Colloque International
Redéfinir le Bien-Être : Explorations Littéraires et Artistiques
Institut Universitaire des Etudes Africaines,
Euro-Méditerranéennes et Ibéro-Américaines,
Rabat, les 11 et 12 juin 2025
En tant que reflet de l’expérience humaine, l’art et la littérature offrent des voies privilégiées pour célébrer la quête du bien-être et de l’épanouissement aussi bien pour les personnages que pour les lecteurs. En se connectant aux émotions des personnages, en épousant leurs luttes et en pénétrant leurs vécus, le lecteur est mu par un sentiment de catharsis libérateur l’engageant dans de profondes réflexions curatives. La création artistique s’apparente alors, à un voyage à l’intérieur de soi et à l’intérieur du monde, explorant les blessures de l’âme, les espaces, les cultures et les connexions humaines dans le but d’accéder à un état de bien-être.
En son acceptation la plus large, le bien-être est un sentiment d’épanouissement découlant d’une satisfaction des besoins du corps et de l’esprit. Et il serait réducteur de confiner la définition du bien-être uniquement dans celles conçues par les auteurs du développement personnel car, le bien-être est un concept qui se situe au carrefour de plusieurs domaines et disciplines. De ce fait, il se prête à des variations et à des dérivations diverses, revêt de véritables enjeux et s’attache donc à un éventail de significations possibles.
Dans l’art et la littérature, le bien-être se manifeste par un état de contentement grâce à la consolidation des liens d’amitié, d’amour ou de solidarité, à la connexion avec les éléments de la nature, à la contemplation, à l’évolution et la transformation des personnages, etc. C’est dire que le bien-être est dynamique, fluctuant en fonction des courants artistiques, des expériences de vie des personnages, de leurs émotions, de leurs relations et de l’univers dans lequel ils évoluent.
Il va sans dire que dans l’art et la littérature, le bien-être est un élément majeur du discours porteur de messages divers : le rire dénonciateur Rabelaisien décharge le corps de son malaise en se parant de vertus médicinales susceptibles de guérir la mélancolie et la tristesse. Voltaire dans ses œuvres relie le bien-être à la raison et à la tolérance, car le bonheur réside dans la liberté de pensée et dans l’absence d’oppression. Dans Du contrat social et dans Les Rêveries du promeneur solitaire de Rousseau, la connexion avec la nature est source du bien-être, vu qu’en s’y réfugiant, l’homme retrouve sa véritable essence et se reconnecte avec lui-même. La vision romantique du bien-être se joue au cœur de la dualité vie-mort, maladie-santé, souffrance-satisfaction : le personnage romantique relègue la satisfaction au second rang et préfère se lover dans la souffrance génératrice de joie et d’effusion : « Après avoir souffert, il faut souffrir encore » recommande Alfred de Musset. Dans La peau de chagrin, Honoré de Balzac en se demandant : « Le but de la société n'est-il pas de procurer à chacun le bien-être ? » impute à la société la responsabilité de préserver le bien-être de chaque individu en lui garantissant un environnement où fleurissent justice et égalité. Zola relie souvent le bien-être matériel à l’embonpoint des personnages exhibant leur ventre telle une excroissance. Si dans La période bleue, Pablo Picasso a exploré le thème de la profonde mélancolie, dans La période rose, en revanche, les scènes joyeuses et chaleureuses renvoient à la légèreté et au bien-être. Les états de malaise que Henri Michaux décrit dans ses textes comme dans ses peintures sont profondément ancrés dans des sensations corporelles et cénesthésiques, ceci l’incite à examiner comment et par quel moyen ses sensations peuvent influencer son état de santé et son bien-être. Simone de Beauvoir, dans Le deuxième Sexe, milite pour la liberté des femmes dont le bien-être est intimement lié à leur émancipation personnelle et à leur capacité d’être responsables de leur destin. Pour Henri Bosco, le bien-être est l’essence de l’être humain dont les sources se déclinent en forêt, maison, embarcation, cabane, grenier, île, etc. La maison d’enfance se substitut alors à un havre de paix, le grenier à une mine de trésors cachés et l’univers aquatique à une mère berçant le personnage qui tente de saisir ces moments fugaces de bonheur tel Cyprien dans l’Âne Culotte…Les exemples abondent et nous pouvons égrener tout un chapelet tant les représentations du bien-être dans l’univers littéraire et artistique sont divers, compte tenu des remous et des bouleversements sociaux, économiques et psychologiques.
Il serait donc judicieux d’interroger la notion du bien-être au sein de l’art et de la littérature contemporains dans le but de la redéfinir à la lumière des perspectives et des interprétations novatrices, et de l’examiner sous ses différentes manifestations, y compris les plus sombres car le bien-être peut être appréhendé sous différents angles, dépassant, ainsi, le simple prisme de la satisfaction et du plaisir.
Ce Colloque entend offrir aux intervenants une occasion de recherche, de réflexion et de débat autour de ce thème qui peut être porté par l’art et par tous les genres littéraires, et ce en explorant les axes suivants :
1. Bien-être et émotions : la subjectivité des personnages, le traitement des couleurs et les performances artistiques comme vecteurs d’émotions ou moyens d’expression du bien-être.
