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Appels à contributions
Le corps dans la littérature et les arts (revue Sémiolitté)

Le corps dans la littérature et les arts (revue Sémiolitté)

Publié le par Marc Escola (Source : Tariq Oukhada)

Appel à contributions

Le corps dans la littérature et les arts

La revue Sémiolitté lance un appel à contributions pour un numéro thématique consacré à l’imaginaire et à l’esthétique du corps dans la littérature et les arts. Le numéro vise à explorer les multiples dimensions du corps dans les textes littéraires, les arts visuels, les performances, le cinéma, les médias numériques et autres formes d’expressions artistiques. Les contributions pourront s’inscrire dans une perspective interdisciplinaire, croisant sémiotique, études littéraires, ethnoscénologie, communication, philosophie, anthropologie, histoire de l’art, études culturelles et autres champs connexes.

Qu’il soit objet de représentation, vecteur de sens ou lieu de mutation, le corps constitue une problématique centrale dans les productions littéraires et artistiques. Considéré comme un langage à part entière, le corps communique à travers ses postures, ses gestes, ses expressions faciales et sa manière d’occuper l’espace. Élément important du discours littéraire et artistique, le corps se prête à être analysé à travers divers prismes : la sémiotique, la proxémie ou encore la gestualité.  De la danse rituelle aux codes sociaux du corps en société, en passant par l’écriture corporelle (tatouages et scarifications), le corps est une surface de signification autant riche qu’intellectuellement stimulante. En littérature, le corps est beaucoup plus qu’un élément descriptif : il incarne un espace de tensions, de mutations et de revendications. Les représentations littéraires du corps permettent d’explorer la condition humaine dans toute sa complexité : entre matérialité et abstraction, entre norme et monstruosité, entre puissance et fragilité. Balzac et Zola faisaient, par exemple, du corps un miroir de la condition sociale :  le corps bourgeois, bien-portant, lavé et fardé contraste avec la maigreur et la pâleur du corps de la classe ouvrière. Dans la danse, le théâtre ou la performance artistique, le corps devient un médium, une matière en mouvement qui exprime, incarne et communique. Les rituels, qu’ils soient religieux, sociaux ou artistiques, mettent en scène le corps de manière codifiée, en le soumettant à des épreuves et à des transformations.

Axes thématiques (à titre indicatif) :

  • Corps et identité : Genre, sexualité, classe sociale, vieillissement, construction et déconstruction des normes identitaires à travers le corps.
    Le corps est indissociable de la question de l’identité. Il est un marqueur du genre, de l’âge, du sexe et de la classe sociale. Ces différentes catégories influencent ses perceptions et ses représentations, entre normes dominantes et résistances culturelles. La littérature et les arts interrogent ainsi la manière dont les identités se construisent à travers le corps, qu’il s’agisse des corps queer qui défient la binarité de genre, des corps racialisés pris dans des rapports de domination, ou encore des corps vieillissants, souvent invisibilisés dans les représentations culturelles.
  • Le corps souffrant : Représentations de la douleur, du trauma, du handicap, des troubles alimentaires (anorexie, obésité), de la maladie, de l’enfermement et de la mort.
    Par ailleurs, le corps souffrant est un motif récurrent dans les récits littéraires et artistiques. La douleur physique et psychique, le trauma, la maladie, le handicap, l’anorexie ou l’obésité sont autant de thématiques qui interrogent la manière dont la vulnérabilité corporelle est représentée. Le corps malade, enfermé ou mutilé est souvent porteur d’une symbolique forte : il peut être signe de transgression, de résistance ou au contraire de fragilité et d’assujettissement. La souffrance du corps est également un espace d’exploration des limites de l’humain, de l’altérité et du rapport à la mort.
  • Le corps transgressif : Monstruosité, hybridité, excès, tabous, corps hors normes, figures marginales et subversives dans la littérature et les arts.
    Si le corps souffre, il peut aussi être un lieu de transgression. Le corps monstrueux, hybride ou tabou constitue un enjeu majeur des représentations littéraires et artistiques. Qu’il s’agisse de figures de l’étrangeté et de la difformité en littérature et dans les récits mythologiques, des corps mutants dans la science-fiction ou de la décrépitude du corps dans la littérature décadente, la transgression corporelle interroge la frontière entre le normal et l’anormal, l’humain et l’inhumain. Ces corps hors normes sont souvent des espaces de révolte contre les carcans sociaux, témoins d’une tension entre désir et rejet.
  • Le corps augmenté : Cyborg, posthumanisme, transformations corporelles (chirurgie esthétique, modifications bio-techniques, tatouages, scarifications), enjeux éthiques et artistiques du corps modifié.
    Avec les avancées technologiques, le corps augmenté devient une nouvelle frontière des représentations corporelles. Cyborgs, posthumanisme, modifications bio-techniques, chirurgie esthétique, implants et prothèses redessinent les limites du corps humain. Entre fantasme et réalité, la transformation du corps soulève des questions éthiques et philosophiques : jusqu’où peut-on modifier son propre corps ? Le corps augmenté est-il une libération ou une aliénation ? Ces interrogations, au croisement de la science-fiction et des avancées biomédicales, ouvrent des perspectives nouvelles sur la corporéité.
  • Hygiène et souillure du corps : Pratiques de purification et de contamination, normes de propreté et de saleté, implications sociales, religieuses et symboliques du corps impur.
    La question de l’hygiène et de la souillure du corps traverse également de nombreuses représentations culturelles. Le corps pur et le corps impur sont des constructions sociales et symboliques qui varient selon les contextes historiques, religieux et culturels. La propreté du corps est souvent associée à des normes morales et sociales, tandis que la souillure renvoie à des peurs collectives, qu’il s’agisse du sang, des excréments, de la maladie ou de la contamination. Ces enjeux sont particulièrement visibles dans les rites de purification, les interdits alimentaires ou encore les discours hygiénistes.
  • Beauté et laideur du corps : Évolution des canons esthétiques, variations des représentations du corps selon les contextes historiques, sociaux et culturels.
    Les notions de beauté et de laideur du corps méritent une attention particulière. Les canons esthétiques évoluent au fil des époques et des cultures, influençant les représentations du corps dans la littérature et les arts. Ce qui est perçu comme beau ou laid est souvent lié à des normes culturelles, des traditions et des idéologies. La beauté du corps devient une injonction sociale, tandis que la laideur est souvent associée à la monstruosité, à l’exclusion ou à la marginalisation.
  • Médiatisation et marchandisation du corps : Représentations du corps dans la publicité, le cinéma, la photographie, les réseaux sociaux, marchandisation du corps et de l’intime à l’ère numérique.
    Enfin, les représentations du corps dans les médias constituent un enjeu majeur dans notre société contemporaine. À travers la publicité, le cinéma, la photographie ou encore les réseaux sociaux, le corps devient un objet de mise en scène et de consommation visuelle. L’exploitation du corps à travers la pornographie, l’économie des plateformes numériques (OnlyFans, TikTok, etc.) ou les industries du bien-être et de la beauté soulève des interrogations éthiques et politiques. Le corps est-il un simple produit ? Comment la commercialisation du corps transforme-t-elle les rapports sociaux et intimes ? L’omniprésence du corps médiatisé pose aussi la question du regard : qui contrôle la manière dont le corps est montré, interprété et désiré ? Comment les médias façonnent-ils notre rapport au corps et à l’image de soi ?

