"L’amitié peut-elle être pensée comme une catégorie littéraire ?". Conf. de Hélène Baty-Delalande (Tours & en ligne)
L’unité de recherche interdisciplinaire ICD a le plaisir de vous inviter
à la nouvelle séance du séminaire de théorie littéraire
« Écritures et concepts en mouvement »
animée par :
Hélène Baty-Delalande, Maîtresse de conférences à l’Université de Rennes II
« L'AMITIE PEUT-ELLE ÊTRE PENSEE COMME UNE CATEGORIE LITTERAIRE? »
En France, l’entre-deux-guerres voit la réévaluation fondamentale de l’amitié comme valeur sociale (et même homosociale), démocratique et politique, et de nombreuses œuvres littéraires sont hantées par un ambivalent romanesque de l’amitié. Lors de cette séance du séminaire, nous essayerons de formuler quelques propositions sur la revalorisation de l’amitié dans le champ littéraire à partir d’une étude de cas : portrait de Nizan par Sartre. Préface tardive à une réédition d’Aden Arabie de Paul Nizan, le texte de Sartre revient, sous la forme d’un hommage longtemps différé, sur l’amitié qui le lia à Nizan jusqu’au seuil des années trente. Il cristallise des enjeux d’époque, tout en en proposant un inventaire critique, entre mélancolie et reprise romanesque, d’un motif ambigu.
Au-delà de l’analyse d’un imaginaire daté, ou de considérations historico-biographiques, le propos sera ici de mettre à l’épreuve l’idée d’amitié comme catégorie à la fois éthique et esthétique permettant de relire cet étrange tombeau littéraire.
Hélène Baty-Delalande est maîtresse de conférences à l’Université de Rennes II. Après une thèse sur la question de l’engagement durant l’entre-deux-guerres (Une politique intérieure. La question de l’engagement chez Roger Martin du Gard, Honoré Champion, 2010), ses recherches portaient essentiellement sur la poétique du récit au XXe siècle, les écritures de l’histoire et les enjeux politiques dans la fiction. On lui doit également de nombreuses éditions critiques : État civil et Gilles pour Romans, nouvelles de Drieu la Rochelle (Pléiade, 2012, dir. J.-F. Louette), Tout compte fait et (avec J.-L. Jeannelle) La Force de l’âge de Simone de Beauvoir (Pléiade, 2018, dir. J.-L. Jeannelle et E. Lecarme-Tabone), ainsi que deux correspondances (Nos relations sont étranges : correspondance Drieu-Paulhan, éditions Claire Paulhan, 2018 ; (avec P. Masson) Gide et la question coloniale : correspondance avec M. de Coppet, Presses universitaires de Lyon, 2020). Si la correspondance entre Drieu et Paulhan inscrit en son cœur la possibilité d’une amitié improbable, à la fois agissante et insincère, celle qui lie Gide et l’ami de Martin du Gard, Marcel de Coppet, gouverneur colonial en Afrique, invite à penser les aléas d’une amitié épiphyte, à la fois valeur partagée et posture littéraire. C’est précisément le travail sur ce corpus épistolaire qui l’a amenée à une réflexion sur l’amitié comme catégorie éthique, esthétique, historique – et donc puissamment romanesque durant le premier XXe siècle.
Le séminaire aura lieu le lundi 8 avril à 17h-19h15.
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La suite du séminaire :
- mai 2024 - David Zerbib (Paris I Panthéon-Sorbonne): « La création calculée. Matérialité numérique, spiritualité computationnelle et intelligence artificielle dans les arts contemporains »
- le mercredi 19 juin 2024 - Alberto Fleitas Rodriguez (Université de Las Palmas de Gran Canaria): « Les frissons de l’indicible : vers une continuité du sublime littéraire ? »
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