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Corps objets - corps sujets (Séminaire

Corps objets - corps sujets (Séminaire "Donner corps au patrimoine", Paris Saclay, Gif-sur-Yvette)

Publié le par Marc Escola (Source : Flore Heinrich)

La dernière séance du séminaire « Donner corps au patrimoine » de l’OI Palabre s’intéressera aux corps défunts en tant qu’objets d’étude, de collection et de mémoire. Travailler sur ces corps, les conserver et en prendre soin suscite de vifs questionnements éthiques, techniques, juridiques, historiques et politiques, appelant de ce fait à une ouverture du dialogue entre disciplines. 

Étudier. Les corps morts ne se limitent pas à de simples matières inertes et inanimées. Ils sont les témoins de notre passé, reflétant l'évolution des corps humains et non humains, de leur environnement et de leur mode de vie. Les techniques scientifiques de pointe actuelles sont mises au service de ces objets d’études pour en extraire des informations allant du macroscopique au nanométrique. 

Conserver. Lorsqu’ils font partie de collections muséales, ces corps sont le plus souvent désignés par le syntagme « restes humains », renvoyant alors à une « représentativité de toutes les différentes variables et composantes de la mort que peuvent représenter les fragments, les traces, le cadavre, le squelette, les reliques, la dépouille ou les vestiges » (Fontanieu 2014). La conservation et la restauration de ces restes humains en vue de leur monstration font non seulement appel à un savoir-faire particulier mais impliquent également de mener une réflexion sur la place de ces objets au musée. L’adoption de la récente loi du 23 décembre 2023 souligne par ailleurs le caractère ambigu de la présence de certaines de ces dépouilles dans les collections. 

Commémorer. Enfin, l’étude de ces corps morts est aussi de celle de leur traitement au sein des sociétés humaines. Plutôt que de les effacer complètement, les pratiques funéraires et de deuil tendent au contraire à alimenter leur souvenir et à les garder visibles, au moins symboliquement. L’importance politique des lieux de sépulture est décuplée, comme suite à des violences de masse, lorsqu’ils deviennent des lieux de mémoire (Nora 1984) et de commémoration (Gensburger et Lefranc 2017). Plus qu’un « voyeurisme du cadavre » (Vidal 2004), il s’agit alors de garder la preuve et d’entretenir le souvenir des exactions humaines. 

Nous entendrons Rémi Korman, maître de conférences à l’Université catholique de l’Ouest, sur la preuve du génocide des Tutsi et la patrimonialisation des restes humains au Rwanda et dont les recherches seront discutées par Hamedi Camara, docteur en droit public de l’Université Paris-Saclay et auteur d’une thèse sur le génocide en droit international.

Nous recevrons également Gaël Latour, enseignant chercheur en physique à l’Université Paris-Saclay et au Laboratoire d’Optique et Biosciences (CNRS, Insert, École Polytechnique, Institut Polytechnique de Paris) sur l’usage de l’imagerie biomédicale pour caractériser des objets patrimoniaux à base de tissus biologiques.

Christelle Patin, historienne des sciences au Centre Alexandre Koyré (EHESS) présentera ses recherches sur un chef kanak, Ataï, et les enjeux suscités par l’exposition de sa dépouille. Marie Cornu, juriste et directrice de recherches au CNRS (ISP, ENS Paris-Saclay) répondra à sa présentation en la mettant en lien avec ses travaux sur les restes humains.

La journée sera clôturée par une présentation d’Élodie Lévèque, maîtresse de conférences en conservation-restauration des biens culturels (HiCSA, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne) sur l’emploi du vivant pour restaurer des manuscrits ou la biocodicologie et biofabrication au service du patrimoine. Elle aura comme répondante Clarisse Barbot, doctorante en design (Centre de recherche en design, PPSM, ENS Paris-Saclay).

Inscription avant le 5 mai à l'adresse suivante :

https://forms.office.com/pages/responsepage.aspx?id=3P7SDUOCQk2vK2HotfoK2X93sUH9JnRAiglOOslTlZ9UNENKNFM5OEFRUThRQVJRUFpBMUsyQjBKSi4u&route=shorturl