Ruptures de la citoyenneté
5, 6 et 7 octobre 2023
École Normale Supérieure, 45 rue d’Ulm, Paris 75005
Interroger les ruptures de la citoyenneté, c’est penser deux phénomènes distincts. La rupture est d’abord subie : elle est une marginalisation qui peut passer aussi bien par le rejet hors de toute citoyenneté que par des citoyennetés différenciées, offrant un statut restreint en pratique par l’inaccessibilité aux droits et libertés du citoyen et par les inégalités de fait. Elle est aggravée par les ébranlements qui secouent aujourd’hui toutes les catégories du politique : la catastrophe humaine (les défis écologiques et migratoires d’une ampleur sans précédent) et l’impuissance et la duplicité de l’état.
Mais la rupture de la citoyenneté peut s’entendre en un autre sens. Elle renvoie à toutes les personnes qui ne se reconnaissent pas ou plus dans le cadre de la citoyenneté tel qu’il leur est imposé. Elle prend alors la forme de mouvements comme les gilets jaunes, les ZAD et JAD, ou encore l’autonomie zapatiste, qui défient les institutions et procédures légales (comme le vote) dans lesquelles on entend ordinairement enfermer l’exercice de la citoyenneté. Cette seconde forme nous rappelle que la citoyenneté n’est pas une catégorie inerte, statique, clôturée dans des frontières définitives qui distribueraient une fois pour toutes les privilèges et les exclusions. Elle reste un concept ouvert sur la possibilité d’un mouvement, celui de la transformation et même de l’insurrection.
En ce sens, c’est précisément à l’articulation des deux formes de rupture qu’il faut s’intéresser, en tant que ces premières formes de rupture considérées comme intolérables peuvent être le vivier d’un mouvement de réinvention : c’est en exposant l’urgence d’une protestation que les premières sont le moteur des secondes. L’enjeu de ce colloque sera donc de partir de ce double-sens de la rupture, pour se demander si leur intrication ne vient pas constituer la rupture comme nouveau paradigme politique. On se demandera alors qui sont ces communautés en rupture, de quelle façon elles manifestent leurs existences politiques et éthiques. Quelle nouvelle politique pourrait permettre d’organiser la communauté et la cohabitation à l’intersection de ces deux formes de rupture ?
L’ambition de ce colloque sera à la fois descriptive et prospective : quelle brèche pour demain ?
Avec la participation de : Étienne Balibar, Naintara Maya Oberoi, Guillaume Le Blanc, Justine Brisson, Judith Revel, Hourya Bentouhami, Maria Galkina, Mohamed Amer Meziane, Alice Thibaud, Julie Beauté, Estelle Ferrarese, Jean-Bosco Kakozi Kashindi, María Bacilio, Adama Ouattara, Marc Crépon et Luc Dardenne.
Vous trouverez ci-dessous le lien vers le programme : https://www.translitterae.psl.eu/ruptures-de-la-citoyennete/
Le colloque sera clôturé par la projection du film Tori et Lokita de Jean-Pierre et Luc Dardenne, suivi par une discussion avec le réalisateur Luc Dardenne.
Membres du comité d’organisation : Marc Crépon, María Bacilio, Naintara Maya Oberoi et Alice Thibaud
Contact : rupturesdelacitoyennete@gmail.com