Table ronde ‘’Qu’est-ce que la relation ? ‘’
à l’occasion d'une publication de Dictionnaire des relations
vendredi 26 avril 2024 de 19h-20h30
EXC Librairie ( Passage Molière, 157 rue Saint-Martin 75003 Paris )
Dans le cadre de la réédition du Dictionnaire des relations, le sujet sur la relation est en train de s’ouvrir. En parlant des relations de manière interdisciplinaire pour interpréter et réinterpréter, la discussion des multiples points de vue, se déplace de la langue vers le dessin, puis de l’image, émerge une écriture conceptuelle. La relation devient un acte de l’écriture, donc un acte de la pensée, qui ne se limite pas simplement à couvrir le papier : à travers la description, la transformation, l’altération des traces, on découvre des processus abstraits subtiles. Au-delà du temps et de l’espace, les relations sont ininterrompues, allant même circuler jusqu’à l’infini. « Qu’est-ce que la relation ? » qui crée une problématique sur ce qu’est la relation dans l’inspiration aux disciplines larges, ainsi qu’à la vie quotidienne. C’est une invitation admettant les hybridations à partager leur aspect avec des chercheurs et des intervenants de différentes domaines.
Qu’est-ce que la relation ?
« Au commencement est la relation » est une expression tirée des écrits de Martin Buber, mettant en avant la relation comme point de départ fondamental de toute existence. Une rencontre s’articule ainsi autour d’un couple principal Je – Tu, où le Tu, peut représenter l’autre, qu’il s’agisse d’une personne, de Dieu ou d’un objet unique. Une relation a donc bien deux objets liés et connectés, mais comment la définir ?
Dans le dictionnaire français, la relation est définie comme « rapport », « liaison qui existe ». Elle est conçue comme existant entre deux choses, deux grandeurs, deux phénomènes. La relation requiert qu’au moins deux éléments soient établis. Ainsi, la relation peut être considérée comme un « rapport », une notion « relative », s’exprimant à travers les termes « être en rapport avec » et « mettre en rapport avec », indiquant le sujet de l’« être-avec ». Il est inévitable qu’une certaine connexion existe entre les deux, impliquant des interactions et des réactions mutuelles. La relation peut changer aisément à partir de l’une ou l’autre des extrémités, engendrant ainsi de nouvelles formes verbales, telles que « devenir », « obtenir », « avoir », « apprendre », déployant ainsi des échelles différentes.
Par conséquent, la relation se trouve dans un état de transition, soulignant constamment l’accent sur le présent. Il est indéniable que la relation est abstraite, cherchant à capturer de manière visible ce qui est initialement invisible, aspirant à figurer une forme. Elle n’est pas là pour être représentée, mais pour raconter ou exprimer, elle tente ainsi de convertir l’abstrait en une figure concrète à saisir. La relation ne dépend pas de l’autre mais de soi, du rapport à soi et à l’autre. Elle met en relation à être comprendre. Dans ce processus, la relation met l'accent sur « être-avec ». Cet accent représente la nature dynamique de la relation, en constant mouvement et changement, ce qui implique sans cesse qu’elle soit redéfinie.
Nous pouvons approfondir la discussion sur la nature changeante et la possibilité de fabrication des relations. La question est de savoir si les relations peuvent avoir des liens fixes, ou si elles peuvent être artificiellement créées ou déjà construites, ce qui ouvre un champ d'exploration fascinant. Si les relations sont en constante activité, cela soulève la question intrigante de savoir comment peuvent-elles générer des liens éternels et durables ? ou comment est leur position intrinsèquement liée au changement ? En d'autres termes, peut-on envisager des relations qui transcendent la volatilité du changement constant et qui perdurent dans la stabilité et la pérennité ? Ou bien, est-ce que la nature même des relations est fondamentalement liée à la dynamique du changement, les rendant ainsi inextricablement liées à une évolution constante ?
Quant aux relations virtuelles générées dans le contexte contemporain, il est crucial de se demander dans quelle mesure elles influent ou modifient les relations réelles. L'utilisation d'outils, en tant que médiateurs entre les humains, les émotions, les machines, l’intellectuel, l’environnement, l'écologie, le pouvoir, et bien d'autres, soulève la question de savoir si le traitement de ces outils peut apporter des changements significatifs dans la nature des relations. C’est-à-dire, comment l'ouverture d'outils peut-elle redéfinir la manière dont nous interagissons et connectons ces différents éléments ?
