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Enseigner la littérature contemporaine en prose : quels enjeux ? (Caen)

Enseigner la littérature contemporaine en prose : quels enjeux ? (Caen)

Publié le par Marc Escola (Source : Sylvie Loignon)

Dans le cadre de la journée d’étude annuelle proposée par le LASLAR et consacrée à l’enseignement de la littérature dans le secondaire, nous nous tournerons cette année vers les œuvres contemporaines et de l’extrême contemporain en prose – qu’elles soient fictionnelles ou non fictionnelles. Si la production littéraire est marquée par le triple retour (du sujet, du réel, du récit) depuis le début des années 1980 comme l’a analysé Dominique Viart, la littérature de l’extrême contemporain propose un tressage plus serré avec un réel qu’il s’agit non pas seulement de représenter mais de questionner, et qui infléchit les formes du récit (récits de témoignage, d’enquête, factographies, récits post-exotiques et post-humanistes…). Les littératures contemporaines ne se laissent pas aisément manier – elles témoignent d’un foisonnement qui peut représenter un frein à leur enseignement. Ainsi, dans un récent ouvrage collectif, Anissa Belhadjin et Pierre-Louis Fort se demandent à juste titre : « la littérature contemporaine serait-elle un impensé didactique ? » Ils retiennent ainsi quatre questions liées à la scolarisation de la littérature contemporaine : le corpus, la délimitation de l’objet, les activités à mettre en place, les enjeux. Ce dernier point regroupe les enjeux non pas seulement littéraires et didactiques, mais aussi sociétaux.

C’est cette question des enjeux de cet « impensé didactique » qu’il nous semble pertinent d’interroger en effet. De tels enjeux ravivent le lien au réel et la transitivité de la littérature au présent, mais n’effacent pas les relations qu’elle tisse avec les littératures antérieures. Ce faisant, la scolarisation de la littérature contemporaine appelle un questionnement de sa valeur et une mise en perspective avec les textes patrimoniaux. Cette littérature au présent questionne, ce faisant, les inflexions de la « langue littéraire », depuis un certain classicisme jusqu’aux écritures plus expérimentales. Si la littérature contemporaine demande une contextualisation accrue, c’est qu’elle rend compte de l’inflexion des sensibilités lectrices, qu’elle interroge la réception d’un point de vue individuel (la question du trauma étroitement liée à l’émergence des récits de témoignage et des récits à teneur autobiographique) ou plus collectif. On pourra alors se demander comment parler des œuvres contemporaines après #MeToo, comment lier l’enseignement de cette littérature contemporaine et la culture de l’effacement (cancel culture). Il semble important d’interroger la façon dont on peut aujourd’hui enseigner les œuvres transgressives et modernistes – au regard d’une période marquée par la complexité, la tradition de la libre pensée à la française s’opposant à une forme de contrainte, de restriction, voire de censure venue des Etats-Unis et dont témoigne le trigger warning. Cet enjeu de la littérature contemporaine en prose semble également définir une posture voire un engagement de l’enseignant et de l’enseignant-chercheur. S’agit-il de prendre « le risque du contemporain » (D. Rabaté) ou de considérer l’enseignement de la littérature contemporaine comme un « hasard heureux » (L. Demanze) ? Cet enjeu sociétal de la littérature contemporaine ne permet-il pas, plus largement, de penser la notion même de « communauté » ?

Programme :

« Enseigner la littérature contemporaine en prose : enjeux »

 Journée d’étude du LASLAR, en partenariat avec le Rectorat de l’Académie de Caen

 2 avril 2025 – MRSH, salle des actes et des thèses

 Organisée par Sylvie Loignon (UPPA – ALTER)

10h – Accueil des participants

10h15 – Sylvie Loignon : Introduction à la journée d’étude

10h30 – Marie-Hélène Boblet (Université de Caen Normandie) : « Proust nous prévient : “Le traitement […] par [la] prose […] n’est pas toujours agréable” » : “Voir en prose” (Sandra Lucbert) les enjeux sociaux du monde contemporain »

11h – Stéphane André (Université de Caen Normandie) : « Écriture parodique et roman contemporain : quand les écrivains d’aujourd’hui revisitent la littérature des temps passés »

11h30 – Discussion

12h – Déjeuner

14h - Chloé Chouen-Ollier (Lycée Louise Michel – Champigny-sur-Marne) : « Le contemporain en partage »

14h30 - Éric Hoppenot (INSPÉ de Paris-Sorbonne / Collège international de philosophie) : « Les autres vivants dans les fictions féminines contemporaines : enjeux d’une lecture écopoétique et zoopoétique » 

15h – Discussion

15h30 – Arnaud Genon (Université de Strasbourg – INSPÉ) : « Couvrez cette dark romance qu’on ne saurait lire : pourquoi et comment parler des lectures des adolescent(e)s en classe ? »

16h – Anne Cousseau (Université de Lorraine) : « La littérature vivante, un objet relationnel ? »

16h30 – Discussion

Fin de la journée d’étude à 17h.

La journée sera accessible par zoom

https://syvik-fr.zoom.us/j/96038218278?pwd=ltZwFFrIilocBFrahHLbc8AoRiXnwa.1

ID de réunion: 960 3821 8278


Merci d'écrire à sylvie.loignon@univ-pau.fr pour le code d'accès à la visioconférence.