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Appels à contributions
Afrotopies. La science-fiction africaine contemporaine (revue Africanías)

Afrotopies. La science-fiction africaine contemporaine (revue Africanías)

Publié le par Marc Escola (Source : Ana Isabel Labra Cenitagoya)

L’appel à contributions pour le numéro 3 de la Revue Africanías. Revista de literaturas est ouvert. Africanías est une publication de la Universidad Complutense de Madrid consacrée aux études littéraires (y compris les traditions culturelles et artistiques liées aux études littéraires) sur le continent africain, sa diaspora et l’afro-descendance.

Pour ce dossier monographique, nous invitons les chercheur.es à présenter des articles, des traductions et des comptes-rendus sur la science-fiction écrite par des auteurs et des autrices dans le continent africain (Maghreb et Afrique subsaharienne) et par des afro-descendants dans les différentes diasporas.

Dès sa consécration en tant que genre dans les années 1950 jusqu’à nos jours, le terme « science-fiction » a fait l’objet de débats et s’est trouvé confronté avec d’autres qui, cependant, non pas réussi à le remplacer : fiction spéculative, littératures de l’imaginaire, littératures de l’extraordinaire, littératures de l’insolite… Les dénominations se succèdent sans qu’aucune d’entre elles ne parvienne à s’imposer, sans que les experts venant de traditions culturelles diverses, les spécialistes des différents sous-genres qui le conforment ne se mettent d’accord sur quel terme est le plus pertinent, le plus partagé, le plus exact[1].

Un débat encore plus tendu quand il s’agit de classer dans la science-fiction les œuvres écrites dès et sur le continent africain et ses sociétés. Le lexème « science » qui fait partie de la dénomination de ce genre pose beaucoup de problèmes pour se référer à des textes dans lesquels la science, en tant que synonyme de développement technologique, est, en général et pour plusieurs raisons, très peu présente. Mais là aussi, les dénominations qui sont apparues pour tenter de résoudre cette contradiction (afro-futurisme, africanfuturisme, jujuisme, afro-optimisme, …) sont sujettes à controverse et à révision permanente. 

C’est pourquoi nous ouvrons ce numéro monographique à toutes les soumissions s’inscrivant dans le domaine de ce que les lecteurs et les lectrices reconnaissent comme de la science-fiction, une dénomination comprenant les œuvres qui représentent des mondes différant du réel et qui incorporent, dans des proportions variables, des éléments fantastiques, futuristes, surnaturels, des mondes possibles. Bref, des œuvres se caractérisant par ce que Philip K. Dirk appelle « dislocation conceptuelle », seul élément que semblent partager la multiplicité de sous-genres conformant la science-fiction. Nous encourageons la présentation d’articles contribuant à explorer ce genre encore en construction[2] mais qui a fermement établi ses fondations dans les littératures africaines et afro-descendantes au cours de ce siècle. Les soumissions peuvent s’intéresser à n’importe quel sous-genre ou tendance de la science-fiction. Des analyses de langages et d’approches autres en plus du littéraire (cinéma, arts visuels, BD, genres hybrides) trouvent également leur place dans ce numéro ainsi que des traductions inédites et des comptes-rendus d’études récentes sur le sujet.

Voici quelques axes thématiques (non exhaustifs) dans lesquels les soumissions peuvent s’inscrire : 

  •  Thèmes, formes et figures de la science-fiction africaine contemporaine.
  • Dialogues continentaux et intercontinentaux. Quelles relations, quelles influences mutuelles s’établissent entre les productions de science- fiction dans le continent africain et dans les différentes diasporas à partir de leurs langues et cultures respectives (science-fiction anglophone, francophone, lusophone, en langues autochtones) ?
  • Cinéma, littérature, BD, arts plastiques et science-fiction africaine. Quelles passerelles se tendent entre les différents arts ? 
    Afro-futurisme, africanfuturisme, jujuisme, afro-optimisme.
  • Hybridation dans la science-fiction africaine : perméabilité et redéfinition des genres classiques, slipstream.
  • Poétique de la science-fiction africaine : tradition et expérimentation.
  • Science-fiction africaine et afrotopie[3]. Comment les œuvres africaines de science-fiction contribuent à décoloniser le présent et le futur de l’Afrique, à « articuler une proposition africaine de civilisation  en dehors d’une dialectique de la réaction et de l’affirmation, sur un mode créatif, [à] affirmer une présence au monde sur le mode libre de la présence à soi » ?[4]
  • Magie vs science ? La fiction spéculative africaine joue un rôle important dans la redéfinition du concept de science dans des contextes africains selon des écrivains comme Wanuri Kahiu ou des académiciens comme Abd El Khadr Hamza[5], pour qui la magie et la sagesse ancestrale constituent une science/technologie alternative. Dans le même ordre d’idées, des auteurs comme Istvan Csicsery-Ronay Jr. o Rosi Braidotti voient dans la science-fiction africaine un champ d’expérimentation où le post humanisme critique occidental et l’humanisme non occidental, avec ses ontologies alternatives et ses propres mythes, peuvent se rencontrer et dialoguer[6].
  • Quel est le rôle joué par les prix (Nebula, Nommo, World Fantasy), les magazines de création (Omenana), le marché de l’édition à l’intérieur ou à l’extérieur du continent africain dans l’essor actuel du genre ?
  • Femme et science-fiction africaine. De nombreuses études relient cet essor avec la notoriété d’autrices telles que Nnedi Okorafor ou Lauren Beukes. Comment peut être expliquée, par exemple, la forte présence d’écrivaines (et de protagonistes féminines) dans un genre traditionnellement masculin ?
  • La traduction de la science-fiction africaine. 

Merci de faire parvenir vos  résumés (200-300 mots) et une présentation bio-bibliographique de l’auteur.e (100-200 mots) à anai.labra@uah.es ou maya.garcia@uah.es avant le 15 mars 2025. Les soumissions peuvent être écrites en espagnol, portugais, français et anglais.                                               

Date prévue de réponse aux auteur.es : le 21 mars 2025.

Soumission définitive des articles/comptes-rendus/traductions : le 15 mai 2025

Veuillez consulter les informations concernant la soumission des textes et les normes d’édition de la revue sur https://revistas.ucm.es/index.php/AFRI/about/submissions.

[1] Lorris Murail y fait référence avec ironie lorsqu’il intitule l’avant-propos de son guide classique du genre, Les Maîtres de la science-fiction (Paris, Bordas, 2003) « Les neuf milliards de définitions de la science-fiction ».
[2] Flora Amabiamina, Alain Roger Boayéniak Bayo, La science-fiction africaine. Questionnement et enjeux d’un genre en construction, Éditions Pygmies, 2024.                                         
[3] Terme créé par Felwine Sarr dans l’essai du même nom: Afrotopie, Paris, Philippe Rey, 2016.
[4] Felwine Sarr, Afrotopie, p. 152.
[5] Abd El Khadr Hamza, Afrique(s) et Science-fiction. Histoire(s) et représentations. Thèse de Littérature générale et comparée. Université de la Sorbonne Nouvelle- Paris III, 2022.
[6] Cela est possible car, comme le rappelle à juste titre Teresa Pellisa,  «las epistemologías no occidentales, como las cosmogonías indígenas y la tradición ancestral de las culturas africanas, ya partían de presupuestos que hoy denominamos poshumanistas», dans «Futurismo afrolatinoamericano y poshumanismo indigenista en la ciencia ficción latinoamericana». Kamchatka. Revista de análisis cultural, 2023, nº 22, p.8.