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Poétique et politique de l'obstacle dans les littératures africaines postcoloniales et Afro-diasporiques

Poétique et politique de l'obstacle dans les littératures africaines postcoloniales et Afro-diasporiques

Publié le par Romain Bionda (Source : Stephane MAHOB )

COLLOQUE JEUNES CHERCHEUR.E.S 2025

THÈME : POÉTIQUE ET POLITIQUE DE L’OBSTACLE DANS LES LITTÉRATURES AFRICAINES POSTCOLONIALES ET AFRO-DIASPORIQUES

 

Argumentaire

En tant qu’une des « composantes essentielles de nos mouvements » (Lèbre, 2023), l’obstacle est inhérent à la vie. N’importe quel élément, matériel ou immatériel, physique ou psychique, réel ou fantasmatique, peut entraver une initiative, une action, une activité, une volonté, un projet, une ambition, un désir, un mouvement, une découverte scientifique, et se constituer en obstacle. Tout, en effet, pour qu’on y regarde attentivement, peut constituer un obstacle. Sur les chemins de la vie, les obstacles sont partout, nombreux, complexes, contraignant et contrariant le sujet.

En parcourant les littératures africaines et afro-diasporiques de la période postcoloniale, le lecteur peut constater au cœur de la trame romanesque, de la séquence poétique ou de l’action dramatique la récurrence d’un sujet individuel ou collectif en conflit avec lui-même, avec un dispositif social, économique, politique ou culturel menaçant sa liberté, son épanouissement, voire sa mobilité. C’est le cas dans les littératures africaines d’expression espagnole (Donato Ndongo, Juan Tomás Ávila Laurel, Inongo-vi-Makomè, Céline Magnéché Ndé Sika, Justo Bolekia Boleká, etc.), où le sujet africain ou afro-descendant est confronté, d’une part, au pouvoir arbitraire des nouveaux maîtres de l’Afrique postcoloniale et, d’autre part, aux travers de l’immigration, aux débordements des cultures locales et de la culture occidentale, ainsi qu’aux défis de la construction de nouvelles identités. Ces constats que l’on peut aussi faire au sujet de nombreux auteurs francophones tels qu’Ahmadou Kourouma, Sony Labou Tansi, Emmanuel Dongala, Alain Mabanckou, Assia Djebar, Calixthe Beyala, Malika Mokeddem, Ananda Devi, Bessora, Leonora Miano, Abdouramane Waberi, Hemley Boum, Shenaz Patel, Eugène Ebodé, pour ne citer que cet échantillon non représentatitif, révèlent l’existence d’obstacles (manifestes ou latents) dont il convient d’identifier les formes et les configurations, et d’analyser les modes de présence, ainsi que les modalités d’insertion textuelle, avant d’en dégager l’impact dans les imaginaires littéraires de l’Afrique postcoloniale et ses diasporas.

L’obstacle est ce qui empêche de passer, ce qui empêche qu’une personne arrive à son but, parvienne à ses fins ou qu’une chose se fasse, réussisse. Aux indépendances africaines – censées marquer non seulement la fin du colonialisme, mais aussi la construction de nations libres, stables, fortes et prospères – ont succédé moult désillusions et écueils repris dans la littérature. Ainsi, la littérature pour le combat de libération des territoires et des corps a cédé le terrain à une littérature pour la libération des esprits, une littérature qui questionne, sous des formes variées, l’ensemble des freins qui ralentissent la transformation positive du continent africain. Dans La Croix du sud, par exemple, Joseph Ngoué remet en cause la notion de race dans le fonctionnement de la société sud-africaine, étant donné que la race, souligne Achille Mbembe (2020 : 29), est « cette plage obscure où, placée par la force du regard de l’autre, l’être humain se retrouve dans l’impossibilité de savoir en quoi consiste l’essence de son travail. » La race, la classe, la fortune, voilà la forme que peut prendre l’obstacle en société.

