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Discours et imaginaires du corps dans la littérature, les sciences et les arts (Univ. Omar Bongo, Gabon)

Discours et imaginaires du corps dans la littérature, les sciences et les arts (Univ. Omar Bongo, Gabon)

Discours et imaginaires du corps dans la littérature, les sciences et les arts

Journée d’étude

Université Omar Bongo (Gabon)

Faculté des Lettres et Sciences Humaines

Départements de Lettres Modernes et de Littératures Africaines

Formation Doctorale Littératures, Arts et Imaginaires Culturels (LAIC)

Le 8 janvier 2025

Mode de communication : distanciel et présentiel

Date limite d'envoi des propositions de communication : 15 octobre 2024

« Le moi est aujourd’hui solidement ancré dans un corps auquel est portée la plus grande attention », peut-on lire sur la quatrième de couverture de Sentiment de soi de Georges Vigarello (2014). C’est dire que le corps occupe une place de plus en plus significative non seulement dans le quotidien des individus, mais encore et surtout dans plusieurs domaines des sciences et des arts, chaque domaine ayant une perspective qui lui est propre. En analysant les dynamiques sociales et culturelles de structuration et de perception du corps, les travaux de David Le Breton (1990 ; 1992) donnent une idée de l’impact sociologique et culturel des expériences corporelles. Dans le contexte africain, les travaux de Joseph Tonda (2005 ; 2021) examinent d’une part les implications du corps dans la construction d’une identité nationale et d’une subjectivité. D’autre part, ils explorent la manière dont celui-ci, d’un point de vue individuel ou communautaire, est contrôlé par des forces économiques, politiques ou sociales, au point de devenir l’expression d’une forme d’émancipation et de résistance. En outre, plusieurs pratiques situent le corps à la base d’une identité culturelle. Il s’agit entre autres de l’attention portée au corps dès la naissance (Soins constants, bains, massages, onctions et frictions) ainsi que sa valorisation par des pratiques telles que la scarification ethnique, le tatouage, la mutilation dentaire ; sans omettre les coiffures ou certaines décorations peintes sur le corps qui non seulement expriment un statut social mais rendent également compte d’un événement heureux ou malheureux (jour de fête, initiation, guerre, funérailles…).

Par ailleurs, la littérature et les arts explorent avec une acuité de plus en plus grandissante la complexité de l’expérience humaine sous le prisme du corps. D’une part, on observe un dépassement de la seule description anatomique, d’autre part, une capacité du corps à se déployer dans les textes littéraires à la fois comme sujet et comme objet. C’est d’ailleurs ce que souligne Roger Kempf dans Sur le corps romanesque : « […] livres et corps, tout est texte d'égale dignité. Tout parle ou se parle, s'écrit, se lit » (1968 : 34). Dans cette perspective, la littérature est le mouvement d’un corps-écrivant qui dit les mouvements d’un corps-écrit. Les travaux de Didier Anzieu (1981 ; 1985) et de Jean Starobinski (1984) en disent long sur les influences des expériences corporelles relatives à la production littéraire. À ce titre, Molière, Gustave Flaubert, Joris-Karl Huysmans, Goethe, Victor Segalen, Paul Valéry… sont autant d’auteurs qui font du corps une modalité scripturale et structurante du texte littéraire. C’est dans cette optique que Didier Anzieu pense que « le corps de l’œuvre est tiré du corps (vécu et fantasmé) [que les auteurs] retournent comme un gant et qu’ils projettent » (1981 : 118). Le corps apparaît donc comme une « matière première modelée selon l’ambiance du moment » (Le Breton, 1990 : 62) à double titre, notamment comme sujet et objet. Alors que la « poïétique du corps » a tendance à étudier le travail de création littéraire sous le prisme de la corporéité des sujets écrivant, la poétique du corps, pour sa part, inclut davantage l’examen des dispositifs stylistiques, des structures narratives, des thèmes et des symboles liés à la représentation du corps. 

Ainsi, c’est sous des angles différents que le corps est abordé dans la littérature, les sciences et les arts. La peinture, sous divers styles et mouvements artistiques, notamment à travers les œuvres des peintres tels que Pablo Picasso (« Les Demoiselles d’Avignon »), Sandro Botticelli (« La Naissance de Vénus ») ou Titien (« Vénus d’Urbino ») pour ne citer que ces noms, offre un regard singulier sur la représentation du corps. Cette peinture se pose, de fait, comme un mode d’expression artistique polyvalent qui permet aux artistes d’explorer une pluralité de significations et d’émotions à travers la représentation picturale du corps humain. Il en est de même pour la sculpture qui est riche en histoire et en diversité artistique dans son rapport au corps. Les œuvres telles que « La Pietà » ou « David » de Michel-Ange, « Le Penseur » d’Auguste Rodin, « L’Amour et Psyché » d’Antonio Canova, « Le Mendiante » d’Ernst Barlach sont autant de sculptures qui illustrent les différentes approches artistiques de la représentation du corps humain, en partant de la « perfection classique » à l’expressionnisme moderne. Ces œuvres sculpturales traduisent surtout la capacité qu’a la sculpture d’explorer et de représenter des aspects physiques et symboliques de l’expérience humaine. Laquelle sculpture crée, par conséquent, des œuvres d’art qui peuvent être contemplées sous différents angles et permettre une expérimentation de l’espace réel. 

