
Demeurances/demourances. Adaptations du XIXe s. dans la culture iconotextuelle contemporaine (revue Textimage)
« Demeurances/demourances » :
adaptations du XIXe siècle dans la culture iconotextuelle contemporaine (revue Textimage)
Numéro de Textimage (2026)
dir. Jessy Neau (Université de Poitiers) et Valeria Tettamanti (Université de Poitiers)
DEMEURANCE : terme composé, de “demeure” et de la terminaison “ance” que l’on trouve dans “résonance” ou fait de résonner, “constance” ou fait d’être constant, “délivrance” ou fait d’être délivré, “différance” ou fait de différer. La “demeurance” […] est donc le fait de demeurer. Mais paradoxalement, son indécidabilité ôte toute stabilité à la “demeure” : la demeure ne tient pas en place, sa demeurance est faible.
DEMOURANCE : terme composé, formé à partir de “demeure” et de “différance” : la “différance à demeure”, c’est la “demourance comme différance” […] On y entend aussi “mourir”, et un peu “amour”[i].
En combinant les étymologies de maneo (« rester »), morior (« mourir ») et mora (« délai »), Jacques Derrida met en miroir la « demeurance » et la « demourance »[ii] : il suggère ainsi l’aporie « entre le mourir, cette “dernière demeure”, et l’impossibilité, justement, d’y élire une demeure ou sa demeure[iii] ». Étudier les adaptations du XIXe siècle dans la culture iconotextuelle contemporaine comme des « demeurances » signifie parcourir les symptômes intempestifs et les présences phantasmatiques de l’incalculable deuil de l’œuvre-source, qui nous traverse comme inconditionnellement. Le présent projet de numéro envisage de reconstruire les effets instables de la « différance » produits sur l’usager-recréateur, spectateur ou lecteur ; de collecter les restes d’un dépôt mémoriel (au demeurant signifie « au reste » selon le Trésor de la langue française[iv]) ; de cerner les phénomènes de latence et d’apparition, de disparition et de surgissement d’une œuvre ; et d’apprécier, enfin, des modes d’adaptation « épiphaniques »[v].
En accord avec Linda Hutcheon, nous entendons par « adaptation » tout type de réappropriation, réécriture, transposition, supposant un geste à la fois de répétition et de recréation-réinterprétation[vi]. Ainsi, la notion de demeurance/demourance tente précisément de « recadrer l’adaptation sans renoncer drastiquement à la définition traditionnelle[vii] ». Certains projets de recherche en cours autour de l’adaptation et de la transmédialité manifestent une ambition terminologique et/ou conceptuelle qui mérite d’être creusée et circonscrite : le laboratoire FoReLLIS de l’Université de Poitiers s’interroge sur le binôme « Latence et émergence », alors que l’ITEM-CNRS du Centre d’étude sur Zola et le naturalisme se penche sur les « Rémanences » naturalistes[viii]. Or, tout en poursuivant ces suggestions de recherche ce numéro thématique voudrait d’emblée prendre en compte l’ancrage philosophique susceptible d’intéresser l’étude d’adaptations. Dans le champ anglophone[ix], les études de Kamilla Elliott, Thomas Leitch ou Deborah Cartmell mobilisent la philosophie analytique ou l’épistémologie afin de retracer des phénomènes de transformation plus profonds. Le propos du projet « Rémanences » de l’ITEM est plus vaste sur un plan chronologique (XXe-XXIe) et plus restreint sur un plan esthétique[x], car le corpus des œuvres adaptées s’inscrit au sein du naturalisme de l’Europe néolatine.
