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Surréalismes : des origines littéraires aux prolongements transnationaux (revue Remate de Males)

Surréalismes : des origines littéraires aux prolongements transnationaux (revue Remate de Males)

Publié le par Marc Escola (Source : Gisela Bergonzoni)

Appel à publication - Remate de Males, v. 45 n. 2 (2025)

En 2024, de nombreuses commémorations ont eu lieu à l'occasion du centenaire du Manifeste du surréalisme. Rédigé par André Breton en 1924, il peut en effet être considéré comme le texte fondateur du mouvement surréaliste. Mais il est important de rappeler que le mouvement a ses débuts quelques années auparavant, lorsque le même André Breton, avec Louis Aragon et Philippe Soupault, lance la revue Littérature, inspirée par le dadaïsme qui déferle sur Paris avec l'arrivée de Tristan Tzara.

Associé dans l'imaginaire actuel à une poétique de l'image, le surréalisme fait en réalité ses premiers pas dans l’expérimentation littéraire. Breton et Soupault découvrent l'écriture automatique, utilisée dans Les Champs magnétiques, premier écrit proprement surréaliste, en 1919. C’est en partie grâce à cette expérience que Breton soutiendra, quelques années plus tard, lorsqu'il rédige le Manifeste, que le surréalisme peut être défini comme « automatisme psychique pur ».

Avec l'automatisme psychique, les surréalistes ne cherchaient pas seulement une nouvelle forme d'écriture. Bien au-delà, ils cherchaient à démanteler le contrôle de la raison et de la morale, en quête d’une façon de penser et d’agir radicalement différente de celle de la civilisation occidentale, dont la barbarie beaucoup de ses membres avaient connu de près avec la Première Guerre mondiale. Le pari avait ses racines, comme on le sait, dans les découvertes de la psychanalyse récemment créée par Sigmund Freud.

Le surréalisme plongeait dans l’inconscient et le découvrait comme un dépositaire insolite d’images poétiques. Ce n'est pas un hasard si un jeune psychanalyste proche des cercles surréalistes, Jacques Lacan, révolutionnera plus tard la psychanalyse en proposant que l’inconscient serait structuré comme un langage. Les surréalistes trouvaient des indices de ce langage de l’inconscient dans les associations inouïes de l'écriture de Lautréamont, écrivain qu'ils tirent de l'oubli.

Le surréalisme créé sa liste de précurseurs, et son impact s’étend sur l'histoire littéraire aussi rétrospectivement. En tant que mouvement d’avant-garde, le surréalisme se distingue de plusieurs autres « ismes » qui ont marqué les années héroïques du modernisme occidental. Si ceux-ci étaient pour la plupart des exemples d’une téléologie eurocentrique, on redécouvre aujourd'hui de plus en plus la dimension anticoloniale et transnationale du surréalisme, un mouvement particulièrement intéressé par les formes de pensée non-européennes et, par conséquent, rapidement acclimaté dans différents coins du globe.

Des expositions récentes, comme « Surrealism Beyond Borders » (New York et Londres), ont mis en évidence l'internationalisme du mouvement, fortement présent dans des lieux aussi différents que le Mexique ou l'Égypte. Dans les Caraïbes, Édouard Glissant, écrivain et théoricien postcolonial, entretient également des relations avec le mouvement.

Au Brésil, le surréalisme n'a pas laissé de traces mineures. Visité à plus d'une occasion par le poète Benjamin Péret, le pays a vu des liens s'établir très tôt avec le mouvement. Les collaborations de Péret avec le groupe de la revue Antropofagia en sont un exemple. Ismael Nery et, à travers lui, Murilo Mendes, se rapprochent également des idées surréalistes. Plus tard, Maria Martins, qui a côtoyé les surréalistes exilés aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, développe une sculpture à la fois surréaliste et amazonienne, constituant un nouveau lien du surréalisme dans le pays, qui comptera finalement un groupe surréaliste institué, dans les années 1960, autour de Sergio Lima et la revue A Phala.

Nous invitons les chercheurs à soumettre des articles abordant la multiplicité du surréalisme dans ses relations avec la littérature. En accord avec les réflexions les plus récentes sur l'histoire du mouvement, nous encourageons des articles qui thématisent sa dimension transnationale et indiquent des prolongements du surréalisme au-delà du territoire européen. Les études sur la présence surréaliste au Brésil seront particulièrement bienvenues. Malgré l'accent prioritaire de la revue sur le domaine littéraire, des soumissions concernant les arts visuels seront acceptées, surtout lorsqu’elles postulent des réflexions relatives au langage.

Remate de Males, revue du Département de Théorie Littéraire de l'Universidade Estadual de Campinas (UNICAMP - Brésil), accepte des soumissions d’articles en portugais, espagnol, français et anglais.

Data d'échéance : 17 août 2025

Éditeurs invités : Gisela Bergonzoni (IEL-UNICAMP) et Gabriel Zacarias (IFCH-UNICAMP)