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Paroles tenues. Recueils de voix et dette littéraire dans la littérature française contemporaine (1993-2023). Soutenance de Mathilde Zbaeren (Lausanne)

Paroles tenues. Recueils de voix et dette littéraire dans la littérature française contemporaine (1993-2023). Soutenance de Mathilde Zbaeren (Lausanne)

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Mathilde Zbaeren soutiendra sa thèse de doctorat en vue d'obtenir le titre de docteure ès lettres à l'Université de Lausanne, le mardi 21 novembre 2023 à 17h15 (Anthropole 2024).

Sa thèse intitulée "Paroles tenues. Recueils de voix et dette littéraire dans la littérature française contemporaine (1993-2023)" sera présentée devant un jury composé de :

Vincent DEBAENE, Professeur ordinaire à l'Université de Genève

Alison JAMES, Professeure à l'Université de Chicago

Marie-Jeanne ZENETTI, Maîtresse de conférences HDR à l'Université Lyon II

Jérôme Meizoz, Professeur à l'Université de Lausanne (directeur de thèse)

Le jury sera présidé par Marc ESCOLA, Professeur à l'Université de Lausanne.

Résumé de la thèse

Cette thèse s’attache à étudier les œuvres de quinze auteurs et autrices[1] qui dédient leur pratique littéraire à la représentation de la parole d’autrui. Les « recueils de voix » sont des récits ou des montages littéraires composés à partir de propos collectés en entretien sur le terrain par des écrivains et des écrivaines. Les gestes de collecte, de transcription et d’agencement soulèvent la question de la véracité des propos consignés, mais également de la dette que les auteurs et autrices nouent avec celles et ceux auxquels ils empruntent leur propos pour donner naissance à des ouvrages reçus comme littéraires.

Se proposant de retracer l’histoire et les influences transnationales de ce genre émergé dans le courant des années 1990 et popularisé dans les années 2010, cette recherche entend également interroger le rapport que le recueil de voix entretient avec le témoignage, les factographies et les enquêtes menées du côté des sciences sociales (ethnographie et sociologie). Situé au point de rencontre entre une analyse littéraire, mêlant une approche poétique, rhétorique et sociologique, et un questionnement d’ordre éthique et épistémique, ce travail offre une analyse contextualisée d’un genre en voie de consécration. En accordant une attention particulière aux manières littéraires de favoriser la libération d’une parole et de fournir le modèle d’une attention éthique, il s’agit d’interroger, d’une part, les mises en scène (formelles, énonciatives, posturales) de textes qui veulent constituer une « chambre d’écho » pour des paroles jugées inaudibles ou invisibles, et de considérer, d’autre part, les moyens rhétoriques et pragmatiques mis en place pour éviter toute réification des sujets parlants. Il s’agit par ailleurs de comprendre comment les auteurs et autrices étudiés font du texte un espace où tiennent ensemble des paroles et où une attention leur est restituée par l’écoute. En prenant au sérieux l’assimilation contemporaine du texte à un espace d’écoute, il devient possible d’analyser ce que recoupent les idéaux de « restitution » et de « reconnaissance » auxquels s’arriment les discours d’escorte des recueils de voix. À terme, l’expression « paroles tenues » suggère une responsabilité de la littérature à l’égard de son terrain et des études littéraires devant l’émergence de formes littéraires factuelles fondées sur des paroles collectées.

Assistante d’enseignement et doctorante à l’Université de Lausanne, Mathilde Zbaeren a travaillé à cette thèse de doctorat sous la direction du Professeur Jérôme Meizoz. Durant son parcours doctoral, elle a rédigé des articles portant sur les enjeux poétiques, méthodologiques et éthiques des collectes de paroles, ceci notamment dans les revues Fixxion (2019), Fabula (2020), Études de Lettres (2020) et COnTEXTES (2021). Elle a co-dirigé des dossiers dans les revues a contrario (2018), Fixxion (2022) et Itinéraires LTC (2023). Elle a bénéficié en 2022 d’une bourse de recherche doctorale pour un séjour de recherche à l’Université de Chicago.

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[1] Arno Bertina, François Bon, Marie Cosnay, Maryline Desbiolles, Sophie Divry, Jean-Paul Goux, Jean Hatzfeld, Perrine Le Querrec, Éléonore Mercier, Marie Nimier, Nathalie Quintane, Jane Sautière, Olivia Rosenthal, Violaine Schwartz et Joy Sorman.