
Littérature et Relation. De l’appropriation aux nouveaux partages
Rio de Janeiro, les 12 et 13 septembre
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Argument du colloque, qui se tient en septembre à Rio, puis à Paris en janvier
Peut-on parler d’une dimension relationnelle de la littérature contemporaine ? Tout semble nous y inviter : l’autonomie de la littérature ne se pose plus dans les mêmes termes dans les différentes régions du monde et la littérature est plus souvent pensée comme une forme de relation, par la critique, les institutions, les écrivains. L’étude des émotions, de l’empathie, du care met l’accent sur cette capacité à penser le lien commun. C’est une façon aussi de déplacer la centralité de la culture occidentale, de combler la distance que l’humain a creusé avec l’environnement et les autres vivants ou même mettre en question l’opposition entre la nature et la culture, en prenant en compte d’autres cosmologies. En appelant à une réécriture relationnelle des vivants, la littérature semble mettre en place une politique de la relation, comme l’envisageait Edouard Glissant. Mais celui-ci rappelait en même temps que toute relation contient sa part de violence : le choc de la rencontre, qui conduit à la domination.
Sur le plan social, la littérature promeut aussi de nouvelles relations autour d’elles, sur les réseaux, par de nouveaux modes d’écritures collectives et d’interactions, dans des festivals, des ateliers d’écriture, des groupes de lecture. Elle dialogue de plus en plus avec les sciences sociales, qui lui empruntent des modèles et auxquelles elle emprunte à son tour des concepts et des pratiques. C’est là une autre relation qui se met à l’œuvre : dans le lien qui s’établit désormais entre la littérature et les autres formes de connaissance ; loin de devoir porter une parole différentielle, l’écrivain.e co-constuit ou complète les savoirs du journaliste, du scientifique, de l’écologue, du sociologue, avec lequel il ou elle collabore.
La proposition que notre colloque voudrait mettre à l’épreuve est celle-ci : ces diverses dimensions relationnelles actualisées par la production littéraire permettraient–elle de nommer une période littéraire « contemporaine » ? Peut-on leur donner une dimension suffisamment réflexive et politique pour mettre en cause des partages et des appropriations antérieures, pour mettre en œuvre une vraie politique de la relation et de repartage des voix ?