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Colloque ACEDLE 2025 Pratiques Artistiques et Approches Sensibles en didactique des langues-cultures

Colloque ACEDLE 2025 Pratiques Artistiques et Approches Sensibles en didactique des langues-cultures

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne (Source : Alexa CRAIS)

Pratiques Artistiques et Approches Sensibles en didactique des langues-cultures

Contextes & appropriations

14-15-16 mai 2025

Les dernières décennies ont vu se développer, dans le domaine de la didactique des langues et des cultures, un foisonnement de démarches que nous regroupons sous l’expression « approches sensibles ». Par approches sensibles en Didactique des Langues-Cultures (DLC), nous entendons « les dispositifs et démarches qui mobilisent la sensibilité des apprenant·es en lien avec leur plurilinguisme et avec des pratiques artistiques ou d’expression créative qui permettent de le révéler. Ces approches mixent l’expérience esthétique et l’imaginaire, en collaboration ou non avec des artistes ou des acteurs externes au champ de l’éducation proprement dit. Elles sont sensibles au plurilinguisme des sujets et au multilinguisme sociétal et portent le projet, dans le champ éducatif, d’une société du multiple et du pluriel où chacun·e puisse trouver sa place » (Dompmartin-Normand, 2023 : 32).

Plusieurs événements scientifiques récents en France et ailleurs témoignent du développement des approches sensibles qui pensent l’enseignement des langues en lien avec des préoccupations sociétales et des pratiques artistiques. Pour exemples : Forum FLE 2021, Enseigner le FLE à travers les arts (Grenoble), le premier symposium du Réseau Plurilinguisme, arts, didactique et sociétés (PArDIS!), en juin 2022 à Marseille, la journée d’études Plurilinguismes, transculturalités et créativités : Dialogues autour de pratiques éducatives (qui s’est tenue en juin 2022 à Paris 8), ainsi que le numéro 2/2023 des Langues Modernes, qui titre « Enseigner par les arts de la scène » (Abdelkader, 2023). Le colloque LEEL « Lire et Écrire entre les langues » a eu lieu en juin 2023 à Aix en Provence. Le dernier congrès de l’ARIC s’est tenu à Laval en juin 2023 également et a fait une place aux propositions artistiques en particulier sous l’axe « Luttes artistiques et arts vivants contre le racisme anti-migrants ». Le colloque à venir en avril 2024 à Liège intitulé « [Retour] du Sujet et du Sens en Didactique des langues étrangères » et le colloque « Espaces sensibles : approches performatives pour une éducation inclusive de l’école à l’université », qui se tiendra du 5 au 7 juin 2024 à Aix-en-Provence témoignent également de la vitalité de la réflexion ainsi que d’autres initiatives.

Des projets de recherche et/ou d’intervention sont décrits et analysés en recherche sur différents terrains, dans les murs et hors les murs de la classe, dans des contextes variés pour des publics variés, en France y compris dans les régions ultramarines, et dans d’autres régions du monde. Des projets se focalisent sur le théâtre (Irubetagoyena, 2016 ; Nowak (drameducation) ; Abdelkader et Bazile 2013 ; Rollinat-Levasseur 2015) et différentes formes de travail de textes poétiques (Cosnier-Laffage, 2019 ; Fabulet et Vorger, 2021 ; Fontana (http://fofana.free.fr/wp/) ; Martin, 2002 ; Mouginot, 2018, 2020 ; Vorger, 2021, 2023). D’autres s’appuient sur l’écriture créative autobiographique ou expérientielle (Dompmartin, 2019, 2023 ; Mathis, 2016). La photographie et les arts visuels (dessins réflexifs, collages) sont mobilisés (Alvir, 2015 ; Fillol, Geneix-Rabaul & Dinvaut, 2018 ; Fillol, Razafimandimbimanana & Geneix-Rabault, 2019 ; Farmer et Prasad 2014 ; Razafimandimbimanana, 2022). La littérature dont la littérature pour la jeunesse et la création d’albums plurilingues sont en jeu (Bourhis et Deschoux, 2021 ; Gosselin-Lavoie, Maynard & Armand, 2021 ; Bouhris et Laroque 2021 ; Gobbé-Mévellec, 2019, 2021).

