Jean Vauquelin des Yveteaux, Œuvres alchimiques choisies (éd. Sylvain Matton, préf. Alain Niderst)
Convaincu de la véracité de l’alchimie à la suite de transmutations opérées en sa présence en 1676 par Georges Pierre des Closets, un inventif filou qui tenta aussi d’abuser Robert Boyle, le hobereau Jean Vauquelin des Yveteaux (1651-1716), élu directeur en 1705 de l’Académie des Belles-Lettres de Caen, passa quarante ans à étudier et à expérimenter au laboratoire l’enseignement des philosophes chymiques, ainsi que celui de quelques kabbalistes chrétiens, principalement Francesco Zorzi, copiant des manuscrits souvent très rares, traduisant du latin, compilant inlassablement en trente-quatre volumes in-folio des traités d’alchimie, d’astrologie, de kabbale ou de magie, mais aussi rédigeant lui-même des traités originaux, tel le vaste Vérités fabuleuses et hermétiques, qui forme, un demi-siècle avant celui de Pernety, un véritable « dictionnaire mytho-hermétique ».
Sept traités parmi ses plus significatifs ont été réunis ici, regroupés selon le genre dont ils relèvent. Trois sont autobiographiques : De la pierre philosophale et ce qui a convaincu Mr des Yvetaus de sa possibilité, récit de la conversion de Vauquelin à l’alchimie ; Lettre à Madame***, que Georges Pierre des Closets transmit à Boyle, et où Vauquelin expose les grandes lignes de son alchimie « au commencement de ses travaux » ; enfin le Voiage des Indes philosophiques, récit allégorique circonstancié de la confection du grand œuvre que Vauquelin entreprit à l’âge de 63 ans, le 18 juillet 1714, mais qui fut interrompue par la maladie puis la mort. Trois autres relèvent du commentaire : Le Cantique des cantiques de Salomon interpreté dans le sens phisique, l’une des rares interprétations alchimiques détaillées d’un livre biblique ; l’Explication de plusieurs hyerogliphes de Nicolas Flamel et autres, qui porte sur la fameuse arche du cimetière des Innocents, et les Reflexions sur l’epitaphe et les emblesmes de Nicolas Flamel. Le dernier, De l’arbre de vie ou de l’arbre solaire, constitue un bon exemple du travail compilatoire de Vauquelin.
Plusieurs de ces écrits sont inédits ; les autres ont déjà été séparément publiés par Sylvain Matton en revue ou dans un ouvrage collectif, mais leur édition est ici revue et corrigée et leur annotation a été notablement augmentée.