Ce projet thématique porte donc sur les adaptations (bandes dessinées, séries, films, street art, dispositifs numériques…) des œuvres littéraires du XIXe siècle réalisées ces quinze dernières années. D’une part, le cadre temporel limité, ultra-contemporain, peut favoriser des discours réflexifs sur la culture et la littérature contemporaines en lien avec les enjeux sociétaux qui y seront interrogés (guerres, écologie, droits des minorités…). D’autre part, le parti pris d’un décloisonnement esthétique, incluant les différents genres et mouvements du XIXe (romantisme, naturalisme, polar, roman-feuilleton…), permet de prendre en compte les hybridations déroutantes, aporétiques pour ainsi dire, susceptibles de combiner le beau et le laid, la culture « populaire » et la culture « élitaire », les anachronismes et les phénomènes de déterritorialisation. La série mélodramatique italienne Il paradiso delle signore, diffusée depuis 2015 avec un grand succès international[xi], en est un exemple. Il paradiso delle signore, se déroulant à Milan en 1956, s’inspire de la série britannique The Paradise qui, à son tour, transpose le Paris du Second Empire d’Au bonheur des dames dans l’Angleterre victorienne. De la série italienne, sont découlés les romans « roses » L’estate delle Veneri (2021) et L’estate dei sospetti (2022) qui, d’après l’une des autrices, aspirent à se constituer en véritable « collection »[xii]. Dans quelle mesure Au bonheur des dames de Zola apparaît-il in absentia, tel un zeugme transculturel, réunissant plusieurs aspects (esthétiques, génétiques, thématiques) par un élément commun implicite (inavoué, désavoué…) ?
Dès lors, une perspective comparatiste et interdisciplinaire, intégrant la philosophie, les études des médias et l’histoire culturelle, pourrait mieux rendre compte des glissements antinomiques suggérés par Derrida, la demeure et le « demeuré » (l’esprit « sans demeure »), la constance et la délivrance. Derrida, Aby Warburg et Nietzsche nous invitent à penser ce qui demeure (ou demoure) en termes de crises et d’inerties, de résurgences et de survivances, à envisager la distance d’un rapport incalculable et inévaluable entre œuvre-source et œuvre adaptée[xiii]. La théorie de l’adaptation a d’ailleurs pu emprunter un lexique derridien, en saisissant les relations entre littérature et cinéma à travers les notions de « réécriture » et de « différance »[xiv]. Comme le suggère également le Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du 9e au 15e siècle de Godefroy, l’entrée « demeurance » renvoie à « demorance », soulignant le lien entre la demeure et la « dernière demeure », l’oikos et le retard de l’après-vivre. Dans le Dictionnaire de Godefroy, « demeurer » est à la fois « tarder » (réflexif) et « retarder » (actif) : c’est un délai subi et agi, où à la fois l’on tarde et l’on retarde quelque chose, se situant à la fois « avant » et « après » un phénomène. Nous prêterons alors attention aux effets de diachronie et de diastratie affectant le sens de l’œuvre. Par exemple, le roman de Zola Thérèse Raquin se passe à Paris au XIXe siècle, alors que l’adaptation cinématographique homonyme de Marcel Carné (1953) se déroule à Lyon au XXe siècle : ce réaménagement chronologique et géographique produit une atmosphère toute différente. Dans ce cadre, l’archipel derridien a le mérite de problématiser l’idée narratologique de « chronotope », déjà questionnée, sous un angle différent, par Henri Mitterand et, plus récemment, par Hans Färnlöf[xv]. Par là même, Derrida fragilise la cohérence mimétique, à la fois esthétique et axiologique, du temps et de l’espace, pour donner à voir une demeure disparue qui (re)apparaît là où on ne l’attend pas.
Nous pourrions même interroger les adaptations faniques (fan art, fanvid, livres augmentés) à travers la terminologie que les fans eux-mêmes utilisent, tout en en esquissant une métacritique. Ces figures hybrides que sont les fans, à la fois lecteurs, créateurs et animateurs d’une communauté, restituées, pour ainsi dire, à leur responsabilité historique, peuvent révéler les potentiels interactifs d’une œuvre du XIXe siècle. Juger une fanfiction comme étant trop « out of character » (OOC) n’est-elle pas, d’une certaine manière, une façon de revoir la création dérivée comme foncièrement déterritorialisante ? De quelle manière ces discours des fans configurent-ils une certaine « fidélité », « tenue et tenace[xvi] », à l’œuvre-source, critère opératoire à la fois en termes de récréation et d’horizon d’attente ?
