« La poésie wittigienne pulvérise le sens au profit d’une polysémie chaotique, elle fait voler en éclats les représentations du monde en nommant ce que la langue récuse, cette réalité presque invisible à force de silence qu’est le lesbianisme. »
Invitation au voyage à travers l’œuvre littéraire de Monique Wittig, ce livre nous embarque dans une passionnante exploration de ses textes de fiction, de L’opponax à Virgile, non. Il rend compte de la lutte amoureuse qu’elle livre au langage – matériau brut qu’elle travaille au corps pour faire advenir dans la réalité ce qui n’y a pas (encore) droit de cité. La convocation malicieuse et grave des grands récits du passé, les nombreux emprunts aux auteurs anciens, la pratique de la citation font des Guérillères une formidable épopée féministe, du Corps lesbien un Évangile selon Sappho, du Voyage sans fin le combat drôle et tragique d’une Quichotte féministe et lesbienne.
En soulignant la cohérence des textes et leur fragmentation, Catherine Écarnot met en évidence la passion poétique qui habite ces livres que Wittig concevait comme des « chevaux de Troie » : des machines de guerre destinées à fissurer la réalité pour y inscrire une subjectivité mouvante, échappée du continent noir de la féminité, rétive aux assignations de genre. Uniques et radicalement disruptives, les fictions ainsi créées ouvrent grands les chemins qui relient littérature et lesbianisme.
Publié pour la première fois en 2002, cet ouvrage, le premier consacré en Europe à l’œuvre witigienne, reparaît dans une nouvelle édition remaniée, actualisée et enrichie de nombreuses références aux études publiées depuis sa parution.
Agrégée de lettres modernes, enseignante de français, Catherine Ecarnot est l’autrice de la première thèse dédiée en France à l’écriture de Monique Wittig. Elle lui a consacré plusieurs articles et a beaucoup contribué à son retentissement actuel.