Autour de l'Institut franco-chinois (1921-1950) : diaspora étudiante, circulation des savoirs et relations institutionnelles (Lyon)
Autour de l’Institut franco-chinois (1921-1950) :
diaspora étudiante, circulation des savoirs et relations institutionnelles sino-françaises
Around the Sino-French Institute (1921-1950):
student diaspora, circulation of knowledge and Sino-French institutional relations
Université Jean Moulin – Lyon 3
IETT (Institut d’Etudes Transtextuelles et Transculturelles,
Lyon (France), 26, 27 et 28 mai 2025
Les échanges entre la Chine et la France dans le domaine de l’enseignement et plus
particulièrement de l’enseignement supérieur sont encore méconnus et trop peu étudiés.
L’objectif de ce colloque sera, à partir de l’expérience de l’Institut franco-chinois de Lyon, de
retracer l’histoire des échanges entre la France et la Chine dans ce domaine particulier et d’en
faire émerger les dynamiques, des premières tentatives des missionnaires français à celles qui
ont vu le jour dans la première moitié du XXe siècle. Si l’histoire de certaines institutions a fait
l’objet de recherches ou de publications récentes, les liens entre elles et le devenir des
individus passés par ces structures, en Chine ou en France, sont encore peu documentés. Or,
si l’engagement français en faveur de l’enseignement en Chine a commencé très tôt (XVIIe
siècle), c’est à partir de la fin du XIXe siècle, que les initiatives tant religieuses que laïques, tant
chinoises que françaises, se multiplient et contribuent à créer une dynamique qui se
développe et s’amplifie jusqu’en 1950, concourant à une circulation des savoirs et
l’établissement de réseaux de relations dans des domaines extrêmement variés (scientifique,
juridique, littéraire, philosophique, artistique, médical etc.).
Cette riche histoire des transferts culturels et intellectuels entre la Chine et la France au cours du premier vingtième siècle se
réalise dans un contexte qui questionne la géopolitique des savoirs. La dimension militaire et
économique de l’impérialisme européen se traduit par une volonté de domination
épistémologique dans le champ de la production des connaissances qui traverse les relations
universitaires sino-françaises. Mais si la circulation du savoir scientifique moderne semble se
faire souvent à sens unique, de l’Europe vers la Chine, les thèses des étudiants de l’Institut
franco-chinois montrent un positionnement spécifique vis-à-vis des cultures académiques
occidentales et chinoises et un traitement révélateur des représentations culturelles à l’oeuvre
tant chez les étudiants que chez leurs directeurs de thèse. Les relations de pouvoir en jeu dans
le processus de réflexion et d’écriture de la thèse reflètent une dynamique plus complexe qu’il
n’y paraît de prime abord.
Avec pour fil conducteur l’idée d’échanges et la prise en compte du contexte socio-politique
en tant que les conditionnant, il va s’agir d’interroger le rôle et la nature de ces échanges entre
Chine et France, à partir des acteurs et des pratiques de l’Institut franco-chinois en lien avec
les autres établissements d’enseignement franco-chinois ou français en Chine. Dans une
perspective interdisciplinaire (anthropologie, histoire de l’art, histoire, littérature,
philosophie, sociologie, traductologie…), on s’intéressera autant aux étudiants chinois venus
en France qu’à ceux ayant intégré des établissements franco-chinois en Chine ou encore aux
enseignants français ou chinois ayant exercé dans ces établissements.
Axes thématiques
1- Les étudiants et leur parcours
Si quelques étudiants ont fait l’objet d’études approfondies (le poète Dai Wangshu 戴
望舒, l’écrivaine et critique Su Xuelin 苏雪林, l’astrophysicien Cheng Maolan 程茂兰,
etc.), pour nombre d’entre eux, le travail reste à faire, que ce soit en ce qui concerne
leur intégration à l’université française ou leurs réalisations une fois de retour en Chine.
On peut, dans ce contexte, s’intéresser aux relations entre étudiants et enseignants
(maître et disciple), à la place des étudiantes chinoises dans l’université française ou
aux étudiants chinois en dehors de l’IFC. Leurs trajectoires biographiques, les
problématiques de genre, les enjeux identitaires (sinité, patriotisme), la vie
quotidienne en France, la position de ces étudiants/jeunes chercheurs dans le champ
académique sont autant de thèmes qui mériteraient d’être abordés au cours de ce
colloque.
2- Les institutions et leurs promoteurs
La création de l’Institut franco-chinois s’inscrit dans une dynamique qui a vu d’abord
l’ouverture d’établissements en Chine (Arsenal de Fuzhou 福州造船厂, Université
Aurore 震旦大学, Université Fudan 复旦大学) et l’accueil d’étudiants indépendants
(Chen Jitong 陈季同 au XIXe) puis s’est associée à l’ouverture d’établissements
préparatoires (Université franco-chinoise de Pékin 北京中法大学, Institut technique
franco-chinois de Shanghai 上海中法工学院 etc.). On s’intéressera en particulier aux
formes que cette dynamique, internationale, prend avec la France et aux promoteurs
et instigateurs de ces institutions (pourquoi la France).