Bibliographie :

  •      Ancet, Pierre. Phénoménologie des corps monstrueux. Presses Universitaires de France, 2006.
  •      Ballanfat, Elsa. La Traversée du corps : Regard philosophique sur la danse. Hermann, 2013.
  •      Bernoussi, Mohamed. Communiquer le corps dans la culture marocaine. Paris : L'Harmattan, 2019.
  •      Butler, Judith. Trouble dans le genre : Le féminisme et la subversion de l’identité. La Découverte, 2005.
  •      Calais, Vincent, et al. Le corps des transhumains. Éditions érès, 2019.
  •      Douglas, Mary. De la souillure : Essai sur les notions de pollution et de tabou. Maspero, 1971.
  •      Fontanille, Jacques. Soma et Séma : Figures du corps. Maisonneuve & Larose, 2004.
  •      Foucault, Michel. Histoire de la sexualité. Gallimard, 1976-1984.
  •      Hamideh Lotfinia, Mehdi Ghassemi, Katia Hayek (dir.). La Représentation du corps dans la littérature. Université Lille 3 UL3, collection "travaux et recherches", 2017.
  •      Kober, Marc, Khalid Zekri (dir.). Récits du corps au Maroc et au Japon. Paris, L'Harmattan, 2011.
  •      Le Breton, David. Anthropologie du corps et modernité. Presses Universitaires de France, 2013.
  •      Marrone, Gianfranco, (trad. Bernoussi Mohamed). Principes de la sémiotique du texte. Éditions Mimésis, 2015.
  •      Vigarello, Georges. Histoire de la Beauté: Le Corps et l'Art d'Embellir de la Renaissance à nos Jours. Paris, Seuil, 2004.
  •      Vigarello, Georges. Histoire du Corps (sous la direction de Georges Vigarello, Alain Corbin et Jean-Jacques Courtine). 3 vol., Paris, Seuil, 2005-2006.
  •      Vigarello, Georges. Le Propre et le Sale : L'Hygiène du Corps depuis le Moyen Âge. Paris, Seuil, 1985.
  •      Vigarello, Georges. Les Métamorphoses du Gras : Histoire de l’Obésité du Moyen Âge au XXe Siècle. Paris, Seuil, 2010. 

Modalités de soumission :

Les propositions d’articles devront comporter :

Un résumé (300-500 mots) exposant clairement la problématique, la méthodologie et les principaux axes de réflexion de l’article.

Une notice biobibliographique de l’auteur (100-150 mots) précisant son affiliation institutionnelle et ses principales publications.

Les propositions sont à envoyer avant le 20 avril 2025 à l’adresse suivante : semiolitte@gmail.com 

Les articles retenus, d’une longueur comprise entre 4000 et 7000 mots, devront être envoyés dans leur version finale avant le 31 août 2025. Les textes seront soumis à une évaluation en double aveugle avant publication.

Dates à retenir :

Date limite de soumission des propositions (résumés) : 20 avril 2025

Notification d’acceptation des propositions : 27 avril 2025

Date limite d’envoi des articles complets : 31 août 2025

Date de publication prévue : septembre 2025

 

Pour toute information complémentaire, consultez le site web de la revue : www.semiolitte.com