Bien que la relation soit liée à l’expérience et contienne des éléments rationnels, intellectuels et perceptuels, la pratique de l’analyse est l’un des aspects fondamentaux pour comprendre le concept de relation. Ainsi, ces relations apparemment complexes et multiples entrelacées peuvent être décomposées en éléments de base selon les unités données dans les expériences ; tout comme les modèles structurels en mathématiques et en sciences, pour en acquérir une compréhension plus approfondie. Ce processus d’analyse progressif de l’entité simple vers la complexité, accompagnée de réflexions éclairantes, rend plus claire la nature de la relation.
Ainsi, lors de la recherche de la structure de base pour l’analyse, on considère la relation comme un sujet de la pensée et de la création qui soulève des questions à discuter : la relation peut-elle devenir une théorie analogique indépendante et étendue ? Quelle approche pourrait être adoptée ? Et comment peut-on établir des liens, à travers la relation, entre le concept inhérent et l’expérience à la fois vaste et subtile ? Peuvent-elles se transformer en théorie universelle ? Autrement dit, l’analyse de relation à partir de la structure relationnelle, par exemple les principes de la géométrie, où un traitement axiomatique qui englobe divers domaines, permet-elle de trouver une définition analogue qui connecte des domaines variés tels que les mathématiques, la géographie, les sciences sociales, la littérature, la politique et les arts ?
La valeur de la relation réside dans sa capacité à prendre des formes variées, à se transformer, à être multiple, abstraite et réelle à la fois, complexe et simple, créant ainsi une singularité d'une grande diversité. Ainsi, la relation est un sujet digne d'attention et de discussion. Peut-être est-ce justement dans le fait que la relation crée elle-même des relations, construisant un domaine sans frontières, sans barrières, ni restrictions, et permettant de se développer au sein de ce domaine selon des formes homogènes et hétérogènes, où résident l’ouverture. Cette idée positionne la relation comme un sujet actif, capable de générer et de façonner son propre espace, et d’engager la mise en forme dans des expérimentations et des pratiques évolutives.
Lire un extrait de l'ouvrage sur Fabula…
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Biographie et les intervenants :
Alain Milon est un philosophe français, professeur à l'université de Paris Nanterre et fondateur et directeur (2006-2012) des Presses Universitaires de Paris Nanterre. Membre de l'Institut Universitaire de France. Il travaille sur le corps : corps de la ville, corps de la langue, corps de l'écriture. Il est entre autres l'auteur de Henri Lefebvre, Vers une architecture de la jouissance (Presses Universitaires de Nanterre, 2023), La philosophie de Francis Ponge. La révolte des choses contre les mots, (Ed. Hermann, coll. Philosophie, 2022), La Place de l’Étranger dans la communauté. Dialogue entre Levinas et Blanchot.(Presses Paris Nanterre, 2018).
Pascale Weber, artiste et essayiste française. Elle réalise des performances, photographies, vidéos et installations qui traitent de la symbolique du corps, de sa mémoire, de ses mythologies et de ses représentations collectives. Elle crée avec Jean Delsaux en duo d'artistes dans le groupe Hantu, des performances en Indonésie, dans la jungle de Mentawai proche de Jakarta, mais aussi à Taïwan, au Brésil, en Égypte, au Sápmi, au Nunavik, au Japon.
Maxime Rovère est philosophe et historien, associé à l’IRHIM-ENS de Lyon. Il a consacré plusieurs ouvrages à Spinoza et à son cercle d’amis (notamment un roman sans fiction, Le Clan Spinoza, 2017). Il développe également une pensée personnelle sous le nom d’éthique interactionnelle, qui a donné naissance à deux livres, l’un consacré aux interactions conflictuelles (Que faire des cons ? pour ne pas en rester un soi-même, Flammarion, 2020), et l’autre aux interactions physiques productrices de savoirs (L’école de la vie, Flammarion, 2020). Il a publié un nouveau roman Le livre de l’amour infini-vie d’Apollonios, homme et dieu en 2024.
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Index de l’édition
Titre du livre : Dictionnaire des relations / Dictionary of relations / 關係字典
Auteur: Hsin-yun TSAI
Beaux-livre 295 pages sous la couverture rigide en toile et en gravure
Langue : français, anglais, chinois
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Programme
19h - Introduction par Hsin-yun TSAI, une performance lecture musicale avec Frédéric Desmesure.
19h30 - Table ronde avec Alain Milon, Pascale Weber, Maxime Rovère
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Entrée libre soumise à inscription préalable : écrire à hsinyun.tsai@hotmail.com
En collaboration avec l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, APESA (Arts Plastiques, Esthétique et Science de l'art)