
Appel à contributions pour un volume collectif : La guerre au XXIe siècle : reflets littéraires et réflexions géopolitiques
Coordonné par : Simona Jișa, Sergiu Mișcoiu, Sonia Zlitni Fitouri et Timea Gyimesi
Argument :
Ce volume se propose d’analyser la guerre, en particulier au XXIe siècle, à travers une approche interdisciplinaire, en mettant en lumière son impact, principalement négatif, sur la vie des individus. Malheureusement, cette thématique demeure d’une grande actualité, et certaines parties de cet ouvrage pourront être dédiées aux conflits en Ukraine, au Proche-Orient et au Moyen-Orient. Ce sera l’occasion de réfléchir aux causes et aux conséquences tragiques que génèrent les guerres de toute nature à travers le monde. Nous invitons des spécialistes de tous horizons à proposer des solutions, tout en abordant les dimensions littéraires, géopolitiques, culturelles, religieuses, etc.
Aujourd’hui, vivre avec la guerre, ses traumatismes et ses conséquences persistantes est devenu une réalité pour des générations n’ayant pas connu de conflit militaire direct. Avant la « longue paix » débutant en 1945, les siècles de formation de l’Europe moderne étaient marqués par des guerres prolongées (comme la Guerre de Cent Ans ou la Guerre de Trente Ans). Bien que la guerre ait longtemps été un dernier recours, elle faisait partie intégrante de la vie sociale, influençant parfois l’organisation des sociétés et jouant un rôle dans la construction du pouvoir politique. Si près de quatre-vingts années de paix ont transformé les critères d’acceptabilité de la guerre, la mémoire européenne reste marquée par les conflits passés, tout comme les guerres d’indépendance ont façonné la vie des peuples en Afrique. C’est pourquoi chaque témoignage, prise de parole, enquête ou chronique – qu’elle soit littéraire ou documentaire, qu’elle provienne d’anciens soldats ou de victimes des guerres – contribue à renforcer notre mémoire collective, dans le but d’instaurer une culture de réparation et de réconciliation.
La guerre, en tant qu'événement vécu et traumatisant, est indissociable des enjeux liés aux territoires et aux frontières. À travers les conflits contemporains, il est essentiel de s’interroger sur la manière dont les différentes disciplines des sciences humaines, politiques, juridiques, etc. abordent ces questions et apportent des réponses adaptées. Que peuvent révéler les faits historiques ? Quelle contribution peut apporter la fiction, cet « intercesseur » (Deleuze et Guattari, 1991), pour dévoiler les « modes d’existence » (Souriau, 2009) inédits que ces conflits génèrent ? En exposant les tensions territoriales, les discours de toutes sortes interrogent les frontières physiques et mentales, et nous amènent à réfléchir à la manière dont ces représentations influencent notre compréhension des espaces vécus et des identités bouleversées, de l’Ouest à l’Est et du Sud au Nord.
Axes de réflexion :
- La Guerre et/ou la Paix
Il s’agit de réfléchir sur la dialectique entre la guerre et la paix sur leur coïncidence ou alternance possible ou impossible. Tout comme Léon Tolstoï dont la fresque romanesque, parsemée de tant de réflexions personnelles, s’étale sur une quinzaine d’année, les contributeurs pourraient analyser l’impact de longue durée des guerres actuelles, les causes politiques, économiques ou sociales qui les font éclater ou rebondir.
- Dans le monde rien de nouveau
Si Eric Maria Remarque écrivait qu’à l’Ouest rien de nouveau, il nous semble qu’à l’heure actuelle tous les points cardinaux s’enflamment. Des alliances se lient et se délient qui polarisent le monde, en engendrant des conflits qu’on croyait déjà dépassés, génocides ou combats de guérilla, cyberguerres et actes de terrorisme.
- La femme comme champ de bataille
L’écrivain roumain Matéi Vișniec, réfugié politique en France vers la fin du régime communiste, tire de son expérience de reporter de guerre dans les territoires de l’ex-Yougoslavie, les leçons dures qui ont révélé que dans la guerre tout est permis et que les femmes et les enfants en sont les victimes collatérales. Comment réagir devant les violences physiques et psychiques, les traumas insurmontables et comment organiser les résiliences, lorsque le viol devient une arme de guerre et les enfants-soldats n’ont plus d’enfance ?
- Incendies
Wajdi Mouawad et ensuite le réalisateur Denis Villeneuve ont montré combien une famille – au niveau microsocial et un pays – au niveau macrosocial peuvent être bouleversés par des conflits, et combien il est facile qu’un être humain se déshumanise en temps de guerre. Comment préserver alors son identité ?
- Les Soleils des indépendances
Les réflexions des collaborateurs à ce volume pourraient également porter, à la trace d’Ahmadou Kourouma, sur la partie d’ombre que les indépendances ont apporté en Afrique et ailleurs, sur les régimes dystopiques et les dictateurs qui ont pris le pouvoir, sur les décennies grises ou noires traversées, sur les révolutions « tranquilles » ou sanglantes.