Bien que riches et croissantes, les études d’adaptation privilégient les aspects narratifs et fictionnels, voire les rapports d’intertextualité ou de transfictionnalité à l’œuvre. En lien avec le cadre conceptuel ébauché, nous favoriserons une analyse des demeurances suivant l’approche esthétique et philosophique de Manovich, en marge des perspectives « internalistes » ou « externalistes »[xvii]. Il serait alors intéressant de tenir ensemble les questions de forme et « la matérialité du support, le catalogue de la maison, les collections, les réseaux de distribution ou la présentation matérielle des textes[xviii] », bref, l’industrie culturelle des adaptations. Comment la bande dessinée Les Zola de Méliane Marcaggi et Alice Chemama (Dargaud, 2019), inspirée de la vie d’Émile et Alexandrine Zola, « demeure » dans La Tour de Babel. Voyages au cœur du grand bazar européen de Kokopello (Dargaud, 2024), où le chien Zola accompagne un reporter dans les institutions européennes lors de l’éclatement de la guerre en Ukraine ? Lire ces deux ouvrages, publiés par un même éditeur, revient à « délimiter une unité [discursive] [xix] ». Dans quelle mesure ces œuvres, si contiguës sur le plan temporel mais divergentes sur le plan thématique, sont-elles redevables des pactes de lecture spécifiques configurés par l’« énonciation éditoriale[xx] » de Dargaud ?
Les contributions de ce numéro pourraient prêter attention aux phénomènes suivants :
- les adaptations d’adaptations ; adaptations partielles, états iconotextuels d’adaptation et adaptations d’états ;
- les paradoxales « adaptation[s] ignorante[s][xxi] », à la fois faiblement documentées et très fidèles par rapport à l’iconotexte source ;
- les récréations en réseau : instances, fonctions, opérations et acteurs (producteurs, réalisateurs, scénographes, traducteurs…) qui gravitent autour de la production internationale des œuvres ;
- la réapparition de schémas culturels transhistoriques ;
- les contiguïtés temporelles entre des œuvres produites dans des contextes culturels et nationaux différents, mais inspirées d’un même objet du XIXe siècle ;
- la recréation d’une « ambiance », comme l’« ambiance à la Maupassant[xxii] » esquissée par François Dermault dans ses bandes dessinées Rosa, Le pari (2015) et Les hommes (2019), eux-mêmes inspirés d’un texte de Bernard Ollivier ;
- les acteurs-personnages récurrents, comme l’acteur italien Raf Vallone, qui apparaît dans le film Riso amaro (1949), inspiré des Malavoglia (œuvre ensuite transposée en photoroman dans Noi donne et en roman illustré dans Novelle Film. Rivista cinema illustrata), et dans le film Thérèse Raquin (1953). Dans quelle mesure la récurrence d’un même acteur, occupant une place différente, sorte de polyptote transculturel, produit-elle une convergence des personnages, voire des thèmes naturalistes transnationaux ?
Ces pistes d’analyse visent, en somme, à dépasser le rapport traditionnel, hiératique, de « dégradation » entre l’œuvre-source et l’œuvre adaptée, pour cerner une dynamique de transfert entre textes et images capable de re-semantiser l’objet transféré, voire de « retarder » ses raisons originelles — culturelles, historiques, patrimoniales. Ainsi, étudier les demeurances du XIXe pourrait interroger, sur un plan épistémologique, le régime d’« historicité du canon[xxiii] », traditionnellement marqué par les persistances et les pertes, les classiques inoubliables (du XIXe siècle, siècle du roman « moderne » par excellence) et les oubliés. Par ailleurs, décloisonner les temps prétendument « linéaire » de l’adaptation, de l’œuvre-source à l’œuvre dérivée, permettrait de cloisonner le tempo de la récréation en demeurance/démourance, avec ses tâtonnements, ses bifurcations et ses imprévus. Cela permettrait alors de cerner, par la prise en compte de différents capitaux (sociaux, relationnels…), les écarts différentiels entre ressource (adapter un « Hugo », par exemple) et profit (bénéfices symboliques et matériels qui peuvent en dériver, ou non). Enfin, l’adaptation en demeurance nuancerait le déterminisme d’une cause (un iconotexte A) à un effet (un iconotexte B), car la première « survit, symptomalement et fantomalement, à sa propre mort […] dans les limbes encore mal définis d’une “mémoire collective”[xxiv] ».
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Les propositions de contributions (max 500 mots) sont à adresser à jessy.neau@univ-poitiers.fr et à valeria.tettamanti@univ-poitiers.fr avant le 31 mai 2025.
