object of fascination, a destructive force, and a technological challenge. It hosts a teeming underwater world filled with visible and invisible organisms, and microscopic life forms. Can literature reflect this complexity, give voice to a jellyfish, a fish, or coral, and express the silent interactions within these fragile ecosystems? A precious resource, water also lies at the heart of technical challenges: from ancient aqueducts to desalination and space exploration projects, it embodies the tension between nature and artifice. Can we imagine a future where water is dangerously scarce, or a new era fuelled by its managed abundance? Yet this vital force can turn into a scourge: floods, tsunamis, storms, melting ice… Water destroys as much as it nurtures. It surpasses the human, confronting us with our own vulnerability. How can one write this ambivalence, express both the beauty and violence of water—an essential resource, a creative and destructive force, a deep mystery, and a critical issue for the future?
2. Water: between wandering and silence – Geography of a universal bond
Water, in its duality of movement and stillness, embodies both travel and immobility, change and contemplation. It flows, evaporates, trickles, or sits still in stagnant pools, symbolizing in turn the flight of time, the impulse of renewal, or the weight of silence. Rivers carve paths through landscapes, shape the earth, carry memories, dreams, and secrets, while marshes, motionless fountains, or moats fix the gaze and awaken imaginations tinged with mystery or melancholy. Water connects as much as it separates: it draws geographical boundaries—between continents, between cultures—but is also a vector of encounters, as seen in the great maritime routes that linked East and West, carrying flows of goods, ideas, and beliefs. Water is a common good, a shared space beyond belonging, revealing in its motions and silences the diversity of human relationships to the world—between control, surrender, and reverie.
3. Water, philosophy, and the human and social sciences: reflections on an elusive element
Water has always inspired thinkers: Heraclitus and his famous aphorism “You never step into the same river twice,” Laozi and the Tao’s flexibility comparable to water… It is paradoxical: gentle and violent, vital and destructive, pure and polluted. It raises questions about the relationship between humans and the cosmos, matter and spirit. Can water become a support for poetic meditation, a space where existential thought crystallizes? How can this duality be translated into writing? What poetic or philosophical perspective can we cast on this elusive element?
4. Water and memory: gates to a submerged past
Water preserves and transports memories. Tears carry the weight of emotions, rivers ferry ancient stories, the sea holds the remnants of lost civilizations and shipwrecks, rain may evoke the memory of a lost love… Water is a mirror of the past, a vehicle for both individual and collective memory. How can we translate, through water, the echoes of a vanished time, the memories that rise to the surface? How can one write the memory of water—an element that both erases and preserves?
5. Sacred water: myths, mysteries, and rebirths
From enchanting sirens to the rivers of the underworld, water runs through legends and beliefs like a sacred and mysterious thread. Deified by ancient civilizations, endowed with magical virtues, it embodies life and destruction, rebirth and chaos. Blessings, ablutions, baptisms: in many traditions, water purifies, links humans to the divine, and opens gateways between worlds. A source of mythical and spiritual stories, it invites both contemplation and narration: can we still reinvent these myths today, write water as a revelation or a threshold to elsewhere, to renewal?
6. Water and desire
Water is also an element of sensuality and transformation. It refreshes the body, invites the caress of waves, mingles with the lover’s breath. Think of antique baths, garden fountains where vows are whispered, steam rising in the intimacy of an alcove, or libertine novels celebrating sensual pleasure along the riverbank. How can we literary express this association between water and desire, between fluidity and passionate impulse?
7. Water and alcohol
Water is the source of all drinks, including those that blur the mind and loosen tongues. Water turns to wine; alcohol intoxicates and opens doors to other realities. Can one write a text where the liquid element becomes inebriation, where wine, beer, absinthe, verbena summon visions, dreams, or regrets? Under the Tang Dynasty, Li Bai wrote: “Strike water with a sword, it flows even more; raise a glass to dispel sorrow, it only deepens.” (抽刀断水水更流,举杯消愁愁更愁 – Li Bai)
8. Taking the waters
We say “taking the waters” as we say departing—departing into oneself. It is an ancient gesture, a gentle rite: immersing in forgetfulness, entrusting oneself to mineral warmth, letting the body become a source again. There, in the steaming silence of a spa or the shimmer of a secret stream, water soothes what the world has strained too much. It cleanses without bruising, comforts without speaking. Taking the waters is breaking from the noise, finding a slower heartbeat—your own. Salt, sulfur, mist: all elements that wrap the self and return it to itself. Perhaps we don’t heal, but we learn to listen. And in that listening, water speaks it tells of wear, of passage, of patience. It whispers that we must learn to flow, to bend without breaking, to be reborn through dissolution.