3- Les domaines d’études et la circulation des savoirs
La variété des domaines d’études abordés est attestée par la diversité des thèses des
étudiants de l’IFC. Celles-ci témoignent des échanges à l’oeuvre dans toutes les
disciplines universitaires. On s’intéressera aux modalités de la circulation des savoirs
entre la Chine et la France qui en a découlé dans les différentes disciplines (droit,
médecine, pharmacologie, géographie, histoire, pédagogie etc.). La bibliothèque
constituée au cours des 25 ans d’existence de l’IFC est une photographie exemplaire
de cette circulation de la culture, des connaissances et des idées entre la France et la
Chine.
4- Imaginaires et représentations
Les étudiants ont également joué un rôle important dans la circulation des imaginaires
entre Chine et France, qu’ils aient contribué à déconstruire l’imaginaire sur la France
promu en Chine ou qu’ils aient été à l’origine de la construction d’un nouvel imaginaire
et de nouvelles représentations de la France en Chine. Mais ils ont aussi permis au
monde culturel français de découvrir la culture chinoise et les pratiques des artistes
chinois qui viennent alors étudier en France, ouvrant un espace d’échanges et de
confrontations propice aux transferts culturels dont les modalités sont à explorer.
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Modalités de soumission
Les propositions (300 à 400 mots, français, anglais ou chinois) sont à envoyer, accompagnées
d’une brève biobibliographie (10 lignes), pour le 30 juillet 2024, à :
jacqueline.estran@univ-lyon3.fr
marie.laureillard@univ-lyon2.fr
florent.villard@sciencespo-rennes.fr
Seront retenues les propositions novatrices par leur approche ou leur objet d’études. Les
auteurs seront informés de leur sélection le 30 septembre 2024.
Le colloque aura lieu les 26-27 et 28 mai 2025 à Lyon.
Une publication fera suite au colloque : les articles, rédigés en français ou en anglais, seront
attendus pour le 30 août 2025.
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Comité scientifique
Jacqueline Estran, Université Jean Moulin – Lyon 3, IETT
Marie Laureillard, Université Lumière – Lyon 2 / Université Paris-Nanterre, IAO / CRPM
Gregory B. Lee, St Andrews University / Université Jean Moulin – Lyon 3
Florent Villard, Sciences Po Rennes/Rennes 2, ERIMIT
Frédéric Wang, INALCO Paris, IFRAE
Comité d’organisation et contact
Jacqueline Estran, jacqueline.estran@univ-lyon3.fr
Marie Laureillard, marie.laureillard@univ-lyon2.fr
Florent Villard, florent.villard@sciencespo-rennes.fr
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Bibliographie
Bao Yening, Trois paradoxes de la littérature française en Chine moderne : une étude des
revues de l'Université franco-chinoise de Pékin (1920-1950), Paris , L’Harmattan, 2019.
Chau Angie, Paris and the Art of Transposition : Early Twentieth Century Sino-French
Encounters, University of Michigan Press, 2023.
Corinne Dehoux-Dutilleux, Les Hautes Études Industrielles et Commerciales de Tianjin (Tianjin
Gongshang xueyuan), 1923-1951 : un exemple de l’action éducative des Jésuites en Chine.
Thèse. Université Michel de Montaigne - Bordeaux III, 2018.
Duanmu Mei, Zhang Wenda, Xu Suining, L'université franco-chinoise dans l'histoire (1920-
1950), Paris, You Feng, 2020.
Ruth E. S. Hayhoe, “A Comparative Approach to the Cultural Dynamics of Sino-Western
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Gregory B. Lee, Dai Wangshu, The Life and Poetry of a Chinese Modernist, Hong Kong, The
Chinese University Press, 1989.
Gregory B. Lee & Florent Villard F. (dir.), « Géopolitique de la connaissance et transferts
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littérature, science », Transtext(e)s Transcultures, n° 9, 2014. [en ligne]
https://doi.org/10.4000/transtexts.505
Lu Meijian, Internationalisation de l’enseignement supérieur et mobilité des étudiants, les
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Université Lumière – Lyon 2, 2018.
Thierry Montmerle, Yi Zhou, Yves Gomas, The Two Lives of Cheng Maolan – From “the French
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Pierre Moulinier, La naissance de l’étudiant moderne (XIXe siècle), Paris, Belin, 2002.
Pierre Moulinier, Les étudiants étrangers à Paris au XIXe siècle – Migration et formation des élites,
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Amélie Puche, Les femmes à la conquête de l’université (1870-1940), Paris, L’Harmattan, 2022.
George Steiner, Maîtres et disciples (Lessons of the Masters), Paris, Gallimard, 2003.
Wang Houguang, A Space of Her Own: Pan Yuliang anf the Reinterpretation of Female Nude,
Mémoire, University of Malaya, 2023.
Zhou Zhe, Les hôtes du Fort St-Irénée : les étudiants chinois de l'Institut Franco-Chinois de
Lyon (1921-1950), Thèse de doctorat, EHESS, 202