Qu’il s’agisse de théâtre, de roman ou de poésie, l’obstacle apparaît comme un élément essentiel dans la composition textuelle, dans la progression de l’intrigue ou dans la structuration actantielle. Parlant du théâtre précisément, Souriau (1950) a bien montré que c’est le jeu de forces qui génère la situation dramatique. L’obstacle est, pour lui, la « force opposante » ou « résistance », opposée à la « force thématique », qui est « désir » ou « crainte » ou « n’importe quel sentiment assez fort pour créer un besoin d’atteindre à un but ». Cette force d'obstacle crée le jeu dramatique, et « s’impose par une nécessité fondée en abstrait qui dépasse de loin la simple personnalité d’un rival ou d’un opposant » (Bothorel, 1970).

Dans le contexte postcolonial, l’obstacle naît des abus et des négations multiformes qui ont marqué l’époque coloniale, et qui continuent d’alimenter l’esprit de la révolte et de nourrir la quête d’affranchissement du sujet. Cette quête alimente d’ailleurs le projet postcolonial dont le but principal visé est la création d’un monde nouveau, aux rapports interhumains équitables. C’est dans cette perspective que Mbembe (2013 : 68) voit en la pensée postcoloniale « une pensée du rêve : le rêve d’une nouvelle forme d’humanisme, un humanisme critique qui serait fondé avant tout sur le partage de ce qui nous différencie, en deçà des absolus. C’est le rêve d’une polis universelle et métisse ». En d’autres termes, le projet postcolonial vise à s’émanciper contre tout facteur susceptible de gêner le déploiement et l’épanouissement du sujet humain. 

Les vocables « postcolonie » et « obstacle » sont intimement liés dans la mesure où la postcolonie, à travers le suffixe « post », suppose un moment de rupture et, donc, une prise de conscience des continuités et des héritages coloniaux des siècles après la colonisation (Rabassa, 2009). En un mot, le suffixe « post » est révélateur d’un conflit ouvert entre le passé et le présent. Cette continuité évoque de façon implicite une présence persistante des obstacles qui empêchent la libération totale du sujet de la pensée coloniale. À ces obstacles liés à la colonisation s’ajoutent d’autres qui naissent avec l’évolution du contexte social et des modèles de société qui, changeant au gré du temps, ne parviennent pas toujours à satisfaire les aspirations du sujet humain contemporain. Ces changements sont la conséquence directe du discours postmoderne qui n’a cessé de déconstruire les fondements de la pensée moderne et même de questionner le statut de l’homme (Husti-Laboye, 2007 ; Baudrillard, 1981).

L’obstacle peut ainsi permettre au sujet de questionner son identité, d’évaluer ses forces, de se mirer ou de se mesurer dans un processus non seulement d’affranchissement et de dépassement de sa condition, mais aussi réinvention de soi et de réémergence au monde. Il est parfois cet autre moi intérieur ou extérieur dont la posture ou l’imposture s’avère un véritable frein à l’épanouissement/accomplissement du sujet. L’obstacle peut donc prendre des formes variées : genre, race, frontière, identité, handicap, loi, esthétique, norme, tradition, engagement, langue, etc.

Parler de l’obstacle suppose aussi un questionnement profond de la place de l’Afrique et de l’afro-descendance dans le processus de mondialisation en cours ; ce qui ne peut se faire qu’à une seule condition : la libération de l’Afrique et ses diasporas des idées reçues de la colonisation et de ses excroissances postcoloniales. D’où la nécessité d’un contre-discours à travers les imaginaires, soit l’urgence de mobiliser l’imagination en tant qu’elle est la faculté qui soutient la production des discours analytiques. Les acceptions du vocable « obstacle » sont donc englobantes et non-disqualifiantes ; ce qui donne un large spectre à la thématique : de l’aliénation à la désaliénation en passant par la culture et les traditions, par les féminismes, les frontières, les identités, les utopies, etc.

Parlant des féminismes et des études sur le genre, l’obstacle pourrait se traduire aussi bien par des barrières sexistes élaborées historiquement par le patriarcat, que par des contradictions et des barrières propres nées au sein de l’émulation féministe. Du point de vue de la culture et des traditions, il faut dire que l’obstacle peut être perçu comme ce conflit qui naît du choc de la colonisation, et qui oblige le sujet postcolonial à s’engager dans une quête permanente des valeurs qui lui sont propres, d’autant que la culture est « l’ultime ressource des vaincus » (Denieuil, 2008 : 169).

