Daudet, le monde des Arts et des artistes
Colloque de l’Association des Amis d’Alphonse Daudet
Alphonse Daudet n’a pas écrit de véritable roman de l’artiste comme l’ont fait Balzac avec Le Chef-d’œuvre inconnu, les Goncourt avec Manette Salomon et Zola avec L’Œuvre. Il intitule pourtant un important recueil de nouvelles Femmes d’artistes. De manière générale, l’emploi du terme « artiste » fleurit autour de lui : Edmond de Goncourt parle d’écriture artiste. On s’interrogera donc sur les sens que l’auteur de Sapho donne à ce mot, qu’il emploie de façon parfois floue et parfois ironique.
Les arts sont omniprésents dans son œuvre : les beaux-arts comme la musique, la peinture, la sculpture, l’architecture, mais aussi les arts populaires ou forains (la chanson, le cirque, les arts du spectacle, la photographie, l’artisanat…), sans oublier le théâtre. Les arts sont évoqués à travers des discussions ou même incarnés par des personnages d’artistes sur lesquels le regard de l’écrivain évolue – certains célébrés, d’autres caricaturés. (Notons que si les poètes aussi sont nombreux, on ne s’attachera pas à ces figures déjà largement évoquées dans le colloque de 2022 sur Alphonse Daudet et la poésie.)
Les communications pourront se déployer dans deux grandes directions.
1. L’artiste : personnages de fiction et œuvres d’art dans les récits d’Alphonse Daudet
Le monde des artistes frappe par sa diversité : celle des milieux, des arts pratiqués (peinture, sculpture, photographie, musique, chant, danse, etc.)
La question de l’artiste à l’œuvre pique l’intérêt de Daudet qui fréquente lui-même beaucoup d’artistes. On s’intéressera aux moments spécifiques de la vie d’artiste (l’inspiration, la création, importance du travail) et aux objets d’art décrits par Daudet (bibelots, lanterne magique…).
Même si Daudet n’a pas écrit de roman de l’artiste, on s’interrogera sur le statut narratif de ce personnage : protagoniste ou comparse ? La genèse de ces figures pose aussi question. Comment le romancier fabrique-t-il ces héros ; comment recourt-il au système des clefs ?
Le statut social de l’artiste est constamment ambivalent : tour à tour marginal, bohème ou intégré à l’ordre bourgeois et aristocratique, Daudet se plaît à multiplier les signes de distinction et de reconnaissance qui peuvent passer par l’appartenance à des institutions, le décor, les costumes, etc.
A une époque où le célibat s’impose souvent à l’artiste, Daudet occupe une place originale en évoquant la question du mariage et de la famille. Il y aura lieu de s’interroger sur le destin prêté à ces personnages ; y a-t-il compatibilité entre la vocation artistique et l’aspiration au bonheur ?
Enfin, le personnage de l’artiste porte des valeurs éthiques ou esthétiques : on s’efforcera de les dégager et d’y découvrir les préoccupations de l’auteur. Daudet se revendique d’un réalisme, d’une mimesis, sans répudier la fantaisie qui affecte tous les domaines artistiques.
2. Le cercle des artistes : Daudet et son entourage
On ne sera pas indifférent à la biographie de l’auteur et on évoquera le cercle des écrivains et artistes qui ont été ses proches ou au moins des confrères avec qui il est entré en relation.
Les lieux de rencontre sont nombreux pour Daudet à travers les salons (Charpentier, Rue de Bellechasse, le Grenier d’Auteuil, Champrosay), les séjours dans le Midi ou encore la presse.
De nombreuses figures majeures ou mineures ont connu Daudet et/ou se sont inspirés de son œuvre : peintres, sculpteurs, musiciens, photographes, dessinateurs (y compris les caricaturistes).
Quoique peu touché par la peinture de son propre aveu, Daudet fréquente beaucoup de peintres (Renoir, Luigi Rossi, Carrière, Cresswell, les peintres du Midi, les dessinateurs et caricaturistes comme André Gill…) et noue des relations avec des critiques d’art (Castagnary, Gustave Geffroy, les Goncourt). Il fréquente également des sculpteurs (Rodin, Falguière) et des photographes (Nadar, Carjat).
Cependant, c’est la musique qui touche le plus Daudet, de Mendelssohn à Wagner. Il fréquente des compositeurs prestigieux comme Bizet, Massenet, Reynaldo Hahn ou encore Poise.
On pourra se demander quelle place occupe Daudet dans les débats esthétiques de son temps : conserve-t-il l’idée d’une hiérarchie des arts, des genres, des sujets ? Adhère-t-il à une forme de fraternité des arts ? Quelles sont ses idées sur l’académisme et le statut des modèles ? Prend-il parti dans les controverses qui agitent peintres et musiciens à travers les courants et écoles artistiques ? Sa propre scission littéraire entre fantaisie et réalisme inspire-t-elle sa perception des autres arts ?
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Le colloque aura lieu les vendredi 13 et samedi 14 juin 2025 à la bergerie du château de Montauban, à Fontvieille. Il se déroulera en présentiel et en vidéoconférence.
Les communications devront faire entre 20 et 25 min. Elles seront ensuite publiées dans la revue Le Petit Chose, en version papier et en ligne sur Persée.
Les propositions sont à envoyer avant le 8 janvier avec un court CV et une présentation en quelques lignes à :
· Anne-Simone Dufief : pierre-anne-simone-dufief@wanadoo.fr
· Romain Enriquez : romain.enriquez@sorbonne-universite.fr
· Bernard Urbani : b.urbani@wanadoo.fr