In Mont Oriol, Maupassant makes thermal springs a stage for passion, renewal, and illusions. One comes seeking health, and often finds something else: love, solitude, truth. Taking the waters, in his work, is entering a world that is both medical and metaphysical, where the aquatic element reveals both body and soul.
Thus, taking the waters is choosing fruitful oblivion over tense effort. It is, for a moment, remembering that we come from water—and that we will return to it.
9. Water: music and dance
Water, through its movement and fluidity, inspires rhythms and harmonies that resonate across cultures. From the lapping of a spring to the roaring of the ocean, it composes a natural symphony where each drop becomes a note. Composers have often sought to imitate or evoke its song: the ripples of Debussy’s La Mer, the crashing storms in Vivaldi, the melancholic sweetness of Offenbach’s Barcarolle, or the traditional Chinese musical piece High Mountains and Flowing Water (高山流水) symbolizing friendship. The voice of water is by turns soothing and threatening, reflecting human emotions and the soundscapes of our inner world. How can this musicality be captured in writing? Can we imagine a text where water becomes a score, where its flows dictate a hidden rhythm to the story or poem?
Water and dance share a common essence: movement. Whether it flows, swirls, or evaporates, water evokes gesture in its purest form—a smooth continuity, a fluid energy.
In contemporary dance, water becomes a stage partner. Choreographers explore its resistance, lightness, and unpredictability. Performances such as Water Dance by Carolyn Carlson or the aquatic choreographies of Damien Jalet transform the stage into a liquid space where bodies float, surrender, and are reborn. Drenched or immersed, dance becomes a metaphor for transformation, the transition from one state to another.
In classical traditions, water also inspires movement. The ballet La Bayadère, with its Kingdom of the Shades, evokes ethereal fluidity, while Asian ritual dances, such as those in Bali, imitate the splashing of rivers and the ebb and flow of waves.
Through dance, water becomes a language: it expresses bodily flexibility, the power of flow, the ephemeral nature of gesture. It transforms the stage into an organic space, where movement is both impulse and surrender, immersion and rebirth.
10. Water and dreams
A murky mirror of the unconscious, a dreamlike and shifting space where logic dissolves…
In psychoanalysis, water is a recurring image, often associated with the unconscious, deep emotions, and buried desires. It is amniotic fluid, a return to origins, but also a troubled mirror reflecting our fears and fantasies. To dream of water is to dive into the unknown, to confront what lies dormant within us. Whether a peaceful lake or a raging sea, water reflects our states of mind; it hides secrets beneath its smooth or stormy surface. How can we write a text where water becomes the vehicle for an inner journey, a space of revelation or psychological transformation?
11. Water and architecture: water gardens and cities
Eastern and Western cultures have each shaped spaces where water becomes both an aesthetic and philosophical element. In the East, Chinese and Japanese gardens incorporate water into a contemplative approach: meandering streams, calm ponds, and stone bridges are not merely decorative—they invite meditation and harmony with nature. Water is perceived as a mirror of the soul and the world, where beauty lies in ephemerality and simplicity.
In contrast, in the West—particularly in the French tradition of Le Nôtre’s gardens (such as Versailles)—water is dramatically staged: symmetrical basins, spectacular fountains, and jets of water tamed by human hand. Here, water is a symbol of power, a sign of absolute control over nature, as seen in Roman aqueducts or the canals of Venice and Amsterdam, true feats of engineering.
12. Water and contemporary art
Water, an elusive fluid, has always fascinated artists. In contemporary art, it becomes more than a subject: it is a material medium, a powerful symbol, and a tool for reflecting on ecological and sociopolitical issues.
Some artists use water as their primary medium. Olafur Eliasson, for example, plays with reflection and light to transform space through immersive installations where water is omnipresent (The Weather Project, Waterfall). Others, like Anish Kapoor, integrate it as liquid mirrors or moving surfaces, creating artworks where the viewer’s perception is constantly evolving.
Water is also a recurring motif in photography and video. Japanese artist Rinko Kawauchi captures its ephemerality and fragility in her photos, while Bill Viola uses it to explore themes of transformation and rebirth through slow, contemplative videos.
In urban art and performance, water becomes a tool for denunciation and political reflection. Artist Ai Weiwei has used life jackets and boats to draw attention to the migrant crisis, highlighting how water can be both a route of passage and a grave. Similarly, installations by Ned Kahn explore water dynamics to raise awareness of environmental issues and climate change.