L’enjeu à notre sens porte moins sur les formes artistiques convoquées dans les démarches didactiques que sur leur articulation avec l’appropriation linguistique, langagière et culturelle qui pourrait résulter des mises en résonance entre l’expérience sensible et l’expérience plurilingue et pluriculturelle des sujets. C’est en tout cas un des partis-pris de ce colloque de choisir de s’intéresser aux expériences des personnes autant qu’aux formes et aux dispositifs qui sont censés les susciter.

Ces démarches sont-elles une « nouvelle frontière » prometteuse, un éventuel « supplément d’âme, de dynamisme et de mise en relation » pour les dispositifs didactiques comme nous le mentionnions en 2018 (Dompmartin et Thamin, 2018) ? Plus qu’un supplément d’âme, nous pensons qu’elles peuvent représenter un espace potentiel de transformation, voire un « espace de potentialisation » (Aden, 2012) en ce qu’elles proposent des passages par la réception sensible d’objets ou d’expériences artistiques, couplée à une logique du faire œuvre (Valery, 1957) en interaction et en relation, quand les processus comptent plus que les productions. Des chemins sont ainsi empruntés, non seulement pour enseigner/apprendre la/les langue(s), mais aussi pour inviter à revisiter le rapport des sujets aux objet langagiers à apprendre ou à enseigner. Il s’agit de s’approprier, en même temps que des habiletés linguistiques, des lieux et des manières d’être au monde plus libres et résonantes (Rosa, 2018), ou encore de faire l’expérience de l’altérité, y compris d’une altérité qui résiste, en raison de l’opacité de la langue, du malentendu, de la difficulté à dire, à se faire comprendre, à être compris.

En tout état de cause, il s’agit à travers ces démarches didactiques ouvertes d’opérer un déplacement de focale, en «envisage[ant] le langage et les langues prioritairement comme poïesis, c’est-à-dire comme expérience nécessairement créative du monde », ce qui « bouleverse les priorités de la didactique, en orientant ses questionnements vers la réception et la compréhension […] plutôt que vers la production ; vers la relation qui peut s’y nouer plutôt que vers l’efficacité des dispositifs à mettre en place ; vers une appréhension culturelle et historiale de l’humain […] » (Huver et Lorilleux, 2018).

La notion d’appropriation (Castellotti, 2017) est ici pivot en ce qu’elle subsume les notions d’acquisition et d’apprentissage, en ce qu’elle donne à l’apprenant une position incarnée de personne qui vit et expérience en langue(s). Elle invite à contextualiser les apprentissages en rendant incontournables les aspects sociolinguistiques des situations et les rapports aux langues afférents. La notion d’empouvoirement émerge, ainsi que, entre autres, celles d’inclusion, d’émancipation, d’agentivité, d’instabilisation, de transformation, d’altération, mettant sur le devant de la scène les enjeux psychologiques, sociologiques, sociolinguistiques, philosophiques, politiques, esthétiques de l’appropriation de la/des langues pour les sujets. Dans un monde complexe, marqué par les mobilités et les reconfigurations identitaires multiples, par des confrontations à l’altérité parfois rugueuses, chacun peut réfléchir sa place, cette dernière notion étant intrinsèquement liée à la capacité de relation et de réflexivité. Toutes ces notions s’emboîtent-elles ? En quoi sont-elles mobilisables ensemble pour affiner les contours d’un paradigme de la DDLC revisité ? Comment s’articulent-elles aux contextes d’enseignement, d’apprentissage et de recherche ? Qu’apportent les arts et ces approches par le sensible pour l’appropriation linguistico-langagière ? Comment la notion d’empouvoirement, celle d’émancipation et celle d’autonomisation se répondent-elles ? Quels sont les enjeux mis en avant ou déplacés par ces approches ? Avec quelles tendances sontelles mises en tension dans chaque contexte ? Tensions et complémentarités sont à interroger, avec par exemple les approches communicationnelles ou actionnelles, ou plus globalement les approches par projets, ou les approches basées sur des médiations et supports technologiques, ou d’autres approches mobilisant des cadres théoriques divers (neurosciences, approches empiriques et qualitatives…). Ce colloque sera l’occasion de prendre du recul et de faire le point sur les arrière-plans théoriques et les circulations épistémologiques concernés, avec un questionnement multiple. En quoi ces démarches renouvellent-elles ou interrogent-elles (ou non) nos manières de concevoir l’enseignement et la recherche en didactique des langues ? Convergent-elles ou se différencient-elles en fonction des contextes et de leur grande diversité ? En contexte ultramarin par exemple, en contexte de revitalisation linguistique ou de dissymétrie sociopolitique des langues en présence (diglossie/glottophagie), comment s’élabore une ethnodidactique appuyée sur ce type de démarches? Comment permettent-elles l’expression de rapports aux langues, dans les situations de diversité linguistique intense, avec le poids de l’histoire et de la domination de certains récits sur d’autres, notamment en situation post-coloniale ?