- La postmémoire
Ce concept créé par Marianne Hirsh désigne les traces que les traumatismes laissent sur les générations suivant celles des victimes. Il s’agit d’une forme de mémoire indirecte reposant sur les souvenirs et les images des autres. Selon elle, « Le terme de postmémoire décrit la relation que la « génération d’après » entretient avec le trauma culturel, collectif et personnel vécu par ceux qui l’ont précédée, il concerne ainsi des expériences dont cette génération d’après ne se « souvient » que par le biais d’histoires, d’images et de comportements parmi lesquels elle a grandi. Mais ces expériences lui ont été transmises de façon si profonde et affective qu’elles semblent constituer sa propre mémoire.
- Journal d’une invasion
« Au début, nous ne comprenions pas ce que c’était la guerre » avoue l’écrivain ukrainien Andreï Kourkov en 2022 dans son journal. Nous aimerions dédier une partie du volume à l’expérience personnelle, professionnelle ou littéraire de ceux qui ont été affectés par les conflits qui continuent, en 2025 encore, à tuer et blesser, partout dans le monde.
- L’espoir
Comme le suggère le titre du roman de 1937 d’André Malraux, il faudrait espérer que la vie soit considérée comme la valeur humaine la plus importante, car « Un monde sans espoir est irrespirable ». Et si la force d’un penseur réside, selon André Malraux, dans l’explication des faits, c’est aussi la mission que s’attribue ce volume d’articles.
Et la « bibliothèque » sur les guerres est infinie…
-Bibliographie :
- Aglan Alya, Yann Richard et Pierre Vermeren (dir.), La Guerre de près et de loin XXe et XXIe siècles, Paris, Les Éditions de la Sorbonne, 2023.
- Barnavi, Elie, Dix thèses sur la guerre, Paris, Éditions Flammarion, 2014.
- Boblet, Marie-Hélène et Bernard Alazet (dir.), Écritures de la guerre aux XXe et XXIe siècles, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 2010.
- Brun, Catherine (éd.), Algérie. D’une guerre à l’autre, Paris : Presses Sorbonne Nouvelle, septembre 2014.
- Brun, Catherine (dir.), Guerre d’Algérie. Les mots pour la dire, Paris, CNRS, « Histoire », 2014.
- Brun, Catherine et Shepard,Todd, Guerre d’Algérie. Le sexe outragé, Paris CNRS, 2016.
- Clausewitz, Carl von, De la guerre, Paris, Éditions de Minuit, 1959.
- Dadoun, Roger, La violence : essai sur l’homo violens, Paris, Éditions Hatier, 1993.
- David , Charles-Philippe, « Repenser la guerre et la paix au XXIe siècle », Politique étrangère no. 3, 2013.
- Henniger Laurent et Thierry Widemann, Comprendre la guerre, histoire et notion, Paris, Éditions Perrin, 2012.
- Hirsch, Marianne, « Postmémoire », Témoigner. Entre histoire et mémoire, no 118, 2014.
- Jézéquel, Jean-Hervé, « Les enfants soldats d'Afrique, un phénomène singulier ? Sur la nécessité du regard historique », Vingtième siècle, Revue d’histoire, no 89, 2006.
- Jișa, Simona, Buata B. Malela, Sergiu Mișcoiu (dir.), Littérature et politique en Afrique. Approche transdiciplinaire, Paris, Éditions du Cerf, 2018, coll. « Patrimoines ».
- Jișa, Simona, Sergiu Mișcoiu, Modibo Diarra (dir.), Raconter les politiques conflictuelles en Afrique. Regards croisés, Éditions Cerf, coll. « Patrimoines », 2021.
- Lévy, Bernard Henry, Réflexions sur la guerre, le mal et la fin de l'histoire, Paris, Éditions Grasset, 2001.
- Maalouf, Amin, Les Identités meurtrières, Paris, Éditions Grasset, 1998.
- Martinez-Gros, Gabriel, Fascination du djihad : Fureurs islamistes et défaite de la paix, Paris, PUF, 2016.
- Mișcoiu Sergiu et Hygin Kakaï et Kokou Folly Hetcheli, Recul démocratique et néo-présidentialisme en Afrique centrale et occidentale, Iaşi, Institutul European, 2015.
- Morin, Edgar, Pour une crisologie, Paris, Éditions de L’Herne, 2016.
- Murawiec, Laurent, La guerre au XXIe siècle, Éditions Odile Jacob, 2000.
- Ngandu, Nkashama Pius, Guerres africaines et écritures historiques, Paris, Éditions L’Harmattan, 2011.
- Stora, Benjamin, La guerre des mémoires, Paris, Éditions de l’Aube, 2011.
- Walzer, Michael, Guerres justes et injustes. Argumentation morale avec exemples historiques, Paris, Éditions Gallimard, 2006.
Calendrier :
Lancement de l’appel : 28 janvier 2025
Date-limite pour l’envoi des propositions : 15 mai 2025
Communication des acceptations : 1er juin 2025
Date-limite de l’envoi des articles : 1er août 2025
Publication du volume : 2026 (suggestion initiale : les Éditions Cerf de Paris)
- Les propositions des communications seront envoyées à :
Simona Jișa simonajisa@yahoo.fr
Sergiu Mișcoiu : miscoiu@yahoo.com
Sonia Zlitni Fitouri : soniazf2016@gmail.com
Timea Gyimesi : gyimesitg@gmail.com
Géza Szász : szaszgeza@gmail.com