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Détruire la langue du capital, un emploi à plein temps ? Avec Florent Coste & Milena Arsich (Séminaire Les Armes de la critique, ENS Paris)

Détruire la langue du capital, un emploi à plein temps ? Avec Florent Coste & Milena Arsich (Séminaire Les Armes de la critique, ENS Paris)

Publié le par Marc Escola (Source : Mathilde Roussigné)

Séance du SLAC du 28 mars 2025

Détruire la langue du capital, un emploi à plein temps ? 

Programme 2025 : Travail et production littéraire

[Exceptionnellement, séance de 14h30 à 17h]

Salle Émile Borel (U 203),  29 rue d’Ulm.

Florent Coste : Théorie littéraire et économie du langage : à qui le profit ?

La théorie littéraire peine, c’est tout du moins assez remarquable en France ces quarante dernières années, à penser la condition économique de la littérature ; et cela résulte d’une conjoncture néolibérale qui s’est évertuée à priver la théorie des instruments pour le faire. Voilà l’une des principales thèses de L'Ordinaire de la littérature. L’une des propositions du livre a été par la suite de faire une place à la littérature dans une économie du langage et, dans le sillage de la philosophie du langage de Ferruccio Rossi-Landi, de considérer la production littéraire comme une forme de travail encastrée dans un marché linguistique. Cette intervention se propose d’en présenter le cadre, les avantages et sans doute aussi les angles-morts. 

Milena Arsich : Les imaginaires révolutionnaires de la langue dans la poésie nord-américaine des années 1970 : idéalisme ou réalité ?

« En principe, ce qui fait (l’art et) la littérature, c’est l’arrachement aux systèmes d’évidence. Or ces derniers se ratifient dans la langue », écrit Sandra Lucbert dans Défaire voir. Littérature et politique (2024). L’ambition de désaliéner le langage prisonnier de l’ordre capitaliste est déjà à l’œuvre chez les poètes nord-américains du mouvement Language, qui transforment la page du poème en un espace d’observation et de reconfiguration de la langue. Mais peut-on assimiler les « jeux du langage », qu’ils soient expérimentaux ou analytiques, à un travail de sape de l’hégémonie ? Cette question, qui renvoie à deux positions théoriques contraires – la critique lukácsienne des avant-gardes et la défense poststructuraliste de la poésie expérimentale –, amène à réfléchir à la pluralité de modèles de l’écriture poétique, lorsque celle-ci aspire au statut d’arme politique.