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"Écopoétique des contes : porosités du merveilleux". Conf. de Inès Cazalas (Séminaire "Identités plastiques", Sorbonne)

Publié le par Marc Escola (Source : Irène Gayraud)

Jeudi 29 février 17h-19h
 
Maison de la Recherche (28 rue Serpente 75006 Paris)— Salle D040
 
Séminaire « Identités plastiques »  

(CRLC, coordination Irène Gayraud, Danielle Perrot-Corpet et Judith Sarfati Lanter)

Conférence de Inès Cazalas, 

Maîtresse de conférences en littérature comparée à l'Université de Paris Cité

« Écopoétique des contes : porosités du merveilleux »

Pour repenser nos rapports au vivant face au désastre écologique en cours, diverses propositions philosophiques remobilisent des schèmes mythologiques (« Gaïa » chez Bruno Latour, « Chthulucène » chez Dona Haraway) ou des références à l’animisme (écologie de la perception chez David Abram, « chimérisation » des ontologies chez Baptiste Morizot), tandis que les travaux de plusieurs anthropologues (dont Eduardo Viveiros de Castro, Arturo Escobar, Barbara Glowcezewski, Charles Stépanoff, Nastassja Martin) travaillent à « défolkloriser » et « repolitiser » les modes de vie et cosmologies animistes comme « autant de façons de dire que le monde pourrait être autre », selon les mots de Nastassja Martin  dans À l’est des rêves.

Dans ce contexte, on s’intéressera plus particulièrement aux contes – qu’on entendra ici au sens large de « récits de tradition orale » – pour en déployer les différentes porosités (génériques, interdisciplinaires, queers, interspécifiques). Dans quelle mesure les contes travaillent-ils à retisser des relations avec les vivants autres qu’humains ? Comment leurs imaginaires métamorphiques permettent-ils de figurer des identités instables tout en interrogeant les limites de cette plasticité ? Comment recevoir ces histoires sans les instrumentaliser ? Le merveilleux prémoderne peut-il rencontrer l’émerveillement scientifique ? Enfin, qu’apporte à la réflexion la prise en compte de l’acte même de conter, dans sa dimension vocale et performative ? La conférence explorera ces questions au carrefour de l’écopoétique, de l’ethnopoétique et des études de genre.

Maîtresse de conférences en littérature comparée à l’Université Paris Cité, Inès Cazalas a d’abord travaillé sur l’articulation entre histoires familiales et histoires collectives ainsi que sur la mémoire des épopées dans le roman contemporain.  Sa réflexion sur les formes et usages du récit s’est ensuite élargie aux contes, dans une approche plus anthropologique, tandis que le prisme écopoétique est venu prolonger son travail sur les politiques du modèle généalogique – la question des alliances et parentés s’étendant aussi aux vivants non humains. Ses recherches actuelles portent sur le merveilleux écologique, à partir d’un corpus transatlantique mêlant récits de tradition orale, nouvelles et romans d’écrivains.

Le séminaire « Identités plastiques » touche aux questions d'hybridité, de bizarrerie par rapport à une norme (queerness), de frontières flottantes ou poreuses, telles qu'elles se font jour en littérature et dans les arts. Mettant en jeu différents champs de recherche, comme les études de genre ou l’écopoétique, il interroge, au fil des interventions, les catégories identitaires destinées à classer le monde, les êtres, les langues et les disciplines académiques qui les appréhendent.