En outre, le body art, encore appelé art corporel, n’est pas en marge de cette logique, puisque le corps s’y inscrit comme matière première à un niveau encore plus avancé que les autres. En effet, défini comme « une pratique qui érige l’expression corporelle […] au centre du travail artistique » (Mihindou Mi-Moubamba, 2021 : 109), le corps se pose comme le support privilégié de l’expression artistique. Ce qui aboutit à un rapport d’intimité plus accru entre l’auteur et son œuvre, à une « implication personnelle de l’artiste dans une œuvre faite de son existence et de son corps, et non plus à une distance de soi sur un support extérieur » (Le Breton, 2003 : 99). Ainsi, le tatouage, la peinture corporelle, les modifications corporelles (piercings, scarifications, implants…), ou les performances corporelles (chorégraphies ou gestes symboliques) sont autant de moyens d’expression artistique dans le body art qui prennent appui sur le corps.

La présente journée d’étude se propose ainsi de problématiser le lien entre le discours (littéraire, scientifique et artistique) et le corps dans tous ses états. Il s’agit, en d’autres termes, de « penser en corps », c’est-à-dire « de réfléchir sur le corps, [et de] fournir un discours qui soit cohérent avec son vécu » (Formis, 2009 : 11). Les communicants seront appelés à s’interroger sur les axes suivants :

Axe 1 : Corps et affects ;

Axe 2 : Corps et sexualité ;

Axe 3 : Corps et subversion de l’identité ;

Axe 4 : Corps et identités culturelles ;

Axe 5 : Corps et expression artistique ;

Axe 6 : Corps et espace ;

Axe 7 : Corps, transhumanisme et post humanisme ; etc.

Les auteurs sont invités à soumettre une proposition de communication au plus tard le 15 octobre 2024 aux adresses mail suivantes : jules.mihindou@gmail.com ; gredora1992@gmail.com, avec les informations ci-dessous : 

Nom et affiliation de l’auteur ;

Coordonnées de l’auteur (adresse électronique de préférence, contact téléphonique) ;

Titre et résumé de la communication (d’une longueur de 300 mots maximum) ;

Une notice biobibliographique ;

Mots-clés (5).

Les réponses aux auteurs se feront à partir du 25 octobre 2024. Le transport et l’hébergement sont à la charge des participants.

Organisateurs :

Jules Thérance Mihindou Mi-Moubamba

Yannick Belfégord Mombo Mihindou

Donald Gullit Nzue Ango

 

Comité d’organisation :

Pr Dacharly Mapangou

Dr Rodolphe Messia

Dr Marius Bavekoumbou

Dr Catherine Nse Nze

Dr Vanessa Onanga

Dr Ivan Lionel Ngniehawhe Tamba

Murielle Midiba Moungueyi 

Jolica Ingrid Moutsinga

Gredora Pouguetiga-Fourou

Lauriane Magaya 

Ada-Mba Ariane Manouchka

Ginnie Kougou-Mbougath

Marise Nyama Nyama

Samuel Junior Mengue Minko

Ken Boutoumbi Hynguienghe

Paulette Desylia Gouya

Ropsan Curel Moussounda

Ralchilda Sounga Tamanaka 

Leyila Winni-Poupette Moutsinga Dikikou

 

Comité scientifique :

Pr Pierre Ndemby Mamfoumby (UOB)

Pr Pierre-Claver Mongui (UOB)

Pr Steeve Robert Renombo (UOB)

Pr Bernard De Meyer (UKN)

Pr Georice Berthin Madébé (IRSH)

Pr Karen Ferreira-Meyers, (UE)

Pr Lea Zame Avezo’o (UOB)

Pr Ana-Elena Costandache (UDJG)

Pr Clément Moupoumbou (UOB)

Pr Noël Bertrand Boundzanga (UOB) 

Pr Gyno Noël Mikala (UOB)

Pr Didier Taba Odounga (UOB)

Pr Frédéric Mambenga Ylagou (UOB)

Pr Achille-Fortuné Manfoumbi Mve (IRSH)

Pr Charles-Philippe Assembe Ela (ENS)

Pr Fortuné Konéné-Benha (UOB)

Dr Yves Romuald Dissy Dissy (UOB)

Dr Rodrigue Ndong Ndong (UOB)

Dr Narcisse Wolfgan Mounzeigou-Mombo (UOB)

Dr Yannick Mounienguet M’Bérah (UOB)

Dr Syntyche Assa Assa (UOB)

Dr Jean Ruffin Moussaoudji Boussamba (UOB)

 

Bibliographie indicative

Anzieu, Didier, 1981, Le Corps de l’œuvre. Essais psychanalytiques sur le travail créateur, Paris : Gallimard. 

Anzieu, Didier, 1995 [1985], Le Moi-peu, Paris : Dunod. 

Breton, David Le, 2003, La Peau et les traces. Sur les blessures de soi, Paris : Éditions Métailié. 

Breton, David Le, 2004 [1992], La Sociologie du corps, Paris : PUF, Coll. « Que sais-je ? ».

Breton, David Le, 2011 [1990], Anthropologie du corps et modernité, Paris : PUF. 

Fontanille, Jacques, 2011, Corps et sens, Paris : Presses Universitaires de France.

Fournis, Barbara (Dir.), 2009, Penser en corps. Soma-esthétique, art et philosophie, Paris : l’Harmattan.

Kempf, Roger, 1968, Sur le corps romanesque, Paris : Seuil.

Richard, Jean-Pierre 1954, Littérature et sensation. Stendhal, Flaubert, Paris : Seuil.

Starobinski, Jean, 2020 [1984], Le Corps et ses raisons, Paris : Seuil, Coll. « La librairie du XXIe siècle ». 

Tonda, Joseph, 2005, Le Souverain moderne. Le corps du pouvoir en Afrique centrale (Congo, Gabon), Paris : Karthala.

Tonda, Joseph, 2021, Afrodystopie : la vie dans le rêve d’autrui, Paris : Karthala

Vigarello, Georges, 2014, Le Sentiment de soi. Histoire de la perception du corps, Paris : Seuil.