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Ritualités sociales et littéraires. Boire et écrire (Lille)

Ritualités sociales et littéraires. Boire et écrire (Lille)

Publié le par Marc Escola (Source : Alice Jousseaume)

Journée d’étude  Jeunes chercheuses, jeunes chercheurs en Doctorat.

Ritualités sociales et littéraires. Boire et écrire

Vendredi 7 février 2025 -  de 9h00 à 17h00.

Université de Lille - Campus Pont de Bois, Maison de la Recherche, salle F0.13.

Boire ou écrire ? Ou plutôt boire et écrire… Non que les écrivains doivent obéir forcément au stéréotype bohême de l’inspiration alcoolisée pour être en mesure d’être doté d’une quelconque valeur littéraire en dépit des propos tenus par Diana, personnage amie de la narratrice Clara dans Les petits Chevaux de Tarquinia : “ Un bitter campari, c’est magique”. Non, l’alcool n’est pas magique en soi… mais il est néanmoins le support et le véhicule d’une sociabilité, et même d’une socialité, littéraire trans-séculaire qui semble en tant que contexte culturel ou motif littéraire être réutilisable à l’infini et donc doté de facultés magiques. Mais ce sont des facultés magiques ordinarisées, socialisées, de celles dont les anthropologues littéraires, les historiens, les sociologues, cherchent à cerner et c’est pourquoi une approche transdisciplinaire est à favoriser. Elle suppose qu’on n’écrit jamais seul/seule, même si on écrit en solitaire. Elle suppose aussi que l’écriture et la littérature, en tant que pratiques et modes d’êtres, puissent être pensées en relation avec des ritualités sociales en dépit de la fameuse doctrine de l’autotélisme littéraire. Et justement, paradoxalement : à partir du dernier tiers du XIXe siècle, parce que boire et écrire ensemble ont pu aussi signifier la mise en acte d’une certaine modernité d’émancipation du Magister littéraire loin de la tribune, de l’éloquence, d’une littérature considérée comme discours, l’alcool a pu aider à créer un écart, une distance entre la gente littéraire et le reste des hommes et femmes qui ne participaient aux agapes séparées de la Littérature.

Sans surprise, ce double dynamique faisant de la boisson alcoolisée un moteur possible de la création littéraire en même temps qu’une pratique sociale ritualisée, infuse dans les œuvres de bon nombre d’auteurs. Comme objet thématique, l’alcool a ses adeptes. Depuis la “dive bouteille” rabelaisienne et jusqu’au vin baudelairien, la permanence de la célébration des libations ne fait pas de doute. Pour autant, au moment où la modernité impulse parallèlement des avancées techniques en matière de production industrielle d’alcools et de considérables progrès en ce qui concerne les sciences médicales, le liquide a aussi ses détracteurs. Pour ne retenir qu’un exemple emblématique, difficile de ne pas penser à L'Assommoir de Zola, où le nectar littéraire se fait fléau social. On le voit, le motif de l’alcool devient dès lors tout politique : tantôt substance cristallisant un désir d'émancipation anticonformiste, tantôt poison aliénant le peuple. 

Comme motif structurant enfin, la consommation d’alcool aiguille les pas de nombreux protagonistes romanesques et érige un décor fictionnel typique mais également utile à la construction narrative. Ainsi apparaissent des lieux emblématiques comme autant de points sur la carte du roman : les cafés, les bars, les restaurants, les brasseries.

Cette journée d'étude à destination des jeunes chercheuses et chercheurs, doctorantes, doctorants a pour ambition de confronter quelques trajectoires exploratrices de ces ritualités littéraires socialisées afin de mettre en commun les enjeux, les problèmes, les choix faits en conscience académique pour traiter aujourd’hui avec méthode et rigueur de ce qui était en mesure justement de provoquer une autre logique que la logique rationnelle : l’alcool en littérature.

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