Sylvie Paillat (dir.), Humanité/Animalité: une querelle contemporaine entre spécistes et antispécistes
Actes du colloque de La Roche-sur-Yon (Institut catholique de l'enseignement supérieur) le 18 et le 19 novembre 2021
Y a-t-il une différence de degré ou de nature entre les hommes et les animaux ? En d’autres termes, doit-on considérer une nature humaine spécifique qui, par son intelligence rationnelle et consciente, caractérise une espèce singulière et la distingue de la nature animale, ou bien l’homme est-il un animal comme les autres, à quelques degrés d’évolution près ? Le débat entre créationnistes et évolutionnistes semble de nos jours resurgir à travers la querelle entre spécistes et antispécistes. Ces derniers remettent en cause cette différence de nature entre hommes et animaux, parce qu’ils portent sur elle des jugements de valeur et l’associent systématiquement à une attitude supérieure et discriminatoire envers les animaux. Pourtant, loin d’affirmer cette supériorité humaine, loin de l’interpréter stricto sensu en termes de domination et d’exploitation, loin de réduire de surcroît l’animal à un simple objet ou à une machine selon la conception cartésienne, cette différence n’existe-t-elle pas de facto ? Vouloir la nier ne conduit-il pas à humaniser l’animal et à animaliser l’homme ? Cette tendance post-humaniste pourrait aboutir à une dévalorisation de l’humanité, à moins qu’une forme d’hybridation « humanimalis » ne soit conçue. Que nous apporte néanmoins l’antispécisme dans la considération de la cause animale ?
Avec les contributions de : Guillaume André, Georges Chapouthier, Bernard Grasset, Jean-Marc Joubert, Jean-Baptiste Juillard, Alain Lanavère, Olivier Launoy, Alain Le Gallo, Jean-Pierre Marguénaud, Clément Millon, René Moniot-Beaumont, Sylvie Paillat, Gilbert Pons, Jocelyne Porcher, Catherine Rémy, Jacques Ricot, Claudia Terlouw, Egle Barone Visigalli, Francis Wolff.
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On peut lire dans le numéro 60 de la revue Le Philosophoire un billet sur cet ouvrage :
" Il s’agit d’interroger à nouveaux frais la question du propre de l’homme et de l’éthique animale, en se tenant à égale distance d’une position anthropocentriste ignorante de la place de l’être humain dans l’ensemble du règne animal et des excès de l’antispécisme, qui brouille les frontières et constituerait un anthropocentrisme inversé. Pour sortir de l’opposition entre spécistes et antispécistes, Sylvie Paillat propose, en conclusion, un « anthropocentrisme élargi » (selon l’expression d’Etienne Bimbenet), qui reconnaisse à l’homme une responsabilité morale envers les animaux avec lesquels il interagit, sans méconnaître que seul l’homme puisse assumer une telle tâche. La question de philosophie générale par excellence (comment définir l’être humain ?) se décline donc sur un plan épistémologique (que sait-on de la différence homme-animal ?), moral (quels devoirs avons-nous envers les animaux ?) et juridique (quels droits leur accorder ?). Deux parties sont également consacrées aux curiosités comportementales et culturelles que sont l’animalisation des humains (partie III) et, inversement, l’humanisation et même la divinisation des animaux (partie IV)."