Noëlline Castagnez, Laure Depretto, Julien Véronèse (dir.), Les Discours adressés au(x) pouvoir(s)
Les Discours adressés au(x) pouvoir(s)
Sous la direction de Noëlline Castagnez, Laure Depretto et Julien Véronèse
Paris, Classiques Garnier, POLEN - Pouvoirs, lettres, normes, 2024
La réflexion interdisciplinaire sur les discours adressés aux pouvoirs interroge les pratiques sociales de la requête, de la pétition, de la célébration ou de la critique des autorités, montrant les normes, stratégies et contraintes de tels discours et le rôle joué par les porte-parole et intercesseurs.
Que peuvent avoir de commun les lettres envoyées chaque jour à l’Élysée, le motif poétique de la comète de César, le communiqué des «emmurés vivants » de la centrale de Clairvaux réclamant le rétablissement de la peine de mort, les placets aux rois de France, les cahiers de doléances, les remontrances des Parlements, la pétition en ligne, les questions prioritaires de constitutionnalité ou les revendications syndicales portées au chef d’atelier ou encore les épîtres dédicatoires? Tous sont des discours adressés aux pouvoirs : double pluriel qui entend d’une part n’exclure aucune forme de prise de parole, d’autre part éviter de « substantialiser ou d’hypostasier la puissance politique et ses dispositifs de domination . »
Discours dont le dénominateur commun est d’être destiné, de manière directe ou médiatisée, à une instance à laquelle on reconnaît un pouvoir : celui de changer les situations – et pourquoi pas l’ordre du monde –, de réformer les institutions, ou – plus modestement – de prendre une juste décision. Car, comme l’écrit Louis Marin, commentant les Considérations politiques sur les coups d’État (1639) de Gabriel Naudé : «Pouvoir, c’est d’abord être en état d’exercer une action sur quelque chose ou quelqu’un; non pas agir ou faire, mais en avoir la puissance, avoir cette force-là . »