La poésie, selon les tenants du sanctuaire de l’art, ne devrait pas souffrir d’incorrection ; cependant, au XIXᵉ siècle, l’incorrection semble apporter un souffle nouveau, ainsi qu’une manière de questionner le statut même de ce genre prétendu « noble ». Aux alentours des années 1870, la parole poétique – tour à tour « subversive », « dérèglée », « contestataire », « dissonante » – se sert de l’incorrection comme d’une force novatrice. Il faut « trouver une langue », affirme Rimbaud. Quand Proust intervient dans la querelle du style de Flaubert, il inscrit ses « fautes perpétuelles » dans une plus vaste « beauté grammaticale, […] qui n’a rien à voir avec la correction » et assure une forme de rythme et de continuité stylistique. Au XXᵉ siècle, l’« incorrect » semble être devenu un acquis, un point de départ nécessaire pour « faire de la poésie » et redoubler ainsi les audaces.
Dans ce colloque international, organisé en collaboration avec la Région VdA, la Chaire Senghor, l’Université de Rome 3 et l’ITEM de Paris (Institut des Textes et Manuscrits modernes, CNRS et ENS), nous proposons d’explorer l’incorrection en poésie selon plusieurs axes. L’incorrection est-elle la sublimation du style ou sa négation ? Est- ce qu’elle contribuerait à l’évolution de la langue, du style, de la prosodie ?
Programme
Lundi 6 novembre
10 h | Salutations des autorités : Manuela Ceretta (Rectrice Univda), Représentant de la Région Vda, Elena Cattelino (Directrice Département SHS), Teresa Grange (Titulaire de la Chaire Senghor de la Francophonie à l’Univda)
10 h 20 | Andrea Schellino : Incorrigible poésie
10 h 30 | Luc Vigier : Aragon, Je n'ai jamais appris à écrire
10 h 45 – 12 h 45 | Séance I | Présidente : Federica Locatelli
10 h 50 - 11 h 15 | Luciano Pellegrini : Victor Hugo grammairien “à grands flots”, et en vers
11 h 20 - 11 h 45 | Grégoire Jacquemot : « J’ai fait de mauvais vers, c’est vrai : mais, Dieu merci ! Lorsque je les ai faits je les voulais ainsi. ». Musset et l’enjambement dans Les Contes d’Espagne et d’Italie.
11 h 50 – 12 h 15 | Hugues Marchal : Pour une histoire vice-versa
12 h 20 - 12 h 40 | Discussion
12 h 45 – 14 h 30 | Déjeuner
14 h 30 – 17 h 15 | Séance II | Président : Fabio Scotto
14 h 30 - 14 h 55 | Jean-Michel Gouvard : Baudelaire en escrimeur ou Jouer des chevilles pour avoir des pieds
15 h 00 - 15 h 25 | Henri Scepi : Verlaine et l'irrévérence du mineur
15 h 30 - 15 h 45 | Discussion
Pause café
16 h 00 - 16 h 25 | Monica Lucioni : « J’arrondis ma bouche et — j’exhale » : Jules Laforgue et l’incorrection visible
16 h 30 - 16 h 55 | David Evans: La crise de la virilité et le vers brisé chez Leconte de Lisle
17 h 00 - 17 h 15 | Discussion
Mardi 7 novembre
9 h 30 – 12 h 15 | Séance III | Président : Andrea Schellino
9 h 30 - 9 h 55 | Gérald Purnelle : Apollinaire incorrect ? De l'écart formel à la création de formes
10 h - 10 h 25 | Davide Vago : Louis Pergaud, poète ? L’incorrection, voie pour la prose
10 h 30 - 10 h 45 | Discussion
Pause café
11 h - 11 h 25 | Julien Zanetta : Quelques Hoquets de Léon-Gontran Damas
11 h 30 - 11 h 55 | Luca Bevilacqua : « Je contre » : Michaux, une poésie pour l’insubordination
12 h - 12 h 15 | Discussion
12 h 30 – 14 h | Déjeuner
14 h – 16 h | Séance IV | Président : Julien Zanetta
14 h - 14 h 25 | Françoise Gaillard : Comme Michel Deguy. La poésie est un mode de penser dont le procès essentiel pourrait être le comparatif.
14 h 30 - 14 h 55 | Patrick Suter : Incorrections poétiques, corrections politiques : Butor, Noël, Novarina
15 h - 15 h 30 | Fabio Scotto : L'imperfection est la cime, ou de la finitude chez Yves Bonnefoy
15 h 30 - 15 h 45 | Discussion
15 h 45 - 16 h | Clôture
Pour assister en distaciel : https://forms.gle/LZtz3Ge68iMT7xHz6