In contemporary art, water is far more than a natural element: it is fluid, poetic, political. It invites reflection on the human condition, our relationship with the world, and the challenges of the 21st century.
13. Water and China
To mark the 60th anniversary of diplomatic relations between France and China, we propose a special focus dedicated to essays and poems exploring the image of water in China, and its role in Franco-Chinese relations.
Literary interactions between China, Asia, and France have a long tradition. Judith Gautier, through Le Livre de Jade, translated classical Chinese poems into French, introducing them to a Francophone audience. Théophile Gautier, in 1846, published Le Pavillon sur l’eau, a novel inspired by the East and set in China. Later, in 1965, Raymond Queneau drew on the Taoist thought of Zhuangzi to write Les Fleurs bleues. In China, major writers were also influenced by French literature. For instance, Lu Xun was inspired by Maupassant, and the writings of Zhang Ailing reflect the influence of Simone de Beauvoir. Yu Hua was marked by the Nouveau Roman and authors such as Alain Robbe-Grillet.
Today, Francophone writers of Chinese origin blend the French language with Chinese culture, including François Cheng, Gao Xingjian, Shan Sa, and Dai Sijie. Their works embody a major current of literary globalization and bear witness to the fertile dialogue between these two cultural traditions.
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水之交响——东西方艺术对话
水,这一无处不在的基本元素,贯穿了人类思想、科学与艺术的历史,数千年来滋养着人类的想象力。它是生命的基本物质,是时间流逝的象征,是欲望与记忆的映照,既体现纯净又暗藏威胁。通过本项目,我们邀请您以短文(半页纸以内的散文或诗歌形式)探索水的千面性。目标是创作短小精悍却意蕴深远的作品,延续水作为诗意或叙事载体的悠久传统。
在东方,尤其在中国思想中,水是五行之一,象征柔韧、适应力与直觉深度。老子《道德经》将水奉为智慧典范:它顺势而行,随物赋形,以柔克刚。东方常以水喻德,如老子所言"上善若水,水利万物而不争"。这与西方将自然视为征服改造对象的观念形成对比。西方长期通过水利工程和堤坝来调控水流,而东方则崇尚水的原始状态,视其为耐心与和谐的教科书。
印度教与佛教传统中,水是重要的净化媒介。在印度圣河恒河中沐浴,既洗涤罪孽又联通神性。伊斯兰教的净礼(礼拜前的"小净")同样以水为核心,维系身体与灵魂的平衡。基督教则以水为洗礼象征,代表信仰重生的入口。古希腊罗马文明亦将泉水奉为神祇,用于仪式与预言。
西方始终致力于驯服水力。古罗马修建庞大引水系统,工业革命催生复杂灌溉网络,水成为进步引擎与经济命脉。而在东方,东南亚梯田展现顺势而为的农耕智慧,越南与印尼的高脚屋则演绎着人与水的自然共生。
无论您是诗人、写作爱好者还是水的朝圣者,诚邀您参与创作!请以诗歌、散文或自由形式(不超过半页/1600字符)探索水的多样面貌:美丽、力量、象征或蜕变。图形创作(文字画/书法)同样欢迎。项目面向全球,学生作品将获特别关注。投稿语种不限,但需附自译法文版。
让水激活您的灵感,任其在字里行间流淌。期待您的佳作!
入选作品将启发艺术工作坊进行绘画再创作,并于2025年9月23-25日克莱蒙费朗"水生生命"国际研讨会期间,在奥弗涅大学以"文画联展"形式呈现。
征稿即日开启至2025年7月15日截止
投稿邮箱:vieaquatique1506@gmail.com
组委会 :
Léa Contamine (GEOLAB), Ruike Han (CELIS), Anais Tahri (GEOLAB) & Alexandre Mora (CELIS/University of St Andrews).
