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De la "catastrophe nécessaire" à la "catastrophe générative" : représentations littéraires, artistiques et philosophiques de la catastrophe et du catastrophisme (Univ. de Macerata, Italie)

Publié le par Marc Escola (Source : Irene Zanot)

Dans son Bréviaire du Chaos, Albert Caraco illustrait l’idée très ancienne d’une catastrophe « nécessaire », « désirable », « légitime », voire « providentielle » : « le monde ne se renouvelle pas à moins et si le monde ne se renouvelle, il devra disparaître avec les hommes, qui l'infectent », écrivait le philosophe. Dans des lignes prégnantes et tout à fait inattendues pour les lecteurs de son temps (le livre est publié posthume à l'époque du deuxième boom économique, les années 1980). Caraco exposait quelques considérations importantes autour d’un mot qui évoque « les décombres, la destruction, la furie des éléments, la fin du monde » (M. S. Barberi), et qui est devenu un sujet majeur du débat intellectuel de ces dernières années. L’époque post-pandémique a en effet marqué un nouvel intérêt pour le concept de « catastrophe » et le thème du « catastrophisme », comme l’attestent les productions artistiques, mais aussi les mass-média et l’industrie de l’image. À ce propos, on se souviendra qu’à partir du XIXe siècle, le terme, qui s’était diffusé grâce à la théorie des cataclysmes de Cuvier (1812), commence à se préciser comme un synonyme de « calamité » (Larousse),  « grand malheur, fin déplorable » (Littré), jusqu’à renvoyer à l’idée d’une « calamité naturelle » entendue comme des « suites matérielles de plus en plus dévastatrices des activités agressives des sociétés, de l’aléa imprévisible à l’ évènement provoqué par l’impéritie humaine » (F. Walter). C’est justement dans les années 1970 que ce dérivé du mot « catastrophe » entra dans le lexique de la théorie de l’histoire des sciences sociales avec une forte charge accusatrice à l’égard du monde développé et de son action irresponsable, comme le souligne de nouveau Walter en rappelant la critique de Hans Jonas à la société technologique et aux désastres écologiques que celle-ci a causés. La littérature s’est toujours interrogée sur l’idée de catastrophe et de catastrophisme : elle en a fait son objet, sa matière de création, mais elle a aussi érigé ces concepts à clé de voûte de sa propre architecture. Il suffira de penser à la κατασροϕή de la tragédie grecque, mais on peut également songer à quelques genres et sous-genres récents et populaires qui se sont inspirés de ces thèmes millénaires tels que la science-fiction apocalyptique et postapocalyptique, ou encore, l’éco-dystopie (M. Malvestio). Encore faut-il souligner la place que la catastrophe et le catastrophisme occupent et dans le débat philosophique, et dans d’autres formes d’art tels que le cinéma mainstream et le cinéma d’auteur. 

Idéalement conçu comme continuation du colloque Le Monde hors de ses gonds (Rome, octobre 2023), ce colloque se propose de réfléchir sur la « catastrophe » et le « catastrophisme » dans le monde contemporain tout comme dans les époques passées dans une perspective multidisciplinaire (art, littérature, cinéma, musique, philosophie). Le but est de problématiser le débat autour de ces idées dans un moment historique où se manifeste de nouveau la nécessité de « penser le désastre » dont parlait Orietta Ombrosi. Cette dernière s’était déjà imposée à l’esprit collectif au lendemain de la deuxième guerre mondiale, et il nous semble aujourd’hui fondamental de méditer encore une fois sur les points de fracture des systèmes culturels, sur les mutations de paradigme qui imposent une torsion à des schémas préexistants. 

Le colloque se tiendra à l’Université de Macerata (Italie) du 3 au 5 décembre 2024, uniquement en présentiel.

Les propositions de communications (500 mots environ) doivent être envoyées conjointement à irenezanot@gmail.com (Irene Zanot, Université de Macerata), simona.pollicino@uniroma3.it (Simona Pollicino, Université Roma Tre), lorenzo.fabiani@uniroma3.it (Lorenzo Fabiani, Université Roma Tre) avant le 26 septembre 2024.

Les auteurs des communications acceptées seront notifiés le 10 octobre 2024 au plus tard.

Il n'y a pas de frais d'inscription. Les pauses café et deux repas (1 dîner + 1 déjeuner) seront offerts aux participants. Les frais de déplacement et d’hébergement ne pourront pas être pris en charge.