Ce livre est le fruit d’une fascination : celle de l’auteur pour les fragments, infiniment rares, qu’ont laissés derrière eux, par une chance inespérée, les poètes inconnus de la République romaine. Inconnus car oubliés, effacés par l’époque suivante puis recueillis petit peu par petit peu par des savants depuis la fin du XIXe siècle. L’auteur s’est donc promené dans leurs minces recueils, parfois pour s’y perdre, toujours pour y rêver. Il en a tiré cette galerie de portraits ou de « médaillons littéraires », comme on disait vers 1830. Car c’est bien de littérature qu’il s’agit ici : l’auteur ne s’est pas donné pour but de simplement traduire certains des Fragmenta poetarum Romanorum. Il a voulu, pour chacun des poètes qui lui « parlait », écrire un texte qui le ramène à la vie. Cela sans jamais inventer, en se tenant strictement aux témoignages, en restant du côté de l’Histoire.
Enfilant alors ces deux bottes enchantées – écriture et Histoire – l’auteur arpente les deux mystères qu’on trouve aux origines de la littérature européenne, comme deux sphinx au départ d’une route : celui de l’invention même de la littérature, au IVe siècle avant notre ère, autour de la grande Bibliothèque d’Alexandrie ; et celui du geste, presque fou, par lequel, à Rome, des générations de poètes et lettrés « frappés des Muses », seuls entre tous les Barbares du monde hellénistique, décidèrent de bâtir, dans leur propre langue, une nouvelle « littérature grecque ».
Pierre Vesperini, ancien élève de l’École normale supérieure, ancien membre de l’École française de Rome, est chargé de recherche (HDR) au CNRS. Auteur de Lucrèce. Archéologie d’un classique européen (2017), il a publié Que faire du passé ? Réflexions sur la cancel culture (2022) ainsi que proposé une nouvelle traduction de Théocrite (2021).
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On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cette anthologie :
"Figures fuyantes de la Rome littéraire", par Pierre Senges (en ligne le 11 novembre 2023)
Du philosophe Anaximène (VIe siècle avant J.C.), il nous resterait trois fragments authentifiés, pas un de plus : « bonnet », « clou » et « être suspendu » ; à partir de ces bribes, le lecteur démuni a l’intuition de pouvoir reconstituer une phrase complète, peut-être même pertinente : c’est là un cadeau de la providence et c’est une maigre consolation. Dans Poètes et lettrés oubliés de la Rome ancienne, Pierre Vesperini offre au lecteur d’autres miettes sublimes de ce genre, sauvées par le hasard ou par la bienveillance de ceux qui ont choisi de les copier.
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Table des matières
Avertissement au lecteur
Les passeurs d’alexandrie. Préface
Marcus Plautius
Hostius
Atilius
Valerius Aedituus
Q. Lutatius Catulus
Porcius Licinus
Q. Valerius Soranus
T. Quinctius Atta
M. Sevius Nicanor
Papinius
Pupius
Furius Antias
Cn. Matius
Laevius
Nardus
Q. Hortensius Hortalus
Volumnius
Valerius Cato
Julius Calidus
Furius Bibaculus
Mucius Scaevola
Pompeius Lenaeus
C. Licinius Calvus
Salluste
Tullius Laurea
C. Helvius Cinna
Q. Cornificius
Ticidas
Varron de l’Aude
Volusius
C. Asinius Pollion
Loreius Tiburtinus
C. Cornelius Gallus
Notes
Abréviations
Bibliographie