Les articles (max 40.000 signes) seront à remettre au plus tard le 30 septembre 2025. Le numéro paraîtra en 2026.
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Bibliographie :
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[i] Charles Ramond, Dictionnaire Derrida, Paris, Ellipses, 2016, p. 59-61.
[ii] Jacques Derrida, Demeure – Maurice Blanchot, Galilée, Paris, 1998, p. 128.
[iii] Joseph Cohen, « Ce qui demeure… », Rue Descartes, 2006/2, n° 52, https://www.cairn.info/revue-rue-descartes-2006-2-page-39.htm, consulté en ligne le 02/08/2024.
[iv] « Demeurance », Trésor de la Langue Française, http://stella.atilf.fr/Dendien/scripts/tlfiv5/advanced.exe?8;s=3893837760, consulté en ligne le 02/08/2024.
[v] Ces modes ne renvoient pas à l’« autogenèse mystique » d’une création artistique, dont on ne pourrait pas reconstruire les conditions sociales. La dimension épiphanique de ces adaptations, comme on le verra mieux au fil de l’argumentaire, essaie au contraire de circonscrire des parcours de lecture volontiers erratiques, des rapports esthétiques affectés (délibérément indifférents, passionnément désintéressés…) vis-à-vis de l’objet de départ, des réminiscences (parcellaires, scolaires…) surgissant d’un réseau littéraire et extra-littéraire, des rapports diffractés à la création-adaptation, entre lapsus et « incorporation », pour reprendre un concept de Bourdieu.
[vi] Linda Hutcheon, A Theory of Adaptation, Londres & New York, Routledge, 2013.
[vii] Jan Baetens, « Où en sommes-nous ? Notes en vue d’un état de la question en études de l’adaptation », Genesis, 57/2024, http://journals.openedition.org.ressources.univ-poitiers.fr/genesis/8652, consulté en ligne le 13/01/25. Dans cette perspective, voir aussi Alain Boillat, « Présentation. L’adaptation comme objet de la génétique », ibid., https://journals.openedition.org/genesis/8644, consulté en ligne le 31/01/2025.
[viii] Nous nous référons au « Programme scientifique (2022-2025) : latence et émergence », porté par Anne-Cécile Guilbard et Julien Rault (https://forellis.labo.univ-poitiers.fr/axe-medialites-intermedialites-transmedialites/, consulté en ligne le 02/08/2024), et au projet international Translitterae « Rémanence des naturalismes/vérismes de l’Europe néolatine du XIXe siècle dans les cultures artistiques contemporaines (XXe/XXIe) », porté par Olivier Lumbroso (ITEM-CNRS Centre d’étude sur Zola et le naturalisme), https://www.translitterae.psl.eu/remanence-des-naturalismes-verismes-de-leurope-neolatine-du-xixe-siecle-dans-les-cultures-artistiques-contemporaines/, consulté en ligne le 02/08/2024. Cette piste de recherche autour des « rémanences » naturalistes avait déjà été ébauchée en 2018, par l’ouvrage dirigé par Jean-Sébastien Macke et Aurélie Barjonet (dir.), Lire Zola au XXIe siècle, Paris, Garnier, 2018.
[ix] Dans le champ francophone, qui est moins familier de cette approche, nous signalons l’article de Sébastien Lefait, « Monstrueuse convergence ? Penny Dreadful, ou la littérature à l’épreuve de la transmédialité » (TV/Series, 12/2017, http://journals.openedition.org/tvseries/2162, consulté le 02/08/2024), qui se penche sur les idées de « spectralité », d’« emprunte » et de « symptôme » élaborées par Derrida.
[x] Le problème esthétique du « réalisme » ou du « naturalisme » des adaptations a déjà fait l’objet d’une attention particulière. Parmi les nombreuses études sur le sujet, nous nous limitons à signaler Sylvie Boulard-Bezat, « Les adaptations du Père Goriot », L’Année balzacienne, vol. 8, 1987 ; Anne-Marie Baron, Romans français du XIXe siècle à l’écran. Problèmes de l’adaptation, Clermont-Ferrand, Presses de l’Université Blaise Pascal, « Cahiers romantiques », 2008 ; et plus récemment, Christophe Gelly (dir.), Écrans, « Le réalisme français du XIXe siècle et sa transposition à l’écran colloque », 1, no 5, 2016.