En formation des enseignants, peut-on espérer que les approches sensibles, notamment par les arts, permettraient de mieux éclairer les contenus de sociolinguistique et de didactique dans une perspective réflexive et critique, indispensable aux enseignants de langues aujourd’hui ? En formation linguistique avec des personnes en mobilité contrainte (exilés, réfugiés, migrants), quelle valeur ajoutée ces approches peuvent-elles représenter ? Quels problèmes peuvent-elles poser ? Si transformation il y a, comment se donne-t-elle à voir ? Comment est-elle donnée à comprendre et est-elle comprise ?

Comment par ailleurs la collaboration et la relation entre les différents acteurs impliqués dans les démarches (artistes, enseignants, apprenants) se construit-elle, notamment autour des enjeux d’apprentissage ?

Il sera attendu des contributions sur des expériences se reconnaissant dans les approches sensibles sur des terrains variés : classes d’accueil pour élèves allophones nouvellement arrivés, classes ordinaires du primaire ou du secondaire accueillant ces élèves et les autres, étudiants internationaux dont étudiants exilés, classes bilingues, immersives ou pas, autres contextes de la maternelle à l’université, formation linguistique pour adultes migrants… En cas de pré- sentation d’une recherche de terrain, il est attendu que la situation et les visées des dispositifs soient explicités, ainsi que la démarche de recherche adoptée et une interprétation de leur mise en œuvre.

Des propositions non empiriques (i.e. notionnelles ou épistémologiques, par exemple) sont également encouragées. Plusieurs axes sont retenus :

1. au plan des interventions auprès d’apprenants de langue(s) dans l’espace scolaire et extrascolaire ;

2. au plan de la formation des enseignants ;

3. au plan épistémologique avec un questionnement ouvert sur des notions clés comme “expérience”, “réflexivité”, “langue”, “culture”, “plurilinguisme” et les théorisations qui sous-tendent les recherches effectuées, doublé d’une réflexion sur les méthodologies de recherches, dont la recherche-action-création.

4. Varia : les colloques Acedle sont conçus comme des lieux de débat et de rencontre, où toutes les sensibilités peuvent trouver un lieu d’expression et de confrontation, où les chercheurs peuvent échanger sur leurs travaux en cours à la lumière des avancées dans des secteurs proches. Aucune thématique n’est a priori écartée.

 

Modalités de dépot

Les propositions seront soumises en format PDF via la plateforme https://paas.sciencesconf.org en deux versions, une complète et une anonymisée. Les fichiers seront nommés ainsi : NOM_symp/atelier/comm_PAAS25

Langues de communication: français, anglais, espagnol, portugais… Les interventions pourront être plurilingues, moyennant des modes de communication travaillés facilitant l’intercompréhension.