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Le devenir des études en littérature au défi d’une transmission intermédiale ? (Journée CUSO, Lausanne)

Le devenir des études en littérature au défi d’une transmission intermédiale ? (Journée CUSO, Lausanne)

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne

"Le devenir des études en littérature au défi d’une transmission intermédiale ?"

Les études littéraires "ne servent à rien" ? C'est pour battre en brèche ce soupçon tristement dans l'air du temps que nous organisons cette journée CUSO, comme la possibilité de se réunir entre praticien·ne·s pour interroger, non pas la validité d'un domaine de recherche, mais sa défense et sa justification dans un futur proche.

Conférencier(s)/animateur(s):

Sylviane Dupuis auteure, Université de Genève - Rudolf Mahrer & Raphaël Baroni, Université de Lausanne.

Organisateur(s)/trice(s)

Christine Le Quellec Cottier, Dre Irena Wyss & M. Arthur Brügger, Université de Lausanne

Le peintre P. Klee affirmait en 1920 que « l'art ne reproduit pas le visible, il rend visible » ; la formule est un point de départ stimulant pour envisager les pouvoirs de la littérature, ainsi que ses liens – à saisir, à découvrir, à révéler – avec un monde tangible dont la réalité n'est pas celle d'un effet de miroir. Cependant, quand une université anglaise, après une autre australienne, décide de suspendre sa filière de littérature en la noyant dans un cursus généraliste « écriture et linguistique » – au prétexte d'un nécessaire « alignement avec les demandes des étudiants et des employeurs » (Le Temps, 02.07.22) –, il vaut la peine d'interroger, non pas la validité d'un domaine de recherche, mais sa défense et sa justification dans un futur proche.

Cet air du temps – qui n'a en effet rien de fictionnel – impose-t-il de modifier l'image de nos recherches en littérature de langue française ? Quels arguments pour promouvoir et valoriser ce pan des humanités ? Faut-il établir une liste des « compétences » pour « vendre » ce domaine d'analyse et de recherche ? Quelles stratégies développer ?

Une approche viserait à associer très directement la lecture fine des textes à d'autres médias pour rester en phase avec des destinataires vivant désormais au rythme des images : cinéma, BD, performance vidéo, exposition virtuelle… Comment les études intermédiales (J. E. Müller, Uni Bayreuth & CRIALT, Uni. Montréal) peuvent-elles participer à revaloriser l'intérêt et le sens de notre discipline dans un contexte où sa légitimité est sans cesse remise en cause ? Faut-il associer cette approche à une recherche pointue, la thèse, en train de s'élaborer ? L'association à d'autres médias devient-elle un incontournable ? Quelles autres options de transmission ?

Ces questions concernent la place de la littérature dans notre société, selon deux approches qui se complètent : il s'agit à la fois de la littérature en tant que « part de la vie », élargissant un rapport au monde, mais aussi celle de sa transmission, donc de la didactique qui l'accompagne dans une logique institutionnelle, patrimoniale.

Ainsi sont associés deux orientations qui touchent tout·e chercheur·euse en littérature : nous voulons interroger les modalités renouvelées d'une présence de la littérature dans l'environnement culturel francophone actuel, mais aussi l'envisager quand il s'agit d'une recherche en situation de langue seconde. Quelles sont les modalités de réception de l'imaginaire fictionnel francophone au sein du public national, international, voire allophone ?

La journée vise à dresser un état des lieux et formuler des arguments, affiner des stratégies pour positionner et projeter vers l'avenir les études littéraires en langue française.

Programme prévisionnel

9h15-11h : Conférences
Interventions individuelles des conférenciers invités autour du sens de l'enseignement de la littérature (Sylviane Dupuis), du positionnement institutionnel face à ces questions de valorisation (Rudolf Mahrer) et de la place des études intermédiales dans l'enseignement (Raphaël Baroni).

11h30-12h15 : Speed dating
Échanges entre invités et doctorants pour tester des modes de transmission tenant compte de ce « défi » que nous présentons comme une option intermédiale, à prendre en compte pour la circulation et diffusion des travaux de recherche.

14h-16h30 : Atelier participatif
Séance de rédaction collective d'une lettre ouverte, à faire circuler dans la presse.

Bibliographie indicative :

Ursula Bähler et al. (dir.), À quoi bon la littérature ? Réponses à travers les siècles, de Rabelais à Bonnefoy, Paris, Classiques Garnier, 2019.

Raphaël Baroni, « Une perspective transmédiale sur la focalisation », Recherches, Revue de didactique et de pédagogie du français, n° 78, p. 9-44, 2023.

Raphaël Baroni & Gaspard Turin (dir.), « Enseigner la bande dessinée comme (de la) littérature », Transpositio, n° 4, 2021.

Raphaël Baroni, « Pour des concepts narratologiques intelligibles et utiles pour l'enseignement : schéma quinaire et focalisation en débat », Transpositio, n° 2, 2020.

Raphaël Baroni, « Pour une narratologie transmédiale », Poétique, n° 182, 2017, p. 155-175.

Yves Citton, Lire, interpréter, actualiser, Paris, Amsterdam, 2017 [2007].

Jérôme David, Mathias Ecoeur & Anne-Frédérique Schläpfer, « Justifier l'enseignement de la littérature », Transpositio, n° 1, 2017.

Sylviane Dupuis, « Pourquoi enseigner la littérature (et y croire encore) ? », Versants : À quoi bon l'enseignement de la littérature ?, (dir. Ursula Bähler et Thomas Klinkert), Genève, Slatkine, no 63, 2016, p. 47-58.

Sylviane Dupuis, Qu'est-ce que l'art ? 33 propositions, Genève, Zoé, 2013.

Sylviane Dupuis, « Que veut la littérature aujourd’hui ? », communication lue dans le cadre de la 40e Rencontre québécoise internationale des écrivains, Montréal, 2012.

Vincent Jouve, Pourquoi étudier la littérature ?, Paris, Armand Colin, 2010.

Virginie Nussbaum, « Le blues du "lettreux" », Le Temps du samedi 2 juillet 2022, p. 39.