创作主题参考(以下方向仅供参考,鼓励自由发挥):
1. 水:生命、科技与混沌之间
水无处不在,形态万千——既是生命之源,又是迷恋对象;既是毁灭之力,也是技术挑战。它孕育着丰富的水下世界:可见与不可见的生物,微观的生命形式。文学能否呈现这种复杂性?为水母、游鱼或珊瑚发声,转译这些脆弱生态系统的无声对话?作为珍贵资源,水始终是技术攻坚的核心:从古代引水渠到海水淡化与太空探索计划,它始终折射着自然与人造的角力。我们能否想象一个水资源枯竭的未来?或是人类驾驭水能的新纪元?然而这生命之源也会化作灾祸——洪水、海啸、风暴、冰川消融……水在滋养万物的同时,也摧毁一切。它超越人类尺度,迫使我们直面自身的脆弱。如何书写这种矛盾?如何同时呈现水的温柔与暴烈?这既是生存命脉,又是创造与毁灭的双重力量;既是深邃之谜,也是未来关键议题。
2. 水:漂泊与静默之间——一种普世联结的地理
水以流动与停滞的双重性,同时化身旅途与静止、变迁与凝思。它奔流、蒸腾、滴淌,或凝固成死水,时而象征时光飞逝,时而隐喻新生冲动,或又成为寂静的重量。江河在大地上刻写路径,塑造山川,运送记忆、梦想与秘密;而沼泽、静默的喷泉或凝滞的护城河,则冻结视线,唤起神秘与忧郁交织的想象。水既连接也分离:它划出大陆与文明的地理边界,却也是相遇的媒介——正如连通东西方的海上商路,承载着商品、思想与信仰的洪流。水是超越归属的公共空间,在涌动与静默中,揭示人类与世界的多样关系:掌控、放任,或遐想。
3.水、哲学与人文社科:关于不可捉摸之物的思考
水始终启迪着思想家:赫拉克利特"人不能两次踏入同一条河流"的箴言,老子"上善若水"的哲思……它充满悖论:温柔与暴烈并存,滋养与毁灭共生,纯净与污浊同体。它叩问着人类与宇宙、物质与精神的关系。能否以水作为诗意冥想的载体?如何用文字转译这种二元性?对于这难以捉摸的元素,该投射怎样的诗性或哲思目光?
4. 水与记忆:沉没往昔的门扉
水是记忆的保存者和搬运工。泪水承载情感重量,江河裹挟古老故事,海洋封存文明残骸与沉船遗骨,雨滴时常叩响逝去爱情的回音……它是过去的镜子,个体与集体记忆的载体。如何通过它书写消逝时代的回声?如何记录这份既抹除又保存的矛盾记忆?
5. 圣水:神话、奥秘与重生
从魅惑人鱼到冥河渡船,水作为神圣而神秘的线索贯穿所有传说与信仰。被古代文明神化、被赋予魔力的它,既象征生命也代表毁灭,既预示重生也指向混沌。祝福礼、净身仪式、受洗礼——在各传统中,水具有净化力量,联通人神,开启世界间的通道。作为神话与灵感的源泉,它同时召唤沉思与叙事:今天我们能否重构这些神话?将水书写成启示录,或通往彼岸与新生的门阈?
6. 水与欲望
水亦是情欲与蜕变的元素。它沁润肌体,邀人沉溺于浪花的爱抚,与爱侣的吐息交融。古罗马浴场中,花园喷泉畔的誓言低语,暖阁内氤氲的水雾,或是河岸边纵情声色的风流轶事——如何以文字诠释水与欲望的缠绵,流动与激情的共鸣?
7. 水与酒
水乃一切饮品的本源,包括那些令人神思恍惚、倾吐衷肠的琼浆。清水化醇醪,酒液启醉意,洞开异界之门。能否写就这样的篇章:让液态化作醺然,任葡萄酒、啤酒、苦艾酒、马鞭草催生幻象、旧梦与怅惘?盛唐李白曾咏:"抽刀断水水更流,举杯消愁愁更愁。"
8. 饮泉记
"饮泉"如同"启程"——向着内心深处的旅程。这是古老的仪式,温柔的典礼:沉入遗忘,托付给矿脉的体温,让躯体重新成为源泉。在温泉蒸腾的静默里,在幽溪闪烁的波光中,水抚平世俗强加的褶皱。它无声涤净,无言慰藉。饮泉是暂别喧嚣,寻回本真的心跳节律——盐、硫、雾,这些元素包裹身心,将灵魂引回原乡。或许我们并未痊愈,却学会了聆听。而水在诉说:关于磨损,关于流逝,关于隐忍。它低语着柔韧之道,教我们在溶解中重生。
莫泊桑在《温泉》中,将疗养地化作激情、新生与幻象的舞台。人们为康健而来,往往邂逅他物:爱情、孤寂或真相。饮泉于此,既是医身,亦是问道,水性在此映照肉体与灵魂的双重纹理。
故而饮泉是以丰盈的遗忘替代执着的求索。这片刻的沉浸,让人忆起自己来自水——终将归复于水。
9. 水之韵:乐与舞
水以流动之姿,孕育出跨越文化的韵律。从泉眼叮咚到海潮轰鸣,它谱写着自然的交响曲——每一滴水珠都是跃动的音符。作曲家们总在追逐水声:德彪西《前奏曲》与《大海》中的粼粼波光,维瓦尔第暴风雨乐章里的惊涛骇浪,奥芬巴赫船歌的忧郁柔情,还有那支象征知音的中国古曲《高山流水》。水声时而抚慰时而威慑,映照人类情感与内心世界的音景。如何用文字捕捉这种音乐性?能否让文本化作水的五线谱,任暗流为诗文标定节奏?
