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Bizarreries spectaculaires. Vers un dépaysement des arts actuels (Bordeaux)

Bizarreries spectaculaires. Vers un dépaysement des arts actuels (Bordeaux)

Publié le par Marc Escola (Source : Reyraud Margot)

Bizarreries spectaculaires. Vers un dépaysement des arts actuels

Ce projet de recherche, soutenu par l’École Doctorale Montaigne Humanités et l’Unité de Recherche ARTES est à l’initiative de deux doctorant•es, Arts et Spectacles. Il vise à interroger certaines formes de spectacles, émergentes dans l’époque actuelle mais considérées comme mineures, incongrues sinon exclues des arts de la scène et de l’écran. Bien qu’il existe déjà de nombreuses rencontres universitaires traitant du spectacle vivant contemporain, nous avons choisi d’axer notre recherche sur un certain type d’œuvres que nous nommerons les « bizarreries spectaculaires ». 

L’adjectif « bizarre » renvoie à ce qui s’écarte de la norme, et, au sens littéral, à la communauté « Queer », mais également à ce qui est difficile à comprendre à cause de son caractère étrange. Ce terme renvoie également à l’histoire des cabinets de curiosités dont l’objectif était de collectionner des objets inconnus, souvent dans un but scientifique, afin d’en analyser les formes, d’en comprendre les fonctions et d’en déterminer les origines. Une bizarrerie, tout comme une curiosité, attire dans un premier temps par sa singularité mais déclenche ensuite une soif de connaissance et un désir d’exploration. 

Une partie des objets spectaculaires de l’époque actuelle semble bel et bien relever de ces qualificatifs propres aux curiosités. Ils sont inclassables, hybridés (nous pensons notamment aux modifications corporelles cyborg de Neil Harbisson, aux performances de Catherine Baÿ et celles de François Chaignaud...) ou parfois même semblent illégitimes aux études des arts scéniques (spectacles drag, performances de Stelarc, etc.). Une autre discipline, comme la mode, est aussi souvent considérée comme bizarre et fera l’objet de notre attention (lorsque l’on pense, notamment, à certaines tenues de haute-couture, que l’on pense aux créations d’Iris Van Herpen ou aux robes de mariées médiévales de Demna pour Balenciaga). On s’intéressera également au maquillage, que la recherche identifie comme des champs « visqueux » (Dominique Paquet, 1989), aux contours mouvants, alors même que le HMC (Habillage, Maquillage, Coiffure) est fondamental au jeu d’acteur et à l’esthétique du film. Ces formes, faisant de plus en plus souvent appel au ludique et au spectaculaire hors limite, expriment aussi une volonté de réenchanter les arts vivants. 

Le XXe siècle a connu nombre d’expériences propices au développement de ces bizarreries, métissant les arts du spectacle entre eux et/ou avec toutes sortes de pratiques (le théâtre d’image de Bob Wilson, la danse-théâtre de Pina Bausch, le happening, etc.). Certains travaux tels que ceux d’Hans Thies Lehmann sur le théâtre postdramatique, de Richard Schechner sur la performance ou encore ceux de Renate Lorenz sur la lecture des œuvres queer offrent des outils pour saisir une partie de ces objets. Néanmoins, il existe quelques formes vivantes qui n’ont pas forcément de résonances directes avec des formats plus habituels (comme le théâtre, la danse, la performance, le cirque, etc.) et qui sont plus difficiles à appréhender (nous pensons à l’artiste Leigh Bowery ou même aux workshops du groupe Tranimal etc.). Face à ces œuvres (et ces artistes) inclassables, les chercheurs•euses se retrouvent parfois démuni•es et doivent créer leurs propres outils ou croiser les regards, ainsi que les domaines de recherches. 

L’objectif de cette journée d’étude sera donc de faire vivre une recherche encore marginale sur des objets qui le sont tout autant. Nous nous interrogerons sur ce que produisent ces « bizarreries spectaculaires » ainsi que sur leur impact dans les arts vivants. À la manière d’un cabinet de curiosités, nous tenterons de constituer une sorte de collection d’objets spectaculaires bizarres que nous étudierons ensuite afin d’en comprendre les enjeux. Le but n’est donc pas de créer une taxinomie mais plutôt d’apprendre à regarder l’étrange et de tenter de construire des outils adaptés pour mieux l’analyser.

Voici quelques questions laissées en suspens qui pourront être développées durant les communications : Pourquoi et comment regarder une « bizarrerie spectaculaire » ? Quels outils et/ou méthodes utiliser pour mieux comprendre les enjeux de ces formes atypiques ? D’où viennent-elles, ont-elles des antécédents et si oui, lesquels ? Dans quelles mesures bouleversent-elles les codes de la représentation scénique ? Que nous révèlent-elles sur l’état actuel des arts du spectacle et par quels moyens les réenchantent-t-elles ?

Cette initiative doctorante prendra la forme d’une journée d’étude et sera idéalement accompagnée d’une ciné-rencontre.

Les propositions de communications (français et anglais) de 500 mots contenant une courte bio-bibliographie doivent être envoyées avant le 1er mars 2024 aux deux adresses suivantes : 

margot.reyraud@u-bordeaux-montaigne.fr

et guillaume.jaehnert@u-bordeaux-montaigne.fr