Dès lors, plusieurs questions affleurent à l’esprit, et constituent des points de départ d’une réflexion plus approfondie sur la problématique de l’obstacle en contexte africain et diasporique. Quelles sont les formes de l’obstacle et leurs modes de présence dans les littératures africaines postcoloniales et afro-diasporiques ? Comment les dispositifs idéologiques et culturels africains et d’ailleurs affectent-ils la quête d’affranchissement du sujet africain et afro-diasporique dans les imaginaires littéraires postcoloniaux ? De ce fait, l’obstacle est-il toujours un obstacle ? Quelle est la fonction – et aussi quel est le fonctionnement – de l’obstacle dans les textes de littérature africaine postcoloniale ou afro-diasporique ? Peut-on parler d’une politique de l’obstacle dans les poétiques africaines postcoloniales et afrodescendantes ? 

Pour répondre à ces questions, et à bien d’autres encore, nous proposons les axes de réflexion non exhaustifs suivants :

Axe 1 : L’obstacle matériel 

On examinera les signes visibles de l’obstacle dans les œuvres à travers notamment le symbolisme des images (Gilbert Durand, Gaston Bachelard). Cela exige une analyse de l’esthétique, des expressions de l’obstacle dans les textes. Comment les textes postcoloniaux représentent-ils l’obstacle ? Quels sont les objets, les archétypes, les symboles « redondants » qui, dans les textes, rappellent toujours la présence d’un obstacle ? Peut-on établir des similarités ou des différences dans des représentations d’auteurs éloignés sur le plan géographique, politique, historique ou culturel au sujet de l’obstacle ? Quels seraient les enjeux d’un rapprochement ou des écarts observés au sein des trajectoires de cette esthétique matérielle de l’obstacle ?

Axe 2 : L’obstacle événementiel 

On pourrait se pencher sur l’impact des événements qui s’inscrivent dans l’écriture postcoloniale de l’urgence, tels que la guerre ou les cataclysmes en vue de démontrer notamment qu’il est des obstacles qui dépassent le champ d’action de l’homme postcolonial et qui demeurent un frein à sa projection dans l’histoire ou le contemporain postcolonial. L’obstacle événementiel comme déterminant de l’impasse historique et mentale des humanités postcoloniales (ex : Haïti et la tragédie de la déportation et des cataclysmes, et y percevoir l’impossibilité de projection des Haïtiens brisés par la déportation esclavagiste et les incessants tourbillons climatiques).

Axe 3 : L’obstacle social

Il s’agit ici de questionner les idéologies dominantes ou les valeurs présentées comme supérieures : le christianisme, l’eurocentrisme, la hiérarchisation des races, des genres, des classes, des cultures, des langues, ou des identités. Ce type d’obstacle implique des ramifications subséquentes en rapport avec les conditions sociales qui renforcent les préjugés sociaux et les stéréotypes culturels autant que les complexes (d’infériorité) des ex-colonisés devant le colon. Le penchant social de l’obstacle se lirait ensuite dans la pensée mémorielle essentialiste qui implique la fixité des choses, en opposition au mobilisme et à la redéfinition des mémoires comme un processus dynamique et constructiviste. La socialité de l’obstacle se verrait aussi bien dans la pensée sexiste et son dépassement par la réification du féminisme (Rich, 1999 : 45), que dans le féminisme occidental et son surpassement par le biais du féminisme décolonial (Lorde, 2003 : 47). 

Axe 4 : L’obstacle psychologique 

On interrogera l’obstacle dans son immatérialité. Ce type d’obstacle renvoie aux fantasmes suscités dans l’esprit des sujets postcoloniaux et afrodescendants, aux traumatismes et complexes paralysants, à l’auto-flagellation, au défaitisme, etc. Ce type d’obstacle renvoie aussi à l’image rêvée qui s’oppose au réel. Il met en exergue les mémoires errantes des sujets postcoloniaux et afrodiasporiques. Dans ce sens, l’obstacle est pensé comme un dispositif mental ou psychologique infranchissable auquel il conviendrait de s’accommoder dans le cours d’une histoire unidirectionnelle, ou de s’en défaire pour réinventer le futur. À ce titre, on pourrait se demander, par exemple, comment le sujet postcolonial ou afrodescendant élabore-t-il des stratégies de résistance ou de résilience face aux divers obstacles identitaires, politiques, économiques et culturels auxquels il fait face.

