L’éducation par la fiction Séminaire d’Alexandre Gefen (CNRS-Université Sorbonne Nouvelle-Ens) et Sandra Laugier (Université Paris 1 - Panthéon Sorbonne) 2024-2025
L’éducation par la fiction
Séminaire d’Alexandre Gefen (CNRS-Université Sorbonne Nouvelle-Ens) et Sandra Laugier (Université Paris 1 - Panthéon Sorbonne)
Séminaire sur zoom les lundis de 18h00 à 20h00
- 8 octobre 2024, Ariel Kyrou : « Pourquoi et comment profiter de la dimension philosophique de la science-fiction »
- 19 novembre 2024, Christine Detrez : « Culture crush : une nouvelle éducation sentimentale? »
- 10 décembre 2024, Minyar Ben Taleb :« Quête identitaire et écopoétique dans les Bildungsromansqueer d'Emmanuelle Bayamack-Tam »
- 21 janvier 2025, Elise Domenach : « L’éducation par l’écofiction cinématographique »
- 11 février 2025, Hugo Clémot : « Un exemple d’éducation par la fiction : le concept de gaslighting »
- 11 mars 2025, Frédérique Leichter-Flack : « Faire comprendre un dilemme moralement périmé : une forme d’éducation par la fiction ? »
- 1er avril 2025, Alexandre Gefen et Sandra Laugier : conclusion
Lien zoom : https://cnrs.zoom.us/j/97052278261?pwd=LCexX0uTrhkBcF5YbWZd8hgbOqXQcz.1
Il y a peu de questions sociales, politiques, amoureuses ou encore philosophiques qui ne soient pas prise en charge par une série ou un roman. Il y a peu de problèmes, de l’expérience de la maladie à la découverte de l’autre qui ne soient pas l’objet d’un podcast ou d’une vidéo sur YouTube où l’on discute des réponses culturelles des poètes, des peintres ou des réalisateurs. Les cultures populaires autant que les fictions les plus exigeantes, les communautés d’amateurs autant que les rappeu.r.se.s et les blogueur.se.s, participent d’une éducation non institutionnelle, aux savoirs et aux valeurs, d’une éducation du soi et des « sois », qui passe par l’art et la discussion sur l’art, et en particulier par la fiction, considérée comme un dispositif d’éducation sémantique.
L’éducation scolaire et le système éducatif sont aujourd’hui l’objet d’un fort investissement, souvent teinté d’idéologie, de la part des politiques et institutions, alors qu’une grande part de l'éducation se fait hors école. Ces formes d’éducation partagées fondées sur la fiction ou l’expérience située à la première personne, la culture de soi, équipent l’individu d’une profondeur de concept, et d’un pouvoir d’action autant que de savoirs et de schémas généraux. Elles sont pourtant rarement observées analysées en tant que telles, et souvent dévalorisées alors qu’elles sont d’une importance déterminante dans des sociétés individualistes complexes et accélérées, qu’elles sont une ressource importante pour des connaissances accessibles, et qu’elles offrent un contrepoint fort aux apprentissages comportementalistes voire aux Deep Learning des Intelligences Artificielles.
Que peuvent apprendre les jeux vidéos ? Quel rôle jouent les romans féministes pour nous ré-éduquer après #MeToo ? Quels sont les grands récits de formation contemporains ? Dans quelle mesure les grandes séries télé sont riches d’enseignements moraux ? Comment les forums et débats critiques contribuent-ils à notre compétence critique ? En quoi le cinéma nous aide-t-il à comprendre les grandes problématiques écologiques ?
Au croisement de questions générales (par quels mécanismes la fiction collabore-t-elle à la construction de savoirs partagés et agit sur la société ? comment la culture populaire transmet-elle des valeurs morales et politiques ?) et de cas concrets, ce séminaire souhaiterait nous sensibiliser aux modalités contemporaines de l’éducation de soi.