"Cultiver la différence. Germaine de Stäel et Jean-Jacques Rousseau". Conf. de Stéphanie Genand (Château de Coppet, Suisse)
11e saison culturelle 2025 des Rencontres de Coppet "L'eveil à la nature au temps de Germaine de Staël".
Conférence : Cultiver la différence : Staël et Rousseau, par Stéphanie Genand
Jean-Jacques Rousseau occupe une place centrale dans l’œuvre et dans la trajectoire de Germaine de Staël. Modèle tutélaire auquel elle consacre son premier livre, il accompagne plus profondément chacune de ses créations. Aucun des gestes intellectuels de Staël – ni la critique littéraire, ni la réflexion morale sur la pitié, ni la pensée politique ou anthropologique – ne naît sans une référence à Rousseau. La relation entre eux ne s’arrête cependant pas à l’influence, ni à l’admiration. Staël expérimente surtout, au miroir de Rousseau, le prix de la différence. Ne faut-il pas, pour rester libre, vivre et écrire à la marge ? De la relation complexe avec la nationalité et la langue françaises aux valeurs républicaines qui unissent le citoyen genevois à la partisane de la Révolution, des liens troublants se tissent entre eux, qui interrogent l’admiration et la filiation. Que signifie l’hommage à l’homme sauvage qu’est Rousseau ? Pourquoi la pensée staëlienne défie-t-elle sans cesse l’auteur de l’Émile ?
Stéphanie Genand est Professeure de littérature française du xviiie siècle à l’Université de Paris Est Créteil (UPEC-LIS). Elle est aussi présidente de la Société des études staëliennes.
Ses travaux portent sur la dimension anthropologique de la littérature : sur les relations entre Lumières et passions, politique et morale, fiction et savoir, identité et altérité.
Elle s’est notamment intéressée à l’œuvre de Germaine de Staël (La Chambre noire. G. de Staël et la pensée du négatif, Droz, 2017), ainsi qu’à l’œuvre de Sade, dont elle a publié une biographie chez Gallimard. Son dernier essai, Sympathie de la nuit, a paru en 2022 chez Flammarion. Elle prépare actuellement une biographie de Germaine de Staël, à paraître aux éditions Perrin.