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La magie et le religieux: héritages antiques, regards renaissants (Tours)

La magie et le religieux: héritages antiques, regards renaissants (Tours)

Publié le par Marc Escola (Source : Marie-Gabrielle Pélissié du Rausas)

La magie et le religieux: héritages antiques, regards renaissants

L’Association des Doctorants du Centre d’Études Supérieures de la Renaissance (CESR) organise à Tours, le 22 mai 2025, les 8èmes Rencontres Doctorales sur le thème : « La magie et le religieux : héritages antiques, regards renaissants ». 

Dès l’origine, définir la magie permet de mieux délimiter la norme religieuse : le mage est d’abord un magus, ou prêtre de l’empire perse, dont l’altérité culturelle est soulignée par les Grecs afin d’identifier leurs propres codes religieux. Cette tension entre magie et religion perdure à travers les siècles : les rites religieux et les rites magiques deviennent deux modes d’accès au divin, en compétition l’un avec l’autre. L’époque de la première modernité, en Europe, marque un tournant dans cette rivalité mutuelle : la redécouverte de l’ésotérisme ancien, et la remise en cause des cadres institutionnels de la religion chrétienne à l’heure de la Réforme, viennent brouiller les frontières entre magie et religion. Des humanistes comme Marsile Ficin et Giordano Bruno, qui redécouvrent avec passion la tradition platonicienne, développent une pensée syncrétique aux accents mystiques, qui mêle théologie chrétienne et descriptions détaillées de rituels magiques. Pour la première fois, des « magiciens » revendiquent ce titre pour eux-mêmes, afin d’insister sur la légitimité de leurs spiritualités alternatives. Enfin, l’avènement d’une devotio moderna, tournée vers la piété populaire et l’expérience personnelle de la foi, met au cœur du rite religieux des pratiques superstitieuses détachées des offices religieux, liées par exemple au culte des images. Ces rencontres doctorales proposeront d’examiner comment la pensée de la Renaissance, tout en s’appropriant les textes anciens, redéfinit les frontières entre le magique et le religieux dans une Europe en pleine mutation intellectuelle et spirituelle.

Poursuivant une réflexion engagée au CESR dès les années 1990 à l’occasion de plusieurs colloques internationaux portant sur le thème de la magie, et s’inscrivant dans les axes de recherche  «Cultures de la pluralité religieuse & politique : conflits et concorde» et « Humanisme » du Centre d’Études Supérieures de la Renaissance, ces rencontres doctorales se veulent résolument interdisciplinaires. Les communications concernant la littérature sous toutes ses formes, incluant la traduction, le commentaire ou l’histoire, ce dans toutes les langues européennes (y compris le néo-latin), les arts (peinture, sculpture, musique et architecture), ou encore l’histoire des sciences et des techniques, seront examinées par le comité, sur une période allant de Pétrarque à Descartes.

Axes de réflexion proposés :

  • Réceptions des doctrines antiques: permanences médiévales, tournants renaissants.

Quelle réception des pratiques et théories antiques de la magie à la Renaissance?
Quel rapport aux figures magiques du corpus antique, par exemple au personnage de Médée ?
Quels liens entre le néoplatonisme et les pratiques magiques ? 
Quelles continuités et quels tournants peut-on identifier entre la période médiévale et la période renaissante?

  • Les mots de la magie 

Quelle est la nature des textes magiques ? À quels genres littéraires appartiennent-ils (recettes, traités philosophiques, œuvres littéraires…) ? 
Quelles sont les langues privilégiées de la magie (le rapport au signe, la place des langues anciennes - grec, latin, hébreu…) ? 
Quels sont les mots employés pour dire la magie ? En quoi sont-ils différents des mots retenus pour parler de religion ? 

  • Magies de la matière.

Quelles vertus magiques prête-t-on à la matière ?
Quelles matières sont considérées comme magiques ?
Quelles formes d’arts sont particulièrement associées à la magie ? 

  • Croyances et miracles : la place de la magie dans la société. 

Quels sont les espaces  destinés à la pratique ou à la réception de la magie à la Renaissance ?
Quelles sont les relations entre la  magie et les institutions politiques et religieuses ? Est-elle toujours condamnée, ou peut-on distinguer des formes d’intégration ? 
Quelles différences peut-on repérer selon les pays et les aires culturelles ? 

Nous invitons les jeunes chercheurs et chercheuses (en master, doctorat, ou ayant soutenu leur thèse depuis moins de deux ans) à proposer une communication de vingt minutes. 

Les propositions de communication (300 mots) devront être envoyées, accompagnées d’un court CV, à rencontresdoctoralesADCESR2025@gmail.com avant le  8 février  2025.

La réponse sera transmise au plus tard le 20 février 2025.

Les interventions retenues pourront faire l’objet d’une publication dans la collection Travaux du Centre d’Études Supérieures de la Renaissance chez Classiques Garnier (sous réserve).

Informations pratiques :

Les frais de déplacement et d’hébergement sont à la charge des intervenants ou de leur laboratoire de rattachement. Le déjeuner sera offert par l’ADCESR.

Pour toute question relative à l’accessibilité PMR/PSH, n’hésitez pas à nous contacter.

Bibliographie 

BOUDET, Jean-Patrice, Entre science et nigromance. Astrologie, divination et magie dans l’Occident médiéval (XIIe-XVe siècle), PUPS, Paris, 2006.

BOUDET, Jean-Patrice, WEILL-PAROT Nicolas, “Être historien des sciences et de la magie médiévales aujourd’hui : apports et limites des sciences sociales”, in Être historien du Moyen Âge au XXIe siècle : XXXVIIIe Congrès de la SHMESP, Éditions de la Sorbonne, Paris,  2008.

COURCELLES (de), Dominique, Le pouvoir des livres à la Renaissance, Publications de l’École nationale des chartes, Paris, 1998.

COLLARD, Franck, Le Crime de poison au Moyen-Âge, PUF, Paris, 2003.

DASEN, V., et  SPIESER, J.M. (éd.), Les savoirs magiques et leur transmission de l’Antiquité à la Renaissance, Edizioni del Galluzzo, Florence,  2014. 

BONNET, Corinne, NOACCO, Cristina, et AYGON, Jean-Pierre (dir.), La mythologie de l'Antiquité à la modernité : Appropriation-Adaptation-Détournement, Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2009.

KRAMPL, Ulrike, Les Secrets des faux sorciers. Police, magie et escroquerie à Paris au XVIIIe siècle, Éditions EHESS, Paris, 2012.

GALOPPIN, Thomas, « La magie entre Antiquité et Moyen Âge : traditions, innovations, autorités », Revue de l’histoire des religions, 4, 2021, 603-61.

GRAF, Fritz, La Magie dans l’Antiquité gréco-romaine, Les Belles Lettres, Paris, 1994.

MICHAËL, Martin, La Magie dans l’Antiquité, Ellipses, Paris, 2012.

THOMAS, Keith, Religion and the Decline of Magic. Studies in Popular Belief in Sixteenth and Seventeenth-Century England, Penguin, Handsworth, 2003. 

Comité d'organisation 

Fanny Fréminé Garcia 

Virginie Hulet-Vimar 

Élodie Pierrard 

Marie-Gabrielle Pélissié du Rausas 

Comitié scientifique 

Pascal Brioist

Diane Cuny

Colin Debuiche 

Ulrike Krampl 

Bruno Laurioux