Simone de Beauvoir a sans doute été l’intellectuelle de gauche la plus influente en France et dans le monde, des années 1950 jusqu’à sa mort, en 1986, ce qui lui a valu des milliers de lettres. Elle en a conservé environ 20 000 et a entretenu de nombreuses correspondances suivies, notamment avec ses lectrices "ordinaires". Marine Rouch s'est plongée pendant une décennie dans cet océan épistolaire, et a pu rencontrer cinq des correspondantes les plus assidues de Simone de Beauvoir : Colette Avrane, Huguette-Céline Bastide, Mireille Cardot, Claire Cayron et Blossom Margaret Douthat Segaloff. Elle publie aujourd'hui le recueil de leurs lettres, accompagnées des réponses de l’écrivaine dans Chère Simone de Beauvoir. Vies et voix de femmes « ordinaires ». Correspondances croisées 1958-1986 (Flammarion). Si elles lèvent le voile sur l’intimité de cinq femmes, ces lettres donnent aussi à voir le tissu culturel et social des Trente Glorieuses, l’adolescence, le lesbianisme, la contraception, le couple, les violences conjugales, la lutte contre l’ordre dominant bourgeois ou encore l’anticolonialisme et le racisme… Fabula vous invite à feuilleter l'ouvrage…
Judith Coffin avait préalablement rédigé un essai sur cette correspondance, traduit l'an passé par M. Vaslin et L. Delavaud : Sexe, amour et féminisme (Plon).
Rappelons l'article qu'Anne Strasser a consacré, dans le récent numéro de Fabula-LhT : "Corps souffrants, corps politiques", à la réception par les lecteurs ordinaires d’Une mort très douce et de La Cérémonie des adieux : "Du corps souffrant au corps politique". Mais aussi dans Acta fabula, l'entretien d'Esther Demoulin avec Sylvie Le Bon de Beauvoir sur la récente édition de la correspondance de Simone de Beauvoir, Élisabeth Lacoin et Maurice Merleau-Ponty, Lettres d’amitié. 1920-1959 (Gallimard).