[xi] En mai 2024, le record de vues pour la sixième saison est atteint. Les ventes concernent plus de 70 pays, parmi lesquels États-Unis, Espagne, Japon, Philippines, Portugal, et Grèce. 37 groupes et pages Facebook fandom sont dédiés à la série italienne.
[xii] Camilla Bertoni, entretien avec Monica Mariani et Francesca Primavera, « L’estate delle Veneri: il romanzo ambientato a Cesenatico che si ispira alla serie tv Paradiso delle signore », https://corrieredibologna.corriere.it/bologna/cultura-spettacoli/21_ottobre_11/estate-veneri-romanzo-ambientato-cesenatico-che-si-ispira-serie-tv-paardiso-signore-7e11f100-2a93-11ec-a8a7-97c00bb2b6f7.shtml, consulté en ligne le 14/01/2025.
[xiii] Sur la pensée de Derrida autour du deuil et de la survivance, déjouant à la fois l’aporie de la relève et celle de la finitude, voir Jacob Rogozinski, « Feu la mort : deuil, survie, résurrection », Les Cahiers philosophiques de Strasbourg, 39/2016, mis en ligne le 03 décembre 2018, consulté en ligne http://journals.openedition.org/cps/321, le 15/02/2025. Par ailleurs, le lumineux essai de Marc Goldschmit, L’effraction esthétique. L’écriture de l’art dans le discours philosophique (Paris, Kimé, coll. « Philosophie en cours », 2024) peut aider à penser dans cette perspective.
[xiv] Marie-Claire Ropars, Le Texte divisé. Essai sur l’écriture filmique, Paris, Presses Universitaires de France, 1981 ; et Ecraniques. Le film du texte, Lille, PUL, 1990.
[xv] Hans Färnlöf, « Chronotope romanesque et perception du monde. À propos du Tour du monde en quatre-vingts jours », Poétique, 2007/4 (n° 152), p. 439-456, https://www.cairn.info/revue-poetique-2007-4-page-439.htm, consulté en ligne le 03/08/2024. L’idée de « chronotope », ou de transposition « chronotopique », peut être fragilisée, par exemple, par la prise en compte des adaptations contemporaines de textes déjà illustrés au XIXe siècle : les « réillustrations », récemment explorées dans deux volumes, qui « réénoncent le texte en fonction d’une approche anachronique, historiciste ou encore transhistorique », ainsi que diatopique. Voir Maxime Cartron « Introduction », Littératures classiques, « Réillustrations (XVIe-XXIe siècle). Vol 1 », 108, no 2, 2022, p. 8.
[xvi] Pour paraphraser Georges Didi-Huberman, L’image survivante. Histoire de l’art et temps des fantômes selon Aby Warburg, Paris, Les Éditions de Minuit, 2002, p. 57.
[xvii] Lev Manovich, Le langage des nouveaux médias, Paris, Les presses du réel, 2010.
[xviii] Matthieu Letourneux, Fictions à la chaine. Littératures sérielles et culture médiatique, Paris, Éditions du Seuil, 2017, p. 15.
[xix] Idem.
[xx] Idem.
[xxi] Jan Baetens, « Où en sommes-nous ? Notes en vue d’un état de la question en études de l’adaptation », https://journals-openedition-org.ressources.univ-poitiers.fr/genesis/8652#bodyftn15, consulté en ligne le 13/01/25.
[xxii] François Dermaut, interviewé par Jean-Sébastien Chabannes : « une ambiance à la Maupassant, avec en plus un bon texte, une sorte de synopsis “développé” » (https://www.actuabd.com/Francois-Dermaut-Malefosse-Rosa-J-ai-demande-a-Glenat-de-changer-de-scenariste, publié le 1 décembre 2012, consulté le 02/08/2024).
[xxiii] Jan Baetens, « Où en sommes-nous ? Notes en vue d’un état de la question en études de l’adaptation », https://journals-openedition-org.ressources.univ-poitiers.fr/genesis/8652#bodyftn15, consulté en ligne le 13/01/25.
[xxiv] Georges Didi-Huberman, L’image survivante. Histoire de l’art et temps des fantômes selon Aby Warburg, op. cit., p. 67.