
Le fil dans tous ses états : des activités sociales à travers les temps aux représentations dans la littérature et les arts (Tunis)
L’Institut National du Patrimoine – Tunisie,
Le Laboratoire de Recherche Communication, Interculturel, Genre, Arts, Langues & Société – Maroc
L'Amicale des agents et employés de l'Institut National du Patrimoine &
L’Association Méditerranéenne pour la Pédagogie et la Citoyenneté – Tunisie
organisent un
Colloque international pluridisciplinaire
Le fil dans tous ses états :
des activités sociales à travers les temps aux représentations dans la littérature et les arts
Tunis, 30 et 31 octobre 2025
La thématique de ce colloque pluridisciplinaire centrée sur le fil et le tissage est l’occasion de s’interroger, au travers des différentes disciplines, sur l’importance de cette activité, sa richesse, sa variété et son évolution, de donner à voir ses représentations dans la mythologie, la littérature et les arts.
D’un point de vue anthropologique et historique, le fil et son usage dans les sociétés ont connu une remarquable évolution. Ils ont également été d’importants marqueurs sociaux : que ce soit dans la fabrication des premiers objets tissés par les hommes pour se vêtir, se couvrir ou pour satisfaire d’autres besoins comme le tissage d’objets raffinés, le fil tissé distingue, hiérarchise. Il rentre d’un pays à l’autre, d’une région à l’autre, dans les statuts culturels et les distances entre les classes.
Dans le premier volet du colloque, la réflexion sera centrée sur l’historique du fil et du textile, la gestion de ce domaine entre la sauvegarde du patrimoine et la modernisation due au développement technologique et aux besoins de la société de consommation. Les matériaux comme supports des mémoires et comme éléments constitutifs de l’identité constitueront également d’autres centres d’intérêt du colloque.
Les interventions porteront sur le fil en tant que matériau dans tous ses états, des premiers travaux de transformation de la laine et du coton pour la fabrication d’objets tissés de première utilité au développement des industries du textile et à l’invention de nouveaux textiles (tissus synthétiques ; recyclage, etc.) en passant par les techniques d’embellissement textile (broderie, dentelle, tapisserie fine, etc.)
Le deuxième volet portera sur le fil comme métaphore de la création littéraire et artistique. Aussi la réflexion sera-t-elle consacrée à la création littéraire comme mode d’activité de tissage de liens et d’images ainsi qu’à la dynamique des relations entre texte et langage.
Rappelons que le mot « texte » est issu du latin « textus » qui signifie « tissu » et suggère l’entrelacement, l’agencement. Il s’agit donc d’un réseau de relations et de constructions qui produisent sa « texture ».
Le tissu comme métaphore de la création, la métaphore du tissage, celle du fil et du métier reviennent souvent dans la littérature et ils sont largement exploités pour définir l’écriture comme un travail d’élaboration esthétique pour une meilleure mise en forme de la pensée. La langue cherche à faire apparaître les liens entre textile et texte dans une dynamique entre la matière, la forme et le tisseur. « Sténie est sur le métier pendant quatre ans », écrit Balzac. De son point de vue, le travail du tisseur des mots et des idées exige comme celui de l’artisan temps, concentration et choix de couleurs à la fois harmonieuses et expressives. En parlant du genre romanesque, l’auteur de Sténie précise bien que chaque ouvrage se distingue par ses « couleurs différentes. »
Dans le rapprochement entre les deux activités, d’autres dimensions sont à considérer dans la mesure où le tissu évoque la matérialité du travail littéraire. Flaubert parle « d’habiller » le texte d’images et de tournures élégantes à partir d’une première ébauche. Proust attribue à son personnage créateur le principe de construire l’ouvrage « comme une robe ». Le vêtement sert donc de modèle pour une création littéraire dont le processus depuis la conception jusqu’à l’achèvement s’appuie sur le tissage.
L’œuvre achevée est par ailleurs considérée comme une seconde vie. Proust écrit dans La Recherche du temps perdu : « [L]a vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent pleinement vécue, c’est la littérature ». Il signifie ainsi que résister à la disparition, vivre malgré la conscience d’une mort inéluctable n’est que tisser les fils de son vécu, nouer ces fils et les dénouer, superposer les couches pluridimensionnelles de son être-là-au-monde, reculer et zoomer pour améliorer, corriger, parfaire et apprécier à la fois les détails et la vue d’ensemble de son ouvrage.
Axes de recherches proposés à titre indicatif
I. Le fil entre anthropologie et histoire
- La diversité des objets du tissage, leur inscription dans l’histoire de l’humanité, l’évolution des matériaux et des techniques dans le temps.
- Mythologie féminine du fil.
- Catégories et métiers du tissage dans les cultures et les classes sociales.
- Tissus et tissage entre traditions, sauvegarde du patrimoine et modernisation.
- Le tissage entre mémoire et oubli : la transmission du patrimoine du fil, héritage, originalité et innovation.
- Frontières du patrimoine du tissage : modes de circulation des savoirs-faire des objets à travers les expositions, les foires, les compétitions, les défilés de mode, etc.
- Des mots tissés sur le tissage, marques, identités, propriétés et significations dans la circulation des objets finis.
- Fils, mémoires, identités régionales et nationales.
- Rôle des médias dans la mise en valeur des produits de tissage.