Axe 5 : L’obstacle moral 

Ce type d’obstacle se rattache au système de valeurs de l’époque du sujet en termes de devoirs, de conceptions de la pudeur, de scrupules de conscience. On pourrait s’intéresser aux marginalités à travers la floraison des identités sexuelles (homosexualité, transgenre, bisexualité, paraphilie, etc.). L’obstacle d’ordre moral réinterroge le discours postmoderne et son impact sur les défis de représentativité de l’histoire, de la mémoire des sujets postcoloniaux et afrodescendants.

Axe 6 : L’obstacle épistémologique 

On pourrait s’intéresser à tout ce qui s’oppose à la connaissance, à ce qui résiste au savoir, empêche ou, paradoxalement, favorise de nouvelles découvertes dans les disciplines. La disciplinarisation, autant que la spécialisation, voire l’hyperspécialisation que l’on observe aujourd’hui dans les sciences, ne sont-elles pas aussi des obstacles à la connaissance du Tout-monde ou du Chaos-monde ? Sans oublier que Bachelard (1938) voyait déjà dans l’acte de connaitre lui-même le principal obstacle à la connaissance. Comment des savoirs fossilisés obstruent-ils le renouvellement nécessaire de la pensée et l’avancement de la science ? Ou alors, et paradoxalement, comment d’anciennes théories peuvent-elles contribuer à frayer de nouvelles perspectives épistémologiques ?

Axe 7 : L’obstacle herméneutique 

Ce type d’obstacle peut renvoyer aux écueils, aux a priori, aux apories et autres biais dans la réception des textes africains et afrodescendants selon les publics et les époques… Qu’est-ce qui s’oppose à une réception satisfaisante d’un texte ? Quels sont les freins qui empêchent la circulation des textes, ainsi que leur diffusion maximale ? on pourrait évoquer les questions culturelles et linguistiques, les contextes historiques et politiques qui influencent la production de ces textes, les spécificités esthétiques liées au style, à la structure singulière, à l’altérité rétive desdits textes, sans omettre les difficultés d’édition et de diffusion qui réduisent considérablement la circulation et l’enseignement de ces textes souvent cantonnés à la périphérie des festivals et des programmes scolaires.

Les personnes désireuses de participer à ce colloque sont invitées à soumettre leur résumé d’une longueur de 300 mots au maximum, ainsi qu’une brève notice biobibliographique de 100 mots maximum, au plus tard le 10 juin 2025, aux adresses e-mail suivantes : collobstacle25@gmail.com et atelier.critique@falsh-uy1.cm. Elles seront notifiées de l’acceptation ou du refus de leur résumé par le Comité scientifique au plus tard le 30 juin 2025.

Les propositions de communication, rédigées en français, en anglais ou en espagnol (caractère : Times New Roman, police : 12, interligne : simple), devront contenir un titre, les nom et prénom de l’auteur, l’organisme d’attachement et une liste de cinq (05) mots-clés. Elles devront également préciser les éléments suivants : l’axe choisi, le cadre théorique de la recherche, la problématique soulevée, la méthode de travail mobilisée et les résultats escomptés.

Le colloque se déroulera au sein de l’Université de Yaoundé I, à la Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines (FALSH), le 13 novembre 2025.


COORDINATION 

Pr Jean Claude Abada Medjo, ENS, Département de Français, UYI

Dr Harman Kamwa Kenmogne, FALSH, Département des Études Ibériques, UYI

Dr Arthur Freddy Fokou Ngouo, FALSH, Département des Études Ibériques, UYI

Dr Rodolphe Kuate Wafo, FALSH, Département des Études Ibériques, UYI

Mme Elvine Félicité Ndouga Nkoa, FALSH, Département de Français, UYI 

 

INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES

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