"Ceux devant qui se sont dressés, sous l’éclatant ciel bleu de juin, ces deux effrayants chefs-d’œuvre de la guerre civile, ne les oublieront jamais" : tels sont les mots par lesquels Victor Hugo, dans un chapitre des Misérables, évoque les deux plus formidables barricades de l’insurrection parisienne de juin 1848, dont il fut un témoin et même un acteur. À la tête de l’une un "gamin tragique", ouvrier mécanicien, derrière l’autre un géant truculent, ex-officier de marine. Dans Jusqu'à ce que mort s'ensuive. Sur une page des Misérables (Gallimard), Olivier Rolin vient nous rappeler qu'Emmanuel Barthélemy, l’ouvrier, et Frédéric Cournet, le marin, ne sont pas des personnages de fiction, ils ont réellement existé : "Ils ont beau se battre du même côté en ces jours de sang, ils vont devenir des ennemis mortels. Hugo résume leur destinée furieusement romanesque en quelques lignes qui m’ont donné envie de reconstituer du début jusqu’à la fin, de Paris à Londres, l’histoire croisée de ces deux figures oubliées des révolutions du dix-neuvième siècle. On y voit des barricades, le bagne, des évasions, un coup d’État, un duel à mort, plusieurs meurtres, le gibet, et des comparses comme Karl Marx et Napoléon III. Et Hugo lui-même, excusez du peu". Fabula donne à lire un extrait de l'ouvrage…
(Illustr. : Le pont de l’Archevêché gardé par des troupes durant la révolution de 1848. Auteur inconnu. © Musée Carnavalet)