Sarah Delale, Élodie Pinel, Marie-Pierre Tachet font tout Pour en finir avec la passion (éd. Amsterdam) : elle serait "le masque sous lequel se dissimulent toutes sortes d’abus : des manipulations constitutives de la séduction aux situations d’emprise, des dynamiques de harcèlement aux crimes dits passionnels". L'ouvrage entend montrer "comment l’identification des actes des protagonistes d’œuvres littéraires à l’expression d’une "passion" permet d’occulter la question du consentement, celle des rapports de domination et, plus largement, les violences physiques et psychologiques que subissent les femmes". Il souligne "la dimension idéologique de l’approche esthétisante des œuvres qui, sous couvert de s’opposer à la cancel culture, passe sous silence le bafouement de la dignité humaine mis en récit". De Dom Juan à La Princesse de Clèves, des écrits de Choderlos de Laclos à ceux de Marguerite Duras et d’Annie Ernaux, les autrices observent l’évolution des conceptions culturelles et littéraires dans la société française, et interrogent les raisons pour lesquelles l’amour y demeure indissociable de la souffrance.
(Illustr.: Gérard Philipe et Micheline Presle dans Le Diable au corps de Claude Autant-Lara, 1947, d'après le roman de Raymond Radiguet, 1923)