2. Bien-être et santé physique et mentale : les représentations du bien-être et de la santé dans l’art et la littérature, l’exploration des sources du bien-être (la nature par exemple), les rituels et les pratiques culturelles qui favorisent le bien-être physique et mental, l’art comme thérapie, l’analyse du discours médical, des environnements hospitaliers, des thématiques de vie, de mort et de fin de vie, etc et leur interconnexion avec le bien-être.
3. Bien-être et pandémies (cas de la Covid 19) : comment les écrivains et les artistes ont interrogé la notion d’identité à la lumière des émotions négatives et de la rupture des relations communautaires durant et après les pandémies ?
4. Bien-être et intelligence artificielle et numérique : l'essor de l'art numérique et des plateformes en ligne, en tant que formes d’expression pouvant influencer le bien-être individuel et collectif.
Bibliographie :
Arendt, Hannah., (1961), La Condition de l'homme moderne. Paris, Calmann-Lévy.
Ben Rahima, Fériel., (2023), Passions de femmes et théories des humeurs. Balzac analyste des émotions féminines, Paris, Classiques Garnier.
Besnier, J.M., (2009), Demain les posthumains. Le futur a-t-il encore besoin de nous ? Paris, Hachette Littératures.
Cabanès, J-Louis., (2011), Le Négatif. Essai sur la représentation littéraire au xixe siècle, Paris, Classiques Garnier.
Cabral, M. de J., & Domingues de Almeida, J. (2017), Santé et bien-être à l'épreuve de la littérature, Limoges, Lambert-Lucas.
Delmotte, Benjamin., (2010), Esthétique de l’angoisse : Le Memento mori comme thème esthétique, Paris, PUF.
Gefen, A. Bouju, E., (2013), Emotion puissance de la littérature, Presses universitaire de Bordeaux.
Gefen, A., (2023), Créativités artificielles : La littérature et l'art à l'heure de l'intelligence artificielle, Dijon, Les presses du réel.
Go, N., (2004), L’art de la joie, Paris, Buchet-Chastel.
Huston, Nancy., (2004), Professeur de désespoir, Arles, Actes Sud.
Lenoir, F., (2012), La guérison du monde, Paris, Fayard.
Lipovetsy, G., (1989), L'Ere du vide : Essais sur l'individualisme contemporain, Folio Essais, 1989.
Minois, G., (2013), Histoire de la solitude et des solitaires, Paris, Fayard.
Nunes, R., (2021), La santé environnementale dans la littérature, Paris, Editions Notre Savoir.
Quaghebeur, Marc., (2021), Résilience et modernité dans les littératures francophones : Tome 1, Lausanne, PIE - Peter Lang.
Vernay, J.-F., (2013), Plaidoyer pour un renouveau de l'émotion en littérature, Paris, Éditions Complicité.
Envoi des propositions :
Les propositions de communication entre 250 et 300 mots, comportant un titre, un résumé (tout en précisant l’axe choisi), en plus d’une courte notice biographique d’environ 150 mots, doivent être envoyées à l’adresse mail suivante : litbienetre@gmail.com
Langues du Colloque : Arabe, Espagnol, Français.
Calendrier :
- 01/04/2025 : date limite de la soumission des propositions.
- 15/04/2025 : réponse du comité scientifique.
- 05/06/2025 : date limite d’envoi des articles.
- 11 et 12 juin 2025 : dates de tenue du Colloque.
Coordination : - Bakkour Adiba, IERA, Université Mohammed V de Rabat.
- Chalkha Achouak, IURAEIA, Université Mohammed V de Rabat.
- Tanane Fadoi, EMI, Université Mohammed V de Rabat.
Comité d’organisation :
o Bakkour Adiba, IERA, Université Mohammed V de Rabat.
o Chalkha Achouak, IURAEIA, Université Mohammed V de Rabat.
o Ezzarrouki Ilham, IERA, Université Mohammed V de Rabat.
o El Youbi Fatima Zohra, FLSH, Université Mohammed V de Rabat.
o Honsali Said, IERA, Université Mohammed V de Rabat.
o Tanane Fadoi, EMI, Université Mohammed V de Rabat.
Comité scientifique :
o Azouine Abdelmajid, Université Mohammed V de Rabat.
o Bakkour Adiba, Université Mohammed V de Rabat.
o Bañon Castellón Lola, Université de Valence, Espagne.
o Benmansour Houda, Université Mohammed V de Rabat.
o Chalkha Achouak, Université Mohammed V de Rabat.
o El Baidi Chakib, Université Abdelmalek Essaadi de Tanger.
o El Bakali Naoufal, Université Abdelmalek Essaadi de Tanger.
o El Faker Hajar, Université Hassan I de Settat.
o El Mouden El Mouden Mohamed, Université de Cadix, Espagne.
o El Youbi Fatima Zohra, Université Mohammed V de Rabat.
o Elmellouki Ismail, Université Abdelmalek Essaadi de Tanger.
o Ezzarrouki Ilham, Université Mohammed V de Rabat.
o Honsali Said, Université Mohammed V de Rabat.
o Jakubczuk Renata, Université Maria Curie-Skłodowska de Lublin, Pologne.
o Kane Dame, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal.
o Krim Abdelillah, Université Ibn Tofaïl de Kénitra
o Tanane Fadoi, Université Mohammed V de Rabat.