Il est important de rappeler ici, qu’à côté des travaux de recherche académique, il y a le rôle des associations qui, à leur tour, s’activent pour sauvegarder le patrimoine du fil et du tissage en organisant des rencontres, des séminaires, des ateliers de formation, etc. Pour cela, les organisateurs du colloque proposent, pour les 30 et 31 octobre 2025, d’ouvrir les journées de travail aux associations (tables rondes, rencontres, expositions) dans les lieux du colloque.
II. La présence du fil dans la littérature et les arts
- Sociopoétique du textile : tissus, tissage et texture dans la création littéraire
- La couture et le tissu comme métaphores de la création littéraire
- Le fil dans le mode de vie des écrivains : ethos, et codes
- Les vêtements, le corps et la littérature
- Les vêtements dans les spectacles et le théâtre
- Variations sur le tissage et ses significations dans les arts plastiques
- L’esthétique du fil rompu dans le texte littéraire (entre écriture fragmentaire, écriture décousue, esthétique du doute et inachèvement en littérature).
- Le fil, le temps, le destin et la mort dans le roman
- La figure de la couturière, de la tisserande et de la brodeuse dans la littérature
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Les propositions de communication doivent s’inscrire dans l’un des axes précités, comporter un titre, un résumé de 400 mots, 5 mots-clés et une notice biographique (5-10 lignes) ainsi que l’institution de rattachement des auteurs.
Elles doivent être envoyées aux deux adresses suivantes :
Les actes du colloque seront publiés. Les normes de rédaction seront communiquées aux auteurs dont les propositions seront acceptées.
Les frais de déplacement et d’hébergement seront à la charge des intervenants.
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Dates à retenir
- Soumission des propositions 25 avril
- Notification d’acceptation le 10 mai
- Envoi des articles le 15 septembre
- Tenue du colloque : 30 et 31 octobre 2025
Coordination du colloque
- Gleya MAATALLAH, Université Manouba, Tunis, Tunisie
- Hassan FATHI, Université Mohammed V de Rabat, Maroc
Comité d’organisation
- Faten BOUCHRARA, Université de Manouba, Tunisie
- Fatima Zohra FATHI, Université Moulay Ismail, Meknès, Maroc
- Gleya MAATALLAH, Université Manouba, Tunis, Tunisie
- Hanae FILALI, Université Moulay Ismail, Meknès, Maroc
- Hassan FATHI, Université Mohammed V de Rabat, Maroc
- Hassen BKHEIRIA, Institut Supérieur des Études Appliquées en Humanités de Tozeur, Université de Gafsa – Tunisie
- Houda WAHBI, Université Hassan II, Mohammedia, Maroc
- Khadija OUTOULOUNT, Université Chouaib Doukkali, El Jadida, Maroc
- Lassad DANDANI, Université de Manouba, Tunisie
- Mohssine FATHI, Université Cadi Ayyad, Faculté polydisciplinaire, Safi, Maroc
- Omar EL FATHI, Université Moulay Ismail, Meknès, Maroc
- Youssef ABOUALI, CRMEF, Marrakech, Maroc
- Zouhaier CHAGWAY, Institut National du Patrimoine, Tunis
Comité scientifique
- Abdeljalil ELKADIM, Université Moulay Ismail, Meknès.
- Abdellah STITOU, Université Moulay Ismail, Meknès, Maroc
- Bouchra BENBELLA, Université Moulay Ismail, Meknès, Maroc
- Faïza GUENNOUN HASSANI, Université Sidi Mohammed Ben Abdellah, Fès, Maroc
- Ghofrane EL KHOMSSI, Université Hassan Premier, Settat, Maroc
- Gleya MAATALLAH, Université Manouba, Tunisie
- Habib MELLAKH, Université de Manouba, Tunisie
- Hakima LOUKILI, Université Sidi Mohammed Ben Abdellah, Fès, Maroc
- Hanae FILALI, Université Moulay Ismail, Meknès, Maroc
- Hassan FATHI, Université Mohammed V de Rabat, Maroc
- Hassen BKHEIRIA, Institut Supérieur des Études Appliquées en Humanités de Tozeur, Université de Gafsa – Tunisie
- Karima ZIAMARI, Université Moulay Ismail, Meknès, Maroc
- Khadija OUTOULOUNT, Université Chouaib Doukkali, El Jadida, Maroc
- Mehdi FOUAD, Université Moulay Ismail, Meknès, Maroc
- Mohamed HICHCHOU, Université Moulay Ismail, Meknès, Maroc
- Mohamed LEHDAHDA, Université Moulay Ismaïl, Meknès, Maroc
- Mohssine FATHI, Université Cadi Ayyad, Faculté polydisciplinaire, Safi, Maroc
- Mokhtar FARHAT, Université de Gafsa, Tunisie
- Neila MANNAI, Université de Gafsa, Tunisie
- Ouidiane ELAREF, Université Cadi Ayyad, Marrakech, Maroc
- Rym BEN TANFOUS, Université de Gafsa, Tunisie
- Salah DEGANI, Université de Tunis El Manar, Tunisie
- Syrine FARHAT, Université de Gafsa, Tunisie
- Youssef ABOUALI, CRMEF, Marrakech, Maroc
- Zohra LHIOUI, Université Moulay Ismail, Meknès, Maroc