Ce livre fait le pari que l’étude des pratiques artistiques et littéraires gagne à articuler les œuvres et leurs conditions d’engendrement. Il aborde les créateurs et les spectateurs/lecteurs dans ce qu’ils ont en commun : un corps. Refusant le dualisme corps-esprit au profit du « tournant corporel » issu des sciences et de la philosophie, il fait l’hypothèse que le corps informe l’œuvre en tant que dispositif toujours à la fois matériel et spirituel. L’œuvre n’est dès lors pas saisissable comme une entité, mais se situe à la croisée de deux expériences corporelles, l’une à production, l’autre à réception.
C’est ce que donnent à voir cette vingtaine d’études consacrées à des productions des XXe et XXIe siècles. On y rencontre d’abord le corps de l’écrivain qui, réputé par ailleurs non pertinent, reste encore peu étudié. Sont ensuite examinés des corps « artivistes », fortement engagés à travers la conférence-performance, le théâtre contemporain ou encore le clip musical. Un troisième volet révèle les rapports entre le corps, l’identité et le regard social dans des corpus littéraires, notamment « francophones » et féministes, ou en observant les corps des récepteurs d’un projet d’art empathique. Une dernière partie, résolument sensorielle, permet d’explorer le corps sentant de l’écrivain dans son texte, le corps du spectateur comme moteur de plaisir et les corps de l’artiste et du spectateur unis dans une empathie génératrice d’effets esthétiques.
Ce premier bilan d’un domaine de recherches en plein essor s’adresse aux chercheurs, aux étudiants et à tous les curieux qui, de plus en plus nombreux, interrogent les arts et la littérature dans leurs rapports avec la corporéité.