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La représentation de l’espace dans les xénographies féminines de langue française

La représentation de l’espace dans les xénographies féminines de langue française

Publié le par Marc Escola (Source : Diana Mistreanu)

Appel à articles – Volume collectif

La représentation de l’espace dans les xénographies féminines de langue française
 
Les autrices translingues [1] écrivant en français et venant d’ailleurs constituent un corpus hétéroclite mais, comme le suggère Florence de Chalonge [2], elles ont souvent en commun de faire preuve d’une personnalité remarquable. Représentantes de la « xénographie féminine » [3], à savoir une production littéraire qui appartient à des femmes migrantes et qui se définit par la rencontre et la mise en scène de l’altérité, sous ses nombreuses manifestations (linguistiques, culturelles, artistiques, idéologiques, sexuelles, etc.), elles n’ont pas toujours reçu l’attention et la reconnaissance qu’elles méritent, même si leurs voix tout aussi vibrantes qu’audacieuses ont considérablement enrichi la scène littéraire des XXe et XXIe siècles – pensons à Shumona Sinha, née à Calcutta, à Ying Chen et Shan Sa, originaires de Chine, à la Hongroise Agota Kristof, à Elsa Triolet, Hélène d’Oettingen, Marie Skobtsova et Irène Némivorsky, nées toutes les quatre dans l’Empire russe, aux Iraniennes Chahdortt Djavann et Maryam Madjidi ou encore aux Japonaises Ryoko Sekiguchi et Aki Shimazaki, pour ne citer que quelques exemples. En outre, certaines écrivaines translingues ont récemment fait l’objet d’un travail de redécouverte – comme la Polonaise Anna Langfus, longtemps tombée dans l’oubli malgré l’obtention, en 1962, du Prix Goncourt pour son roman Les bagages de sable – alors que d’autres attendent toujours d’être relues – c’est le cas de la Lituanienne Ugné Karvelis, à qui nous devons la diffusion, en France, de l’œuvre de certains des plus grands écrivains latino-américains, lituaniens ou translingues du siècle dernier, mais dont la production littéraire personnelle est restée jusqu’à nos jours peu explorée par la critique.

Peu ou prou connues, les xénographies féminines, en raison de leur multiple filiation culturelle et linguistique, entraînent de nouvelles façons de penser les relations entre les différents espaces et identités qui constituent notre monde. Nous invitons ainsi les chercheuses et chercheurs qui s’intéressent à la production féminine translingue à explorer ce vaste corpus à travers le filtre de la représentation littéraire de l’espace, qui constitue une des lignes directrices de la création littéraire de ces autrices pour lesquelles le roman global, qui met en scène des espaces éloignés mais étroitement liés et problématise l’actualité politique, sociale, scientifique et climatique [4], est un genre de prédilection. En effet, l’espace traverse ce corpus sous une multitude de formes, du locus hostilis, fui ou traumatisant, ou encore du locus amoenus rêvé aux univers intérieurs et mentaux des personnages. Cela pose des questions qui concernent le rapport entre l’espace social et l’espace intime, les manifestations littéraires des « tyrannies de l’intimité » – pour emprunter cette expression au sociologue américain Richard Sennett [5], la présence d’espaces privilégiés et celle d’espaces dévalorisés, le rapport entre l’espace et l’expérience individuelle, l’identité féminine, le corps, les fluctuations affectives et le devenir des personnages, ou encore les liens entre l’illustration de l’espace et les aspects narratologiques, esthétiques, stylistiques et cognitifs évoqués dans les textes. Les riches espaces, souvent cosmopolites, du monde diégétique des xénographies féminines de langue française peuvent être analysés à travers de nombreux travaux théoriques et méthodologiques, dont l’écopoétique, l’écoféminisme, et l’éconarratologie, mais aussi les études littéraires cognitives ou les humanités médicales peuvent constituer de stimulantes pistes de réflexion, sans que leur liste soit exhaustive.
 
Références bibliographiques :
 
1.       Ausoni, Alain (2018) : Mémoires d’outre-langue. L’écriture translingue de soi, Genève : Slatkine Érudition.
2.      De Chalonge, Florence (2020) : « Le roman des romancières. 1914-1980 », in : Martine Reid (éd.) : Femmes et littérature. Une histoire culturelle, II. XIXe-XXIe siècle. Francophonies, Paris : Gallimard, 263-376.
3.      Amieiro, Alfaro, Stéphane Sawas et Ana Belén Soto Cano (éds.) (2019) : Xénographies féminines dans l’Europe d’aujourd’hui, Bruxelles : Peter Lang.
4.      Kirsch, Adam (2017) : The Global Novel. Writing the World in the 21st Century, New York : Columbia Global Reports.
5.      Sennett, Richard (1979) : Les tyrannies de l’intimité, Paris : Seuil, trad. de l’anglais par Antoine Berman et Rebecca Folkman.


 
Modalités de soumission d’une proposition :

Les propositions de communication ne devront pas dépasser 300 mots et seront accompagnées d’une notice bio-bibliographique d’environ 150 mots.

Elles seront envoyées par email au format Word à marina.hertrampf@uni-passau.de avant le 15 juin 2023.

Calendrier :
-date limite de la soumission de la proposition : le 15 juin 2023 ;
-notification d’acceptation : avant le 30 juin 2023 ;
-date limite de la soumission de l’article : le 1er novembre 2023.

Coordinatrices : Prof. Dr. Marina Ortrud M. HERTRAMPF (Université de Passau, Allemagne) et Dr. Diana MISTREANU (Université de Szeged, Hongrie-Université de Passau, Allemagne).