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Degrés de Fictionnalité / Degrees of fictionality (Hyogo, Japon)

Degrés de Fictionnalité / Degrees of fictionality (Hyogo, Japon)

Publié le par Vincent Ferré (Source : Françoise Lavocat)

SIRFF/ASIFF – Troisième congrès international – les 18-19-20 octobre 2024

Les propositions de communication, d’environ 300-400 mots en anglais, en français ou en japonais, doivent être envoyées à degreesoffiction2024@googlegroups.com">degreesoffiction2024@googlegroups.com avant le 31 janvier 2024.

Le concept de « degrés » semble peu compatible avec celui de fictionnalité, bien qu’il coïncide avec une approche intuitive de celle-ci (n’a-t-on pas tendance à penser qu’un conte de fée est plus fictionnel qu’À la Recherche du temps perdu ?). Pourtant, la plupart des définitions de la fiction sont binaires : John Searle compare un article de journal avec un passage du roman pour définir la fictionnalité comme « feintise » ; Paul Ricoeur estime que la ville de Paris, dans un roman, est aussi fictionnelle que les personnages, et ne constitue pas du tout une enclave référentielle ; dans une fiction, tout serait fiction. Les théoriciens de la fiction, de fait, ; opposent souvent la fictionnalité à la factualité, que ce soit dans une perspective ontologique ou pragmatique). On pourrait cependant concevoir le « propre de la fiction » (Cohn) de manière moins catégorique. Thomas Pavel a critiqué ce qu’il appelle le « ségrégationnisme » dans son livre pionnier, L’Univers de la fiction (1986), et prône une approche « intégrationniste », qui envisage la fictionnalité de façon plus nuancée. Jean-Marie Schaeffer souligne, en s’appuyant sur la « croyance » chez David Hume, que les différences entre fiction et non-fiction s’expliquent moins par des différences de nature qui caractériseraient les représentations mentales que par l’« intensité » des émotions. Les approches rhétoriques de la fictionnalité proposent, quant à elles, de distinguer entre fictionnalité locale et fictionnalité globale pour admettre qu’il y ait des moments fictionnels à l’intérieur de la non-fiction, et réciproquement. Comment pourra-t-on évaluer un tel mélange ? La fictionnalité est-elle une question de qualité ou de quantité ? Les textes hybrides ou certains éléments référentiels dans une œuvre de fiction impliquent-ils qu’il y ait des degrés de la fictionnalité ? Peut-on dire que certaines œuvres de fiction produites dans un contexte historique et culturel sont plus fictionnelles que d’autres ? Toutes ces questions nous amènent à réfléchir sur les « degrés » de la fiction, et à en tenter la définition, du point de vue des théories de la fiction, de la philosophie, des sciences cognitives, en prenant éventuellement en compte la réception et l’histoire des genres. On pourra aussi s’attacher à analyser les indices textuels de ces degrés de fictionnalité, et se demander s’ils sont les mêmes selon les époques, les aires culturelles et les médias.

L’objectif de ce colloque international et interdisciplinaire consiste en effet à explorer cette problématique dans différents domaines, en privilégiant, dans la mesure du possible, une perspective comparatiste et historique.

Les communications peuvent se tenir en présence ou en ligne. 

Perspectives possibles :

– « Vérité(s) » dans la fiction et la définition de la fictionnalité

– Modèles de catégorisation en science cognitive et définitions de la fictionnalité (par exemple : la théorie du prototype)

– Fictionnalité et genres de l’imaginaire (fantasy, fantastique, science-fiction)

– Questions du « pacte » ou du « cadre » dans les définitions pragmatiques de la fictionnalité

– Fictionnalité locale et fictionnalité globale : questions d’échelle et de totalité

– Questions du réalisme dans différents genres artistiques et discursifs

– Variations (trans)médiatiques de la fictionnalité (par exemple : « half-real » des jeux vidéo selon Juul)

– Variations culturelles et historiques (par exemple : fictionnalité « incomplète » dans les romans du « je » japonais)

La SIRFF/ASIFF décernera un prix pour le meilleur article d’un.e chercheur.se en début de carrière (doctorant.e ou docteur-e jusqu’à 3 ans après le doctorat), qui sera présenté à la conférence. Le Lauréat ou la Lauréate recevra un montant de $1000 (dollars).

Si vous souhaitez être pris.e en considération pour ce prix, veuillez soumettre le texte complet de votre communication (3500 mots / 20000 signes maximum) à degreesoffiction2024@googlegroups.com, avant le 31 mars 2024. L’article devra être inédit

Bibliographie 

Booth, Wayne C (1961). The Rhetoric of Fiction, Chicago, London: University of Chicago Press.

Caïra, Olivier (2011). Définir la fiction : du roman au jeu d’échecs, Paris: Éditions EHESS.

Cohn, Dorrit (1999). The Distinction of Fiction, Baltimore: John Hopkins University Press.

Currie, Gregory (1990). The Nature of Fiction, Cambridge, New York: The Cambridge University Press.

Genette, Gérard (1991). Fiction et Diction, Paris: Seuil.

Juul, Jesper (2005). Half-Real: Video Games betweeen Real Rules and Fictional Worlds, Cambridge: MIT Press.

Lavocat, Françoise (2016). Fait et fiction : pour une frontière, Paris: Seuil.

Nielsen, Henrik Skov, Phelan, James and Walsh, Richard. “Ten Theses about Fictionality.” Narrative 23(1) 61-73.

Pavel, Thomas (1986). Fictional Worlds, Cambridge, Massachusetts, and London: Harvard University Press.

Ryan, Marie-Laure (2019), “Fact, Fiction, and Media,” dans Monika Fludernik et Marie-Laure Ryan (dir.), Narrative Factuality: A Handbook, Berlin, De Gruyter, coll. Revisionen, 75–94.

Saint-Gelais, Richard (2011). Fiction transfuges : La transfictionnalité et ses enjeux, Paris: Seuil

Schaeffer, Jean-Marie (2020). Les Troubles du récit, Vincennes: Thierry Marchaisse.

Searle, John(1975). “The Logical Status of Fictional Discourse.” New Literary History, 6(2), 319-332.

Walsh, Richard (2007). The Rhetoric of Fictionality: Narrative Theory and the Idea of Fiction, Columbus: Ohio State University Press.

大浦康介(編)『フィクション論への誘い─文学・歴史・遊び・人間』、世界思想社、2013年。

高橋幸平、久保昭博、日高佳紀(編)『小説のフィクショナリティ─理論で読み直す日本の文学』、ひつじ書房、2022年。

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