水与舞蹈本同源:皆以动为魂。无论是涓涓细流、湍急漩涡还是氤氲水汽,水永远展现着最纯粹的动作美学——行云流水般的连贯,举重若轻的能量。当代舞将水化为舞台伙伴,编舞家们探索着水的阻力、轻盈与不可预测。卡罗琳·卡尔森的《水之舞》、达米安·贾莱特的水中表演,都将剧场变作液态空间:身体在其中漂浮、交付、重生。被水浸润的舞蹈,成为跨越形态的隐喻。
古典传统中,水同样启迪舞步。《舞姬》中的幽灵王国演绎空灵流动,巴厘岛仪式舞则模拟溪流叮咚与浪涌律动。水通过舞蹈成为语言:诉说身体的柔韧、激流的威力、动作的转瞬即逝。它将舞台转化为有机空间,每个舞姿既是迸发也是臣服,既是沉浸也是涅槃。
10. 水与梦
水是潜意识混浊的镜子,是逻辑消融的梦境疆域……
在精神分析中,水是永恒意象:象征潜意识、深层情绪与蛰伏欲望。它是羊水——回归生命源头;也是晦暗镜面——倒映恐惧与幻想。梦见水,便是潜入未知领域,直面内心沉睡之物。平静湖泊或狂暴海洋,水永远诠释着心灵状态,在光滑或狰狞的表面下隐藏秘密。如何书写这样的文本:让水成为内在旅程的载体,成为心灵启示与蜕变的液态剧场?
11. 水与建筑:园林与水城
东西方文明各自塑造了水作为美学与哲学载体的空间。东方园林中,水被赋予禅意——中国与日本的庭园里,曲水流觞、静池石桥不仅是装饰,更是通向冥想的路径。水在此成为心灵与世界的镜子,其美在于无常与至简。
而西方园林(如勒诺特式的凡尔赛宫)则呈现水的壮丽戏剧:对称水池、恢弘喷泉、被人类驯服的冲天水柱。古罗马引水渠、威尼斯与阿姆斯特丹的运河网络,无不彰显着对自然的绝对掌控,水在此成为权力与工程奇迹的象征。
12. 水与当代艺术
这难以捉摸的流体始终令艺术家痴迷。在当代艺术中,水不仅是主题,更是创作媒介、生态议题的隐喻与社会政治的思考工具。
奥拉维尔·埃利亚松以水为画笔,在《天气计划》《瀑布》等浸入式装置中,用光影与水雾重构空间;安尼施·卡普尔则创造液态镜面,让观者的认知在波动中不断重塑。
摄影与影像领域,日本艺术家川内伦子镜头下的水珠转瞬即逝,比尔·维奥拉则用慢镜头水流探讨蜕变与重生。街头行为艺术中,水成为政治宣言:艾未未用救生衣与船只控诉移民危机,揭示水既是生路亦是坟墓;内德·卡恩的动态装置则借水力唤醒环境危机意识。
当代艺术中的水,早已超越自然元素——它是流动的诗行,是政治的载体,邀请我们思考人类处境与世纪挑战。
13. 水与中国
值此中法建交60周年,特设专题征集探索中国水意象及中法关系水缘的散文与诗歌。中法文学交流源远流长:朱迪特·戈蒂埃《玉书》译介中国古诗,泰奥菲尔·戈蒂埃1846年出版中国背景小说《水榭》,1965年雷蒙·格诺受庄子启发写就《青花》。中国作家亦受法雨滋润:鲁迅师法莫泊桑,张爱玲笔透波伏娃气质,余华深汲新小说派精髓。当今法籍华裔作家如程抱一、高行健、山飒、戴思杰,熔法语与中华文化于一炉,成为文学全球化浪潮与文明对话的鲜活见证。