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Citer, éditer, réécrire : réception et représentation de la poésie latine fragmentaire (Grenoble)

Citer, éditer, réécrire : réception et représentation de la poésie latine fragmentaire (Grenoble)

Publié le par Marc Escola (Source : Sarah Gaucher)

AAC - Colloque international "Citer, éditer, réécrire : réception et représentation de la poésie latine fragmentaire"

Deadline 31/05/2024

Université Grenoble Alpes, 4-6 Decembre 2024

La manière dont notre accès aux textes entièrement existants est médiatisé par une réception ultérieure est aujourd'hui bien établie. Lorsqu'il s'agit d'œuvres fragmentaires de la poésie latine, cette médiation est encore plus directe et matérielle : parce que nous dépendons de la transmission secondaire pour notre accès, le corpus de la poésie romaine primitive est exclusivement composé des éléments ayant assuré sa réception (citation, testimonia…). La création de la « littérature » romaine apparaît dès lors comme étant d'abord un acte de réception, effectué par la société romaine, principalement l'élite, au cours de l’histoire de Rome (Goldberg 2005). La pratique longtemps établie d'occulter ce fait important (principalement dans les éditions de fragments) est aujourd'hui remplacée par la reconnaissance du fait que l'étude de la poésie romaine primitive, comme d'autres œuvres fragmentaires, est essentiellement une étude de réception : ce que nous sommes en mesure d'étudier, ce sont les filtres par lesquels cette poésie est passée, et ce n'est que par ces moyens indirects que nous pouvons parler légitimement des œuvres fragmentaires. Ainsi, comme le souligne Jackie Elliott, « l'étude des œuvres désormais fragmentaires s'apparente en ce sens à l'étude des trous noirs : les objets de notre intérêt ne sont pas eux-mêmes manifestes, et ce qui reste à observer, ce sont leurs effets sur les phénomènes environnants » (Elliott 2022 : 84).

Il arrive souvent que les études sur la réception des auteurs fragmentaires nous informent mieux sur les auteurs récepteurs ultérieurs et sur leurs objectifs que sur les auteurs et œuvres antérieures auxquelles ils se réfèrent. Pourtant, en abordant la réception des premiers poètes romains, il existe une variété de raisonnements pouvant nous renseigner en premier lieu sur la littérature fragmentaire. Ils peuvent notamment se centrer sur les opérations de sélection et de citation du texte source et pouvant aller du niveau microscopique (la citation d'une seule ligne d'un poète antérieur dans le texte d'un auteur ultérieur) au niveau macroscopique (des réécritures ou des réponses à des œuvres entières ou à des figures de poètes). Mais l’on peut également s’interroger sur la manière dont les procédés éditoriaux ont contribué à orienter, à travers les siècles, la lecture et la réception des auteurs et des œuvres fragmentaires (ordre des fragments, présentation du matériau fragmentaire, discours de l’éditeur dans l’espace paratextuel…) et sur la façon dont les écrits modernes, en particulier néolatins, ont pu s’emparer des représentations antiques pour figurer ou réécrire les auteurs et/ou les œuvres fragmentaires.

Le présent colloque s’intéresse donc moins au contenu de la poésie latine fragmentaire qu’à son devenir littéraire et éditorial. À la croisée des recherches menées au sein du projet FragmAnt, qui porte sur la réception de la poésie fragmentaire latine et sur le traitement numérique de la citation, et du centre de recherche Translatio, s’intéresse à la transmission, la traduction et la réception des textes antiques et médiévaux et aux transferts culturels dans lesquels ils s'inscrivent, ce colloque se propose de réfléchir, sans s’y limiter, aux thématiques suivantes :

  • Citation et transmission des fragments : quelles sont les opérations de sélection qui ont présidé à la transmission des fragments de la poésie latine ? Selon quelles modalités (citation, paraphrase, réécriture, référence…) et avec quelles visées (ornement, modèle, instrument de preuve…)  les fragments ont-ils été transmis ? Quelles représentations des poètes latins fragmentaires ces opérations et modalités ont-elles participé à forger ?
  • Édition et représentation : comment les différentes éditions de la poésie fragmentaire ont-elles participé à orienter la lecture et la réception des poètes fragmentaires et/ou de leurs œuvres ?
  • Réminiscences et réécriture : comment les poètes ultérieurs (latins ou néolatins) se sont-ils emparés de l’héritage laissé par leurs prédécesseurs aujourd’hui fragmentaires, qu’il s’agisse de réminiscences ou de réécritures ? Surtout, comment ces dernières nous informent-elles sur la réception ou la représentation des poètes fragmentaires latins ?

Les propositions de communication, qui ne dépasseront pas 500 mots, seront envoyées à sarah.gaucher@univ-grenoble-alpes.fr pour le 31/05/2024.

L’organisation du colloque prendra en charge les nuitées d’hôtel, les repas et, pour les jeunes chercheurs, tout ou partie des trajets.

Comité scientifique :

Florian Barrière (Professeur des Université, UGA)
Sarah Gaucher (Postdoctorante, UGA)
Sarah Orsini (Maîtresse de conférence, UGA)
Clémence Pelletier (Attachée temporaire d’enseignement et de recherche, UGA) 

Bibliographie indicative :

  • Biggs, Thomas. 2020. Poetics of the First Punic War. Ann Arbor, MI: University of Michigan Press.
  • Čulík-Baird, Hannah. 2022. Cicero and the Early Latin Poets. Cambridge: Cambridge University Press.
  • Elliott, Jackie. 2022. Early Latin Poetry. Leiden: Brill. Goldberg, Sander. 2005. Constructing Literature in the Roman Republic. Poetry and its Reception. Cambridge: Cambridge University Press.
  • Manuwald, Gesine. 2011. Roman Republican Theatre. Cambridge: Cambridge University Press.
  • Martindale, Charles. 1993. Redeeming the Text: Latin Poetry and the Hermeneutics of Reception. Cambridge: Cambridge University Press.
  • Martindale, Charles and Richard Thomas, eds. 2006. Classics and the Uses of Reception. Classical Receptions. Oxford: Blackwell.
  • Suerbaum, Werner, ed. 2002. Handbuch der Lateinischen Literatur der Antike. Erster Band. Die archaische Literatur: von den Anfängen bis Sullas Tod. Die vorliterarische Periode und die Zeit von 240 bis 78 v. Chr. Munich: Beck (Handbuch der Altertumswissenschaft 8.1)