Actualité
Appels à contributions
Regards sur le populisme dans le sillage du 11 septembre 2001 (Colloque Acfas 2024, Ottawa)

Regards sur le populisme dans le sillage du 11 septembre 2001 (Colloque Acfas 2024, Ottawa)

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne (Source : Jimmy Thibeault)

Un appel à communications est lancé pour le colloque « Regards sur le populisme dans le sillage du 11 septembre 2001 »,

qui se tiendra dans le cadre du 91e Congrès de l’Acfas à l’Université d’Ottawa, les 13 et 14 mai 2024.

Depuis les attentats du 11 septembre 2001 et la diffusion en direct de l’effondrement des tours jumelles du World Trade Center à New York, on ne compte plus le nombre de publications qui posent les événements comme un point tournant dans l’histoire occidentale. Pour certains, le 11 septembre inaugurait de manière brutale le XXIe siècle tellement il représentait, pour reprendre le titre de la bande dessinée de Baptiste Bouthier et d’Héloïse Chochois, Le jour où le monde a basculé (2021), créant ainsi l’impression d’un point de rupture, d’un monde de l’avant et d’un monde de l’après. Les chercheurs et chercheuses de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques remarquent, en ce sens, que « le 11 septembre a bouleversé les priorités de nos sociétés, nos convictions relativement au rôle que nos gouvernements devraient jouer dans le monde, notre manière de concevoir le terrorisme, de faire la guerre et le droit ou encore de définir l’identité nationale de nos pays. » (2016) Le 11 septembre aurait contribué à établir un cadre de référence dont les effets se font toujours sentir : les discours qui ont pris forme dès les premiers moments des attentats trouveraient encore aujourd’hui des échos dans la perception de monde et dans la conception de nos imaginaires sociaux.

Ce siècle dont le 11 septembre représenterait une balise – parmi d’autres – serait aussi, selon le titre de l’ouvrage de Pierre Rosanvallon, Le siècle du populisme (2020). Pour Rosanvallon, ce populisme du XXIesiècle, qui attire de plus en plus l’attention des chercheurs et des chercheuses, représente un concept dont « nous n’avons pas encore pris la juste mesure du bouleversement qu’il induit », car si le mot est souvent utilisé, il reste, sur le plan théorique, à mieux définir. France Giroux et André Mineau soulignent également, dans l’introduction de l’ouvrage Les populismes d’hier à aujourd’hui. Les ambiguïtés d’une parole attribuée au peuple (2021), que le paysage politique des dernières années a considérablement changé alors que des leaders politiques se disent en rupture avec les élites, trouvant leur inspiration dans le « vrai peuple », simplifiant à l’extrême les enjeux sociaux à des enjeux, serions-nous tentés de dire, de « gros bon sens ». Pour Giroux et Mineau, à l’instar de Rosanvallon, « [l]e populisme est un phénomène culturel et politique polysémique qui revêt une importance considérable de nos jours ».

Le présent colloque propose de réfléchir à la fois aux effets des discours et des actions qui ont suivi les événements du 11 septembre sur les imaginaires sociaux et l’instrumentalisation d’un certain état de choc pour créer un discours national polarisant, d’une part, et sur la montée du discours populiste – tant de gauche que de droite – dans les années qui ont suivi les attentats et qui fait écho au discours de peur qui apparaît dans le rapport dichotomique entre le « nous » et le « eux », le semblable et le différent, l’ici et l’ailleurs, ainsi que, par d’étonnants raccourcis, le bien et le mal. Nous pensons par exemple à l’utilisation de certains affects populaires, exacerbés par le discours populiste, pour imposer une vision du monde : l’utilisation du 11 septembre, notamment, pour cristalliser l’impression d’une menace étrangère constante et établir de nouvelles politiques sur la sécurité, créant, du même coup, une inquiétude constante à l’égard de l’autre. L’objectif n’est pas de poser le 11 septembre au fondement du XXIe siècle ni de réduire le populisme à un effet du 11 septembre ou à son expression au XXIe siècle, mais d’explorer les possibles échos entre les deux phénomènes. Nous nous intéressons particulièrement à trois volets :

·      Le populisme politique.

·      Le populisme dans les médias.

·      Les traces (intégration ou critique) du discours populiste dans les représentations artistiques (littérature, théâtre, cinéma).

Les communications peuvent aborder explicitement le lien entre les attentats du 11 septembre et la montée du populisme, mais peuvent également proposer une réflexion théorique plus large sur le concept du populisme au XXIe siècle en le replaçant dans les grands mouvements de l’histoire mondiale.

Votre proposition d’environ 300 mots doit être envoyée à Jimmy Thibeault (jimmy.thibeault@usainteanne.ca) avant le 12 février 2024.

— 

Comité organisateur

Stéphanie Chouinard (Collège militaire royal du Canada)

Jimmy Thibeault (Université Sainte-Anne)

Chantal White (Université Sainte-Anne)

 —

Ouvrages cités

Collectif (2016), L’effet 11 septembre. 15 ans après, Québec, Septentrion.

Giroux, France et André Mineau (dir.) (2021), Les populismes d’hier à aujourd’hui. Les ambiguïtés d’une parole attribuée au peuple, Montréal, Éditions JFD inc.

Rosanvallon, Pierre (2020), Le siècle du populisme, Paris, Éditions du Seuil.