Sous la direction de Catherine Courtet, Mireille Besson, Françoise Lavocat, François Lecercle.
Iphigénie victime d’une histoire déjà écrite, Schéhérazade retenant la violence par le désir du récit, Arlequin portant l’énergie de la révolte… Au temps où le rapport entre la fiction, le réel et le virtuel est bouleversé, ces figures nous apprennent à sortir des pièges narratifs, nous montrent comment la parole peut contenir la tyrannie et déjouer l’inévitable. Les récits servent à expliquer les catastrophes, à apprivoiser l’étrange, mais aussi à justifier les guerres.
Si les arts de raconter sont parfois au service de la peur et de la violence, ils rendent aussi possible un monde commun. La fiction du Droit a le pouvoir d’instituer le monde et de l’ordonner. Qu’elles racontent la féerie ou le quotidien, les fictions se nourrissent des mythes et les transforment sans cesse, traversant les cultures et les époques, modifiant nos sensibilités et notre perception de la réalité. S’interroger sur les formes et les usages de la fiction, c’est aussi questionner ce qui régule l’ordre du monde !
Dans ce dialogue entre les œuvres et les travaux de recherche, en histoire, en droit, en économie, en études littéraires ou théâtrales, en sociologie, en psychologie sociale ou cognitive, ce sont les forces respectives de description et de compréhension de la science et de la fiction qui se fécondent.
Ce volume a été coordonné par Catherine Courtet, responsable scientifique, Agence nationale de la recherche ; Mireille Besson, directrice de recherche, CNRS-Aix-Marseille Université ; Françoise Lavocat, professeure, Université Sorbonne Nouvelle ; François Lecercle, professeur émérite, Sorbonne Université.
Ouvrage disponible en libre accès…
Avec les contributions de Thomas Andrillon, Janet Beizer, Samantha Besson, Guillaume Blanc, María del Pilar Blanco, Carole Boidin, Grégoire Borst, Patrick Boucheron, Antonio A. Casilli, Simon Falguières, Massimo Fusillo, Irène Herrmann, Alison James, Enrico Medda, Arnaud Orain, Olivier Py, Kirill Serebrennikov, Anne Théron, Paola Tubaro, Georges Vigarello.
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Sommaire
Préface
Olivier PY, ancien directeur du Festival d’Avignon, Théâtre du Châtelet
Introduction
Catherine Courtet, Mireille Besson, Françoise Lavocat, François Lecercle
Il était une fois
Le théâtre comme espoir de réconciliation
Simon Falguières, metteur en scène (présente « Le nid de cendres » au Festival d’Avignon 2022)
L’en-Droit du monde
Samantha Besson, professeure, titulaire de la chaire Droit international des institutions, Collège de France & professeure de droit international public et de droit européen, Université de Fribourg (Suisse)
Dernières nouvelles de la peur
Patrick Boucheron, professeur, histoire, titulaire de la chaire Histoire des pouvoirs en Europe occidentale XIIIe-XVIe siècle, Collège de France
La spectralité et l’enchantement dans la littérature d’Amérique Latine
María del Pilar Blanco, professeure associée, littérature d’Amérique latine, Faculté de Langues médiévales et modernes ; The Oxford Research Centre in the Humanities (TORCH), Université d’Oxford (Royaume-Uni)
Fiction, féérie et réel
Le Moine Noir ou la vérité de l’absence
Kirill Serebrennikov, metteur en scène (présente « Le moine noir » d’après Anton Tchekhov au Festival d’Avignon 2002)
Halluciner le réel
Thomas Andrillon, chercheur à l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale), membre du Centre pour les pathologies du sommeil de l’Institut du cerveau (Hopital Pitié-Salpêtrière), chargé de recherche, Centre for Consciousness and Contemplative Studies, Monash University (Melbourne, Australie)
Le jardin perdu d’Afrique
Guillaume Blanc, maître de conférences, histoire contemporaine, Université Rennes 2, chercheur associé au Centre Alexandre-Koyré (UMR 8560) et à l’unité de recherche Les Afriques dans le monde (UMR 5115), membre junior de l’Institut universitaire de France (membre des projets CornAfrique – Ecrire l’histoire de la Corne de l’Afrique (XIIe-XXIe siècle) : textes, réseaux & sociétés – et Govenpro – L’histoire du gouvernement de l’environnement par la propriété – fin XVIIIe siècle-présent, Europe, États-Unis, mondes coloniaux et post-coloniaux – et coordinateur du projet PANSER – Patrimoine naturel aux suds : une histoire globale à échelle réduite – financés par l’ANR).
Les mondes possibles du fantastique : sur la multiplication du point de vue
Massimo Fusillo, professeur, littérature comparée et théorie littéraire, Université de L’Aquila Academia Europaea (Italie), président de l’Association Internationale de littérature comparée, Research Committee on Literature Arts Media (CLAM)
Raconter les êtres de l’ailleurs
Georges Vigarello, directeur d’étude EHESS
Changer d’histoires ?
L’ultime liberté d’Iphigénie
Anne Théron, metteuse en scène (présente « Iphigénie » de Tiago Rodrigues au Festival d’Avignon 2022)
Les Mille et Une Nuits : raconter pour ne pas mourir ?
Carole Boidin, maître de conférences, littérature comparée, Université Paris Nanterre
Inverser son destin : du mythe à la tragédie
Enrico Medda, professeur, langue et littérature grecques, Université de Pise (Italie), membre de l’Académie des Lyncéens de Rome
Faire la guerre au nom de la paix
Irène Herrmann, professeure, histoire contemporaine, Université de Genève (Suisse)
Raconter aujourd’hui
La folle impatience du théâtre
Olivier Py, auteur et metteur en scène, directeur du Festival d’Avignon (présente « Ma jeunesse exaltée » au Festival d’Avignon 2022)
Les mangeurs d’arlequins ou l’art d’accommoder les restes : fragments, collages, imaginaires
Janet Beizer, professeure, littérature française, titulaire de la chaire C. Douglas Dillon en Civilisation française, Département de langues et lettres romanes, Université d’Harvard (Etats-Unis)
Les merveilles économiques et la politisation d’Arlequin (France, années 1720)
Arnaud Orain, professeur, histoire de l’économie, Institut d’études européennes, Université de Paris 8 (membre du projet CONDOR – Inventaire analytique et matériel de la correspondance de Condorcet – financé par l’ANR)
Travail du clic, travail sans qualité ?
Antonio Casilli, professeur, sociologie, Telecom Paris (coordinateur du projet Hush – La chaîne d’approvisionnement humaine derrière les technologies intelligentes – financé par l’ANR) et Paola Tubaro, professeur, ENSAE-CREST
Fictions du quotidien
Alison James, professeure, Département de langues et lettres romanes, Université de Chicago (Etats-Unis)
Apprendre à penser par et contre soi-même, un enjeu pour résister aux fausses informations
Grégoire Borst, professeur, psychologie du développement et neurosciences cognitives de l’éducation, directeur du Laboratoire de psychologie du développement et de l’éducation de l’enfant (LaPsyDÉ – UMR CNRS 8240), Université Paris Cité (coordinateur du projet FakeAd – Détection de fausses informations de l’adolescence à l’âge adulte : de la compréhension des processus psychologiques impliqués à l’évaluation d’une intervention pédagogique